Boeing et Mitsubishi ont signé un premier contrat pour faire du F-15J japonais un « super intercepteur »

Les pilotes de chasse des Forces aériennes d’autodéfense japonaises n’ont guère le temps de s’ennuyer. Durant la dernière fiscale [qui se termine au 31 mars au Japon, ndlr], ils ont décollé à 947 reprises pour identifier des avions militaires chinois [pour 675 cas] ou russes s’approchant de l’espace aérien nippon. Cette activité n’est pas inhabituelle : elle a même été moins importante qu’en 2019 [999 interceptions], un record ayant été atteint en 2017, avec 1.168 sorties.

Pour moderniser ses forces aériennes, le Japon mise sur le F-35, l’avion de 5e génération développé par Lockheed-Martin. Un premier lot de 42 appareils entre progressivement en service. Et il est question d’une nouvelle commande de 105 exemplaires, dont 42 de la version STOVL [décollage court/atterrissage vertical].

Seulement, le F-35 n’est pas un avion de supériorité aérienne comme peuvent l’être le F-22 [que Tokyo a vainement tenté d’acquérir] ou le F-15, dont 200 exemplaires sont actuellement mis en oeuvre par la Force aérienne d’autodéfense japonaise.

D’où l’idée d’en moderniser une partie, dans le cadre d’un programme évalué à 4 ,5 millards de dollars. En octobre 2019, l’administration américaine a donné son feu vert à une tel projet, visant à transformer 98 F-15J/DJ en « Japanese Super Interceptor » [JSI]. À noter que l’US Air Force a des intentions similaires, avec un contrat récemment attribué à Boeing pour la livraison de 144 F-15 EX, une version « musclée » de l’actuel F-15E Strike Eagle.

Dans le détail, le F-15 « Japanese Super Interceptor » sera équipé d’un radar à antenne active [AESA] multimode AN / APG-82(v)1 de Raytheon, du nouvel ordinateur de missions Honeywell Advanced Display Core Processor II, d’un système GPS « anti-spoofing », d’une radio de bord de dernière génération ainsi que d’une suite de guerre électronique AN/ALQ-239.

Le 28 juillet, Boeing a indiqué avoir signé un accord avec le constructeur et Mitsubishi Heavy Industries [MHI] dans le cadre de ce programme. L’industriel américain va ainsi livrer à son partenaire japonaise les plans de modernisation, des équipements pour le soutien au sol ainsi que la documentation technique pour la mise à niveau de deux premiers F-15J vers la configuration « Japan Super Interceptor ».

« Avec cet accord, Boeing est honoré de poursuivre sa longue tradition de soutien au ministère japonais de la Défense, à Force aérienne d’autodéfense japonaise et à MHI », a commenté Will Shaffer, président de Boeing Japon. « Ces mises à niveau fourniront une capacité critique d’autodéfense nationale et collective, pour laquelle le F-15J joue un rôle clé. Dans le même temps, elles offriront à MHI et à nos partenaires de l’industrie aérospatiale japonaise l’opportunité d’améliorer leurs propres capacités d’ingénierie », a-t-il ajouté.

Pour le moment, rien n’a été dit au sujet de l’armement que mettra en oeuvre ce F-15 modernisé.

Par rapport aux versions précédentes, le F-15EX destiné à l’US Air Force aura des capacités accrues dans ce domaine, avec 12 points d’emport certifiés pour de des missiles air-air et de 15 points d’emport certifiés pour des munitions air-sol. En ira-t-il de même pour le F-15JSI?

Un indice a peut-être été donné sur l’image illustrant le communiqué de Boeing. On peut en effet y voir [ou du moins « pouvait », car elle a été retirée depuis] un F-15 aux couleurs japonaises emporter un missile de croisière de type AGM-158 « Joint air-to-surface standoff missile ». Ce qui confirmerait l’intention de Tokyo de se doter d’une capacité de frappe à longue distance pour atteindre les sites de lancement de missiles située sur l’autre rive de la mer du Japon.

Photo : Boeing

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