Faisant fi de l’Union européenne, la Turquie annonce une extension de ses forages en Méditerranée orientale

Alors que les tensions vont crescendo en Méditerranée orientale après la décision d’Ankara de relancer ses activités de recherche d’hydrocarbures – sous protection militaire – dans des zones maritimes revendiquées par la Grèce et la République de Chypre, les ministres des Affaires étrangères des 27 pays membres de l’Union européenne ont appelé, le 14 août, la Turquie à une « désescalade immédiate » et à reprendre le dialogue, tout en exprimant leur solidarité à Athènes.

Dans cette affaire, la Grèce et Chypre, membres de l’Union européenne, peuvent compter sur le soutien de la France. La semaine passée, deux avions Rafale, de la 4e Escadre de chasse, ont été brièvement déployés dans la région [à Paphos, puis en Crète] tandis que le porte-hélicoptères amphibie Tonnerre, en route vers le Liban, et la frégate La Fayette ont pris part à un exercice d’opportunité avec la marine grecque. Et ce n’est sans doute pas fini, le prédident Macron ayant promis un renforcement « temporaire » de la présence militaire française en Méditerranée orientale, « en coopération avec les partenaires européens. »

En outre, le Haut représentant de l’Union pour les Affaires étrangères et la politique de sécurité, Josep Borrell, doit proposer, d’ici la fin août, des « mesures adéquates afin de répondre aux défis posés par la Turquie. » Mesures qui, si elles sont jugées pertinentes, devront être adoptées à l’unanimité pour être appliquées.

Quoi qu’il en soit, le président turc, Recep Tayyip Erdogan, n’en a cure. « Sur cette question, notre pays a entièrement raison et nous allons défendre nos droits en utilisant tous les moyens à notre disposition », a-t-il déclaré, lors d’un discours télévisé, le 15 août. « Nous ne reculerons pas devant les sanctions et les menaces », a-t-il insisté, avant de s’en prendre à la Grèce, qu’il a accusée, d’avoir pris des mesures « qui ressemblent à du terrorisme d’État. » Et d’ajouter, sans donner de précisions : « Il y a des attaques contre nos mosquées et nos écoles. »

Et, loin d’apaiser les tensions, Ankara a annoncé dans la foulée une extension de ses activités de prospection, via l’édition d’une nouvelle notice maritime [NAVTEX]. Ainsi, cette dernière indique que le navire de forage Yavuz, déjà déployé au large de Chypre depuis plusieurs mois, poursuivra ses recherches au sud-ouest de l’île [donc, dans la zone économique exclusive chypriote] à partir du 18 août et jusqu’au 15 septembre. « Nous déconseillons fermement de se rendre dans la zone de recherche », met en garde le document.

En outre, via les réseaux sociaux, le ministère turc de la Défense a publié des photographies montrant la frégate TCG Kemalreis accompagner, dans le cadre de l’opération « Bouclier de la Méditerranée », le navire sismique Barbaros Hayrettin Pasa, lequel navigue actuellement entre le nord-est de la République de Chypre et les côtes libanaises. Et de préciser que la frégate a profité de l’occasion pour prendre part à un exercice avec la garde-côtière de la République turque de Chypre Nord [RTCN].

La page Twitter de la Défense turque fait également état d’un exercice avec une corvette roumaine en mer Noire ainsi que d’une mission de « réassurance » réalisée par un E-3A AWACS de l’Otan depuis la base de Konya.

Quoi qu’il en soit, l’UE a vivement réagi aux dernières annonces faites par Ankara. Via un communiqué, M. Borrell a en effet estimé que ces dernières allaient accroître « regrettablement les tensions et l’insécurité » en Méditerranée orientale et « saper les efforts pour reprendre le dialogue et les négociations. »

« J’appelle les autorités turques à mettre fin immédiatement à ces activités et à s’engager pleinement et de bonne foi dans un large dialogue avec l’Union européenne », a-t-il conclu.

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