Soutenue par le ministère des Armées, une innovation donne l’espoir de guérir les grands brûlés
En 2018, à l’occasion du Forum Innovation Défense, il avait été question du projet « BLOC-PRINT », qui devait permettre de soigner les grands brûlés en ayant recours à… l’impression 3D, en ayant recours à bras robotisé afin d’éviter les complications opératoires. Une telle innovation ne peut qu’intéresser le Service de santé des armées [SSA].
Lancée en 2017, pour une durée de 36 mois, dans le cadre d’un appel à projet du dispostif d’Accompagnement spécifique des travaux de recherche et d’innovation défense [ASTRID], l’étude BLOC-PRINT vise à développer une technique de chirurgie reposant sur la bio-impression 3D afin de pouvoir reconstituer et de greffer de la peau à des des personnes gravement brûlées.
Coordonné par le Dr Christophe Marquette, directeur de recherche au CNRS, et conduit par la start-up LabSkin Creations, la plateforme 3d.FAB de l’Université de Lyon, le laboratoire IMOPA [Ingénierie Moléculaire et Physiopathologie Articulaire] et les Hospices Civils de Lyon, ce projet a donné des résultats très encourageants. Mieux même : il a permis une première mondiale.
Comme le souligne l’Agence de l’Innovation de Défense [AID], traiter des personnes par traumatisme, victimes d’explosions et de brûlures est encore un « défi médical » de nos jours, même si des progrès ont été réalisés en matière de réanimation et de prise en charge des patients. Seulement, le souci est que, face à un blessé présentant des brûlures sur plus 60% du corps, il est très compliqué de trouver de la peau saine pour pratiquer une greffe.
En effet, explique l’AID, la technique « de référence du traitement de la brûlure profonde et étendue reste le prélèvement de peau saine provenant de son propre organisme que l’on greffe sur les zones brûlées. Seulement, pour les personnes brûlées sur plus de 60% de leur surface corporelle, les surfaces saines ne sont pas suffisantes pour le recouvrement immédiat et permanent de toutes les zones brûlées ».
D’où le concept de BLOC-PRINT, qui vise à recréer de la peau complète [derme et épiderme] à partir des cellules d’un patient grâce à la bio-impression 3D.
Selon les chercheurs Fabien Guillemot, Vladimir Mironov et Makoto Nakamura, « l’utilisation de procédés de fabrication numérique permettant d’organiser et d’assembler en 3D les constituants des tissus biologiques dans le but de produire des greffons pour la médecine régénératrice ou des modèles physiologiques pour la recherche biomédicale. »
Ainsi, BLOC-PRINT a donc recours à cette technologie pour créer de nouveaux tissus biologiques à partir des cellules du patient afin de les utiliser comme greffons autologues [provenant de l’hôte à greffer, ndlr]. « La bioimpression in vivo utilise un bras robotique équipé d’une tête de bioimpression afin de parfaitement combler la brûlure », précise l’AID. Ce bras s’adapte à la morphologie du patient ainsi qu’à la topologie de ses brûlures.
Concrètement, dans un premier temps, à partir des données d’imagerie du patients, les tissus biologiques sont « conceptualisés » par ordinateur. Puis, une bioencre [cellules vivantes en suspension dans un liquide, ndlr] est élabirée.
Puis, les paramètres d’impression étant programmés sur la bio-imprimante 3D, les tissus sont « conçus » couche par couche, « à l’aide d’automates, qui reproduisent les motifs conçus par ordinateur en extrudant l’encre biologique. » Enfin, détaille l’AID, la « dernière étape consiste en la maturation du tissu imprimé. Les cellules s’auto-organisent jusqu’à faire émerger des fonctions biologiques spécifiques. En une dizaine de jours, la peau se reconstitue par elle-même. »
L’étude BLOC-PRINT a ainsi obtenu ses premiers succès dans la mesure où il a pu être démontré qu’il est possible d’élaborer une bioencre implantable permettant la reconstruction de peau in vivo. Reste à transformer l’essai lors d’une étude clinique chez l’homme.
« Ce projet représente donc un nouveau paradigme dans le domaine de la médecine réparatrice ainsi qu’un nouvel espoir pour les victimes de traumatologie avec la possibilité d’une reconstruction sur mesure, rapide et autologue des tissus cutanés », souligne l’AID.
En outre, il ouvre d’autres possibilités, comme celle consistant à reproduire des organes plus complexes [cartilages, vaisseaux sanguins, etc], voire des os en céramique.