L’aviation russe intercepte un Atlantique 2 de la Marine nationale en le confondant avec un avion italien
En octobre 2015, Moscou affirma qu’un Rafale français avait intercepté d’une manière jugée dangereuse l’avion qui emmenait Sergueï Narychkine, le président de la Douma [chambre basse du Parlement russe] à Genève. Sauf qu’aucun appareil de l’armée de l’air ne pouvait être incriminé dans cette action… Pour la simple et bonne raison que l’interception en question avait été réalisée par un F/A-18 Hornet suisse.
Qu’un responsable politique, aussi important soit-il, ne sache pas faire la différence entre un Rafale français et F/A-18 Hornet suisse, peut se comprendre… Encore que, il faut y mettre du sien pour confondre les cocardes, celles d’un avion suisse [une croix blanche sur fond rouge] étant facilement reconnaissable…
Mais que dire de l’erreur grossière que vient de commettre le ministère russe de la Défense? En effet, ce denrier a indiqué qu’un Su-27 « Flanker » a décollé en alerte, le 16 août, pour identifier un avion qui, évoluant dans l’espace aérien international en mer Noire, s’approchait de la frontière russe.
Le Su-27 « s’est approché de l’avion à une distance de sécurité et l’a identifié comme étant un avion de patrouille Atlantic de la marine italienne », a affirmé le ministère de la Défense, dont le communiqué a été repris par plusieurs agences de presse et journaux russes.
Le problème est que la Marine Militare a retiré de son inventaire ses 18 avions de patrouille maritime Atlantic en… septembre 2017. Et cela après 45 ans de service [et 260.000 heures de vol].
Ces appareils ont depuis été partiellement remplacés par des P-72A [des ATR-72A dotés du système de mission ATOS, du radar Selex ES Seaspray 7300, d’une tourelle électro optique Star Safire HD et d’une suite de guerre électronique Elettronica ELT800V2]. Cependant, les performances de ces derniers ne sont pas du même niveau que celles des Atlantic, notamment au niveau de l’autonomie et des capacités de lutte anti-sous-marine.
Quoi qu’il en soit, le Su-27 Flanker n’a donc pas pu intercepter un avion qui n’est plus en service au sein des forces italiennes. D’ailleurs, plus aucun Atlantic n’est actuellement opérationnel, sauf, peut-être, au Pakistan. En revanche, la Marine nationale met en oeuvre son successeur, l’Atlantique 2… D’où la confusion.
En effet, un avion de ce type a récemment été envoyé par la Marine nationale en Roumanie, il a d’ailleurs pris part aux cérémonies organisées le 15 août pour le 160e anniversaire de la création de la marine roumaine. En outre, il n’est pas impossible que cet appareil en ait profité pour réaliser quelques missions dans la région de la mer Noire, comme cela s’est déjà vu par le passé.
Pour rappel, la Marine nationale doit diposer, à terme, de 18 Atlantique 2 portés au standard 6, soit des avions dotés d’un radar à antenne active [le Searchmaster de Thales], d’un interrogateur IFF TSA2542, d’un sous-système de traitement acoustique numérique de dernière génération [STAN] et du nouvelle version du logiciel de mission LOTI [Logiciel Opérationnel de Traitement de l’Information].
Conçu pour la patrouille maritime et la lutte anti-navire, l’Atlantique 2 est régulièrement engagé pour des missions de coordination d’autres avions [SCAR-C pour Strike coordination and reconnaissance – coordinator] et d’évaluation des frappes aériennes [Battle Damage Assessment]. Il est en mesure de détruire des cibles terrestres, avec des bombes à guidage laser GBU-12.
Photo : Marine nationale