Après une frappe en Syrie, Israël se prépare à une éventuelle riposte du Hezbollah depuis le sud du Liban

Depuis 2011, Israël mène régulièrement des raids aériens en Syrie pour empêcher tout transfert d’armes vers le Hezbollah libanais, amoindrir les milices pro-Téhéran et l’unité al-Qods des Gardiens de la révolution ou riposter à des tirs contre son territoire.

Le 20 juillet, l’un de ces raids, conduit au sud de Damas, a fait cinq tués parmi des combattants soutenus par l’Iran, dont Ali Kamel Mohsen Jawad, un membre du Hezbollah. Or, en août 2019, assurant qu’une frappe israélienne en Syrie ayant coûté la vie à deux miliciens libanais [et non des paramilitaires iraniens d’am-Qods, comme l’avait affirmé Tsahal], le chef de l’organisation, Hassan Nasrallah, avait menacé de s’en prendre à Israël.

« Hier, l’armée de l’air israélienne a frappé un centre du Hezbollah en Syrie, une maison dans laquelle des jeunes libanais du parti se trouvaient. […] Si Israël tue l’un de nos frères en Syrie, nous riposterons au Liban et non dans les fermes de Chebaa. […] Nous disons à l’armée israélienne à la frontière : dès cette nuit, préparez-vous, et attendez-nous un jour, deux, trois, quatre. Ce qui s’est passé hier soir ne passera pas », avait affirmé M. Nasrallah.

En juin, ce dernier a prévenu que le Hezbollah avait la capacité de de tirer des missiles sur les principales villes israélienne. « Aujourd’hui, nous pouvons non seulement frapper la ville de Tel Aviv mais aussi, si Dieu le veut et avec son aide, frapper des cibles très précises à l’intérieur de Tel Aviv », a-t-il assuré. « Nous pouvons également frapper partout en Palestine occupée », a-t-il insisté.

De tels propos ont été tenus deux mois après une frappe réalisée par un drone israélien contre un véhicule de Hezbollah, dans les environs de la localité de Jdeidet Yabous, à la frontière libano-syrienne. « Nous condamnons l’agression perpétrée par un drone militaire israélien contre un véhicule civil libanais visé par deux missiles dans la localité de Jdeidet Yabous. Le ministre des Affaires étrangères, Nassif Hitti, a donné ses instructions au représentant permanent du Liban à l’ONU pour porter plainte devant le Conseil de sécurité après cette violation », avait réagi la diplomatie libanaise.

Cela étant, depuis la frappe du 20 juillet, les forces israéliennes renforcent leurs positions dans le nord, c’est à dire à la frontière avec le sud du Liban, afin de se préparer à une possible riposte du Hezbollah, alors qu’une campagne sur les réseaux sociaux a été lancée pour rappeler à M. Nasrallah les avertissements qu’il avait lancés à Israël.

En outre, l’activité de l’aviation militaire israélienne dans les cieux libanais est monté d’un cran, avec plus d’une vingtaine de violations signalées par Beyrouth à la Force interimaire des Nations unies au Liban [FINUL] en 48 heures. Dans le même temps, Tsahal a indiqué avoir riposté à des tirs depuis la Syrie en frappant des « positions militaires syriennes » avec ses hélicoptères d’attaque.

Le 26 juillet, après une visite « surprise » en Israël du général Mark Milley, le chef d’état-major interarmées américain, pour discuter de « l’Iran et des défis sécuritaires régionaux », le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, a prévenu qu’il tiendrait le « Liban et la Syrie pour responsables de toute attaque » contre l’État hébreu.

« Sur le front nord, nous poursuivons une politique constante qui ne permettra pas à l’Iran d’établir une base militaire à notre frontière nord. Le Liban et la Syrie sont responsables de toute attaque contre Israël », a en effet déclaré M. Netanyahu, lors d’un Conseil des ministres. « On ne peut pas saper notre sécurité, menacer nos citoyens et causer des dommages à nos forces armées », a-t-il ajouté, assurant que Tsahal est « prête à répondre à toute menace ».

Le même jour, le ministre israélien de la Défense, Benny Gantz, a dit la même chose lors d’une visite au commandement nord Tsahal. « La situation au Liban et en Syrie n’est pas bonne, que ce soit au niveau économique, du coronavirus ou des infrastructures. Je rappelle à la fois au Liban et à la Syrie qu’ils sont responsables de ce qui se passe sur leur territoire », a-t-il dit. « L’État d’Israël exigera cette responsabilité. Nous ne recherchons pas des escalades inutiles, mais celui qui nous testera aura une réponse très forte. J’espère que nous n’aurons pas à le faire », a-t-il encore prévenu.

C’est donc dans ce contexte que Tsahal a annoncé avoir perdu un drone, sans en préciser le type. A priori, il s’agirait d’un Hermes 450, un appareil tactique utilisé pour des missions de reconnaissance, de surveillance et de frappe [2 missiles air-sol peuvent être embarqués selon les versions] ou pour servir de relais de communications.

« Lors d’une opération de l’armée à la frontière libanaise, un drone est tombé en territoire libanais. Il n’y a aucune crainte de fuite d’informations classifiées », a ainsi expliqué le lieutenant-colonel Avichay Adraee, un porte-parole arabophone de Tsahal, via Twitter.

Ce drone a été perdu alors que l’agence nationale d’information [ANI] a, dans le même temps, fait état d’une importante activité de l’aviation israélienne au Liban, avec des survols « intensifs et à basse altitude » de la région de Marjeyoun, Arkoub, Jabal Cheikh, Chebaa et de celle, à moyenne altitude, de Jezzine. « Des raids fictifs ont également été lancés au-dessus de Nabatiyé. Des avions ont par ailleurs été observés au dessus du Metn, du Kesrouan et de Jbeil », a-t-elle ajouté.

Ces developpements surviennent alors que le Liban traverse une grave crise politique et économique, avec un effondrement de la monnaie et des pénuries alimentaires et qu’Israël a l’intention d’annexer la vallée du Jourdain [soit 30% de la Cisjordanie] et une centaine de colonies israéliennes situées en territoire palestinien, ce qui risque de donner lieu à une nouvelle Intifada.

Photo : Drone Hermes 450 (capture d’écran)

Conformément à l'article 38 de la Loi 78-17 du 6 janvier 1978 modifiée, vous disposez d'un droit d'accès, de modification, de rectification et de suppression des données vous concernant. [Voir les règles de confidentialité]