Pour faire face à la Chine, Taïwan envisage d’augmenter ses dépenses militaires de 10% en 2021

Depuis quelques temps, les pressions diplomatiques et militaires ainsi que les mises en garde se multiplient : tôt ou tard, estime-t-on à Pékin, la Chine et Taïwan seront réunifiées, que ce soit pacifiquement ou par la force.

« Si la possibilité d’une réunification pacifique échoue, l’Armée populaire de libération prendra, avec l’ensemble du pays – y compris le peuple de Taïwan – toutes les mesures nécessaires pour briser résolument tout complot ou action séparatiste », a en effet récemment déclaré le général Li Zuocheng, le chef du département d’état-major interarmées de l’Armée populaire de libération [APL].

Dans le même temps, et depuis que Donald Trump est à la Maison Blanche, les États-Unis prennent leurs distances avec le concept de « Chine unique », auquel ils ont adhéré après avoir officiellement reconnu la République populaire de Chine et revu leurs relations avec Taipei dans le cade du « Taïwan Relations Act », adopté en 1979.

Plusieurs signaux allant dans ce sens ont été émis par Washington. En juin, des forces spéciales américaines ont participé à un entraînement conjoint avec leurs homologues taïwanaises, qui plus est à Taïwan. Et elles l’ont fait savoir, ce qui ne se faisait pas jusqu’alors. Le 11 août, le secrétaire américain à la Santé, Alex Azar, s’est rendu à Taipei pour une visite officielle… Ce qui ne s’était plus vu depuis plus de quarante ans. Et Pékin a salué cet événement à sa manière, c’est à dire en envoyant des avions de combat au-délà de la ligne médiane du détroit de Taïwan.

Reste que Taïwan craint d’être le « prochain Hong Kong », qui vient d’être remis au pas par Pékin, à la faveur d’une loi sur la sécurité nationale ayant réduit l’autonomie dont bénéficiait cette ancienne colonie britannique depuis sa rétrocession à la Chine, en 1997.

« Notre vie quotidienne est de plus en plus difficile alors que la Chine continue de faire pression sur Taïwan pour que nous acceptions ses conditions politiques, des conditions qui feront de Taïwan le prochain Hong Kong », a déclaré, le 11 août, Joseph Wu, le ministre taïwanais des Affaires étrangères. Il avait dit la même la chose en juillet, après avoir évoqué une « intensification » des activités militaires « menaçantes » de la Pékin dans les environs de l’ex-Formose.

Aussi, dans ce contexte, il n’est guère surprenant de voir les dépenses militaires taïwanaises progresser. Ce sera effectivement de nouveau le cas l’an prochain, avec un budget de la Défense annoncé en hausse de +10,2%, pour s’établir à près de 13 milliards d’euros, après une progression de +7% environ pour celui de cette année.

Un tel niveau de dépense aurait dû être atteint en 2027, dans le cadre d’une programmation militaire devant s’étaler sur une période de 10 ans. Mais cette hausse s’explique par l’ajout d’un « budget spécial » et de « fonds spéciaux » pour financer l’achat de 66 avions F-16 « Viper » auprès des États-Unis, pour 8 milliards de dollars. Il est aussi question pour Taipei de se procurer des mines navales ainsi que des missiles de croisière pour assurer sa défense côtière, l’objectif étant de dissuader une opération amphibie chinoise.

« Avec 352,3 milliards de TWD prévus dans le budget ordinaire de l’Etat, la défense représente le troisième poste, en hausse de 4,4%. En y ajoutant les budgets spéciaux destinés à l’achat d’équipements militaires ou encore la rénovation des baraquements militaires, ce sont 453,4 milliards de TWD qui iront à la défense, soit 2,4% du produit intérieur brut estimé pour cette année. Ainsi, au total, les budgets alloués à la défense progresseront en 2021 de plus de 10% par rapport à 2020 », explique en effet Taïwan Info.

« L’augmentation régulière du budget de la défense facilite la mise en œuvre de diverses tâches de construction de nos capacités militaires et de préparation de guerre tout en permettant d’assurer la sécurité nationale ainsi que la paix et la stabilité régionales », a fait valoir le ministère taïwanais de la Défense.

Photo : Mirage 2000 de la force aérienne taïwanaise

Conformément à l'article 38 de la Loi 78-17 du 6 janvier 1978 modifiée, vous disposez d'un droit d'accès, de modification, de rectification et de suppression des données vous concernant. [Voir les règles de confidentialité]