Les États-Unis ont saisi du pétrole iranien destiné au Venezuela

Bien que disposant d’importantes réserves pétrolières, le Venezuela du président Nicolas Maduro est contraint d’importer du carburant, les capacités de raffinage de l’industrie vénézuélienne s’étant effondrée. Et ce pays s’est donc tourné vers l’Iran pour satisfaire ses besoins en pétrole.

Seulement, en raison des sanctions décrétées par les États-Unis à l’encontre de l’économie iranienne et du soutien de Washington à l’opposition vénézuélienne, Caracas et Téhéran ont mis en garde contre toute tentative américaine visant à empêcher les livraisons de carburant, notamment par la force. Et cela alors que l’US Navy a renforcé ses patrouilles en mer des Caraïbes.

En mai, cinq tankers chargés de pétrole iranien finirent par arriver au Venezuela, sous la protection des forces armées vénézuéliennes, et sans être inquiétés par la marine américaine, cette dernière s’étant contenté d’envoyer les destroyers USS Nitze et USS Pinckney dans une zone revendiquée « abusivement » [selon Washington] par Caracas, au cours de deux opérations distinctes de type FONOP [liberté de navigation].

Mais ces premières livraisons étant insuffisantes au regard des besoins du Venezuela, d’autres devaient suivre. Seulement, Caracas risque de les attendre pendant longtemps.

En effet, le 14 août, le département américain de la Justice [DoJ] a confirmé une information du Wall Street Journal selon laquelle les États-Unis venaient de saisir, en vertu d’une « ordonnance de confiscation », les cargaisons des pétroliers M/T Bella, M/T Bering, M/T Pandi et M/T Luna, lesquels devaient se rendre au Venezuela pour y livrer, au total, 1,16 million de barils de pétrole iranien, pour le compte du Corps des gardiens de la révolution, considéré comme étant un organisation terroriste par Washington.

Ces saisies ont été faites avec « l’aide des partenaires étrangers », a indiqué le DoJ, sans donner de précision géographique. Cependant, le président Trump a indiqué que les pétroliers concernés se trouvaient désormais à Houston [Texas]. Les bénéfices que tirera le gouvernement américain de la vente de ce pétrole iranien seront affectés à un fonds d’aide aux victimes du terrorisme « au lieu d’aller à ceux qui commettent des actes terroristes, comme les Gardiens de la Révolution. », a indiqué Morgan Ortagus, la porte-parole du département d’État.

Par ailleurs, l’US Navy n’a, a priori, pas eu à intervenir. En effet, selon l’Associated Press, qui cite des responsables américains, la « force militaire n’a pas été utilisée et aucun des navires n’a été arraisonné ». En revanche, des pressions ont été exercées sur leur propriétaires ainsi que sur leurs assureurs, avec des menaces de sanctions à la clé.

Selon le DoJ, la saisie de ces cargaisons serait à l’origine de l’interception, par la marine iranienne, du pétrolier M/T Wila, le 12 août.

« Après la mise en oeuvre de l’ordre de saisie américain, la marine iranienne a arraisonné un navire étranger à l’affaire, dans une tentative apparente de récupérer le pétrole confisqué, mais elle n’y est pas parvenue », a-t-il en effet expliqué.

Quoi qu’il en soit, l’ambassadeur iranien au Venezuela, Hojat Soltani, a dénoncé « encore un autre mensonge et une guerre psychologique » de la part des États-Unis. « Les navires ne sont pas iraniens et ni le propriétaire ni le drapeau n’ont quoi que ce soit à voir avec l’Iran », a-t-il assuré, via Twitter.

Par ailleurs, au Conseil de sécurité des Nations unies, les États-Unis ont échoué a faire adopter une résolution visant à prolonger l’embargo sur les ventes d’armes à l’Iran, lequel expire en octobre prochain. Seulement deux pays ont voté pour et 11 autres, dont la France, le Royaume-Uni et l’Allemagne se sont abstenus.

Mais même si le résultat avait été différent, cela n’aurait rien changé à l’affaire : la Chine et le Russie, qui ont l’intention de vendre des armes à Téhéran auraient sorti leur veto en leur en leur qualité de membres permanents.

Photo : DoJ

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