Le président Macron dénonce les violation des espaces maritimes grecs et chypriotes par la Turquie

Depuis le 22 juillet, la Grèce a mis ses forces navale en état d’alerte après l’annonce par la Turquie de l’envoi de navires en mer Égée, précisément dans les environs de l’île grecque de Kastellorizo, située à seulement 7 km de la ville turque de Kaş, pour des activités de prospection gazière et pétrolière.

Dans un communiqué publié pour contester les protestations émises par Athènes, le ministre turc des Affaires étrangères a fait valoir que l’argument selon lequel une île de 10 kilomètres carrés [Kastellorizo, ndlr], située à seulement 2 kilomètres de l’Anatolie et à 580 kilomètres de la Grèce puisse générer un plateau continental de 40.000 kilomètres carrés n’est ni rationnel ni conforme au droit international. »

Cela étant, la Turquie envoie également régulièrement des navires de prospection dans la zone économique exclusive de la République de Chypre, affirmant agir pour défendre les intérêts de la République turque de Chypre Nord [RTCN].

« D’une part, la Turquie ne reconnaît pas la convention de Montego Bay sur le droit de la mer alors que tous les pays de l’Union européenne l’ont fait. D’autre part, la Turquie a un accord avec le gouvernement d’entente nationale de Libye, dont la légitimité internationale est relative, sur la délimitation des frontières maritimes. Par conséquent, la République de Chypre et la Grèce sont inquiètes », a récemment résumé Jean-Yves Le Drian, le ministre français des Affaires étrangères, devant les sénateurs. Et d’ajouter : « Turquie a réalisé des forages en mer, au sud de Chypre, dans les zones 7 et 8, qu’elle considère comme relevant de son domaine économique maritime, et elle a annoncé des forages au large de la Crète, en violation du droit international maritime. »

Recevant à l’Élysée, ce 23 juillet, Nicos Anastasiades, son homologue chypriote, le président Macron s’en est une nouvelle fois pris à la Turquie, dénonçant ses violations répétées de la souveraineté de la Grèce et de Chypre.

« Je veux une nouvelle fois redire la pleine solidarité de la France avec Chypre mais également avec la Grèce face aux violations de leur souveraineté par la Turquie. Il n’est pas acceptable que l’espace maritime d’un État membre de notre union soit violé ou menacé. Ceux qui y contribuent doivent être sanctionnés », a en effet déclaré Emmanuel Macron.

Comme il l’avait déjà fait lors de son discours prononcé à l’Hôtel de Brienne, à la veille des cérémonies du 14-Juillet, le président français a souligné que, en Méditerranée orientale, les questions de sécurité ainsi que celles relatives à l’énergie sont « l’enjeu de luttes de puissance, en particulier de la Turquoe et de la Russie, qui s’affirment de plus en plus et face auxquelles l’Union européenne pèse encore trop peu ».

Pour M. Anastasiades, il « y a une vide de la part de l’Europe » en Méditerranée orientale. Mais, a-t-il ajouté, les « initiatives » françaises « sont une lueur d’espoir » qui « peuvent permettre que la Méditerranée ne soit pas sous le contrôle de la Turquie ou d’un autre pays. »

Ces derniers mois, la France a pris part à des exercices militaires organisés par la Grèce et Chypre, le dernier en date ayant eu lieu début juillet, au large des côtes chypriotes, avec la frégate Aconit. En outre, le porte-avions Charles de Gaulle a été envoyé en Méditerranée orientale avec son escorte et, plus généralement, la Marine nationale y assure une présence continue dans le cadre de l’opération Chammal.

Cela étant, la situation dans cette région est liée, d’une certaine manière, à celle de la Libye, où la Turquie soutient militairement le gouvernement d’entente national libyen [GNA] face à celui installé à Tobrouk. L’accord sur ses frontières maritimes que M. Le Drian a évoqué devant les sénateurs lui permet d’étendre son plateau continental, et donc d’appuyer ses revendications territoritales. Ce qui explique son implication dans le conflit libyen. Mais elle n’est pas la seule : les Émirats arabes unis, l’Égypte et la Russie, pour ce citer que ces trois là, sont aux côtés du rival du GNA.

« Nous ne pouvons pas laisser là aussi les puissances étrangères, quelles qu’elles soient, violer l’embargo sur les armes », a encoré répété M. Macron en évoquant la Libye. Et de rappeler la mise en oeuvre nécessaire de sanctions « pour obtenir un cessez-le-feu et enclencher une dynamique réelle vers une résolution politique du conflit libyen ».

Pour autant, les appels à l’arrêt des ingérences étrangères en Libye restent sans effet. « Notre pays continuera de se tenir aux côtés du peuple libyen contre toute forme de tyrannie et n’hésitera pas à prendre les mesures nécessaires », a assuré le gouvernement turc, le 22 juillet, en évoquant son soutien au GNA, et alors qu’une intervention militaire égyptienne se profile.

Quoi qu’il en soit, pour M. Macron, « l’Europe doit entreprendre une réflexion approfondie sur les sujets de sécurité en Méditerranée. » Aussi, a-t-il annoncé, « à la fin du mois d’août ou au début du mois de septembre », la France va accueillir un sommet réunissant les pays du Med7, c’est à dire ceux du sud de l’Union eurpéenne [France, Espagne, Portugal, Italie, Grèce, Malte et Chypre] pour évoquer ces questions.

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