Pêche illégale : La marine équatorienne surveille une importante flottille chinoise près des Galapagos
Les autorités équatoriennes ont beau exprimer leurs inquiètudes, voire leurs préoccupations auprès de Pékin. Rien n’y fait. Depuis plusieurs années, des centaines de bateaux de pêche chinois sont recensés dans les environs de la réserve marine de l’archipel des Galapagos.
Ce phénomène fut mis en lumière en août 2017, quand la marine équatorienne [Armada del Ecuador] parvint à arraisonner dans les eaux des Galapagos le Fu Yuan Yu Leng 999, un navire chinois dont les congélateurs contenaient 300 tonnes de poissons, dont certaines espèces protégées, comme le requin-marteau. Une amende de 6 millions de dollars a été infligées au propriétaire du bâtiment, qui a en plus été confisqué, et son capitaine a été condamné à 4 ans de prison.
Pour autant, cet épisode ne mit pas un terme à la présence des flottilles de pêche chinoises. L’année suivante, environ 300 bateaux furent repérés près de l’archipal. Même chose en 2019, au point que le président équatorien, Lenín Moreno, évoquant des « pratiques déprédatrices inacceptables », ordonna le déploiement de moyens militaires et demanda à son ministre des Affaires étrangères de convoquer « immédiatement » l’ambassadeur de Chine en poste à Quito.
Et l’histoire se répéte encore cette année. Mi-juillet, la marine équatorienne a en effet signalé la présence de 260 bateaux de pêche à proximité des 130.000 km2 qui constituent la réserve maritime des Galapagos. « Nous avons parlé avec nos amis chinois du malaise important que cela génère pour l’Equateur », a déclaré Luis Gallegos, le chef de la diplomatie équitorienne, lors d’un entretien à Radio Centro, la semaine passée.
« La flotte de pêche internationale est hors de la zone économique exclusive [des Galapagos] et la préoccupation vient du fait qu’elle puisse y pénétrer ou s’y infiltrer », a expliqué Oswaldo Jarrin, le ministre équatorien de la Défense. Et d’ajouter : « Tous les pays de la région sont inquiets de la présence de cette flotte chinoise composée de chalutiers, mais pas seulement. Il y a aussi des pétroliers, des navires usines, des navires logistiques qui couvrent et peuvent facilement pêcher sur une surface de plus de 30.000 km2, équivalente à nos provinces de Guayas, El Oro, Santa Elena et Los Rios ».
En réalité, il est compliqué pour l’Armada del Ecuador d’intervenir. Ayant, par ailleurs, des moyens comptés, avec seulement cinq corvettes, deux frégates et quelques patrouilleurs, la flottille de pêche chinoise se tient à distance des eaux qu’elle surveille.
« Il y a une zone économique exclusive pour l’Équateur continental et une autre pour l’archipel des Galapagos. Entre les deux se trouve un grand couloir d’eaux internationales où les navires chinois ont le droit de se trouver et sur lesquelles aucun pays, y compris l’Équateur, n’a de juridiction », a ainsi souligné M. Jarrin. Mais, de son côté, Roque Sevilla, ancien maire de Quito, a fait valoir que la « pêche chinoise incontrôlée juste au bord de la zone protégée ruine les efforts de l’Équateur pour protéger la vie marine des Galapagos. »
Le 2 août, les États-Unis ont apporté leur soutien à l’Equateur dans cette affaires.
« Nous appuyons fermement les efforts de l’Equateur pour garantir que les navires sous pavillon chinois ne se livrent pas à de la pêche illégale, non déclarée et non réglementée », a en effet déclaré Mike Pompeo, le chef de la diplomatie américaine. Ces bateaux naviguent « près de l’importante réserve maritime des Galapagos, […] pêchant des requins menacés d’extinction pour leurs ailerons, de même que beaucoup d’autres espèces protégées », a-t-il observé. Aussi, a-t-il continué, « il est plus important que jamais que la communauté internationale défende l’état de droit et insiste sur une meilleure gestion de l’environnement de la part de Pékin. »
Cela étant, ce problème ne se pose pas qu’à Équateur. Chaque année, la Chine pêche jusqu’à 15 millions de tonnes de poissons, grâce à une flottille de 3.400 navires. Et sans toujours avoir les autorisations pour le faire. Ainsi, il est estimé que la pêche illégale [qui n’est pas seulement le fait des pêcheur chinois] coûterait plus de 2 milliards de dollars à l’Afrique de l’Ouest, en plus de priver les pêcheurs locaux de leurs moyens de subsistance.
L’ONG Greenpeace avait ainsi constaté, en 2018, 16 cas de pêche illégale impliquant 12 navires battant pavillon chinois ou appartenant à des entreprises chinoises en 26 jours de navigation danes les eaux guinéennes.
Quoi qu’il en soit, le président équatorien entend battre le rappel des autres pays potentiellement concernés, c’est à dire ceux ayant une façade sur l’ocean Pacifique, comme la Colombie, Panama, le Costa Rica, le Pérou et le Chili, pour établir une « position commune et régionale sur ce type de menace. »
Mais d’autres pays sud-américains sont aussi aux prises avec les flottilles de pêche chinoises. Tel est le cas de l’Argentine, où les calamars de l’Atlantique-Sud sont particulièrement prisés. Ces dernières années, la marine argentine a été contrainte à effectuer des tirs de semonce pour éloigner les navires chinois. Et, en 2016, l’un d’eux a même été coulé au large de la péninsule de Valdès.