Les États-Unis accusent la Russie d’avoir à nouveau acheminé des armes en Libye

En mai dernier, l’US Africom, le commandement militaire américain pour l’Afrique, avait accusé la Russie d’avoir envoyé des avions de combat MiG-29 « Fulcrum » et Su-24 « Fencer » à al-Jufrah, en Libye, au profit de la société militaire privée [SMP] russe Wagner, laquelle soutient l’Armée nationale libyenne [ANL] du maréchal Khalifa Haftar. Et il avait produit une douzaine de clichés pour appuyer ses dires.

À l’époque, agissant au nom des autorités de Tobrouk, issues du Parlement élu en juin 2014, l’ANL avait dû renoncer à l’offensive qu’elle avait lancée un an plus tôt en direction de Tripoli, pour y renverser le gouvernement d’entente nationale [GNA], soutenu par la Turquie, dont l’implication en Libye, via l’envoi d’armes et de mercenaires recrutés parmi les rebelles syriens acquis à sa cause, a modifié le rapport de forces.

Cela étant, en s’impliquant dans le conflit libyen, la Turquie et la Russie [ainsi que d’autres pays, comme les Émirats arabes unis] violent l’embargo imposé par les Nations unies à la Libye. Pour le faire respecter, l’Union européenne a lancé l’opération EUNAVFOR Irini, pour surveiller le trafic maritime en Méditerranée. Ce qui fait qu’elle n’est pas en mesure d’en faire autant pour contrôler d’éventuelles cargaisons suspectes acheminées par les airs et/ou par voie terrestre. Et cela lui a valu des critiques de la part des États-Unis.

Les Européens « pourraient au moins, s’ils étaient sérieux, je crois, dénoncer toutes les parties au conflit quand elles violent l’embargo sur les armes. […] C’est regrettable. Ils pourraient faire beaucoup plus », a ainsi récemment estimé David Schenker, le secrétaire d’État américain adjoint pour le Moyen-Orient. Ils « pourraient agir contre les mercenaires du groupe russe Wagner. Mais ils peut-être peur de représailles de la part de la Russie », a-t-il ajouté.

Quoi qu’il en soit, le 24 juillet, l’US Africom a une nouvelle fois accusé la Russie de livrer des armes à l’ANL et/ou à la SMP Wagner.

L’US Africom « a de plus en plus de preuves que la Russie, à travers le groupe Wagner, continue de déployer en Libye du matériel militaire susceptible d’être utilisé pour des opérations cinétiques », notamment « sur les lignes de front », a-t-il affirmé, via un communiqué.

Des photographies prises par satellite et diffusées pour appuyer ces nouvelles accusations montrent la présence d’avion de transport Il-76 sur la base aérienne d’al-Khadim, où, par le passé, des aéronefs appartenant aux Émirats arabes unis furent signalés. Ces appareils auraient ainsi livrés des systèmes anti-aériens Pantsir S1 [code Otan : SA-22 Greyhound], qui seraient « exploités par la Russie, le groupe Wagner ou leurs mandataires » ainsi que des blindés de type MRAP [protégés contre les engins explosifs improvisés, ndlr].

Sur l’une de ces images, qui datent des 13 et 14 juillet, on peut voir des véhicules Tigr circuler « sur la ligne de front à Syrte », ainsi que des « personnels en formation » [du moins, c’est ce qu’affirme l’US Africom, qui doit disposer de photographies ayant une résolution plus importantes que celles qu’il a diffusées.

« Le type et le volume de l’équipement démontrent l’intention [de mettre en place] des capacités durables en vue d’actions de combat, pas d’aide humanitaire, et indiquent que le ministère russe de la Défense soutient ces opérations », soutient le général Gregory Hadfield, directeur adjoint du renseignement de l’US Africom.

Ces accusations américaines surviennent alors que l’Égypte menace d’intervenir militairement en Libye dans le cas d’une offensive des milices pro-GNA et des troupes envoyées auprès de ces dernières par la Turquie en direction de Syrte. C’est une « ligne rouge », a prévenu Abdel Fattah al-Sissi, le président égyptien.

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