La future capacité de lutte anti-mines de la Marine nationale a franchi un jalon important

Lancé en 2010 dans le cadre d’une coopération franco-britannique et sous l’égide de l’Organisation conjointe en matière d’armement [OCCAr], le programme MMCM [Maritime Mine Counter Measures] a été confié à Thales afin de renouveler les capacités de lutte anti-mines de la Marine nationale et de la Royal Navy.

Le MMCM est un système de drones navals pour le programme SLAMF [Système de lutte anti-mines du futur].  Il se compose d’un robot télé-opéré [ROV] chargé d’identifier et de neutraliser les mines, de trois drones sous-marins [AUV] et d’un drone de surface tenant le rôle de « bateau-mère » et doté d’un sonar remorqué. Il doit être complété par des Bâtiments bases des plongeurs démineurs de nouvelle génération [BBPD NG] et un Système d’exploitation des données de guerre des mines [SEDGM].

Le fonctionnement d’un tel système est relativement simple : quand une mine est détectée, un AUV en enverra les images à sa base afin qu’elle soit identifiée grâce à l’intelligence artificielle. Une charge explosive sera alors placée par le ROV et la décision de l’actionner ou non sera prise, à distance, par un marin.

En outre, ce système va améliorer significativement les capacités offertes par les moyens actuels, avec la possibilité de détecter des objets 30 fois plus petits ou encore de neutraliser une mine jusqu’à 300 mètres de fond [contre une centaine]. Capable de cartographier les fonds marins trois fois plus rapidement grâce à un sonar multi-faisceaux, il sera « projetable » en moins de 48 heures, n’importe où dans le monde.

L’an passé, la Marine nationale avait évoqué des essais du SLAMF en fonction de « scenarii opérationnels » en 2020. Ces derniers viennent d’être réalisés avec succès. Thales en a fait l’annonce la semaine passée.

Cette nouvelle capacité anti-mines a été donc testées selon quatre scénarii ayant impliqué « l’ensemble des sous-systèmes de Thales et de ses partenaires. »

« Cette mission intégrale a été conduite au travers de séquences combinant des drones autonomes et des automatismes de haut niveau pilotés à distance depuis le poste de commandement opérationnel grâce au système de communications sécurisées », a souligné Thales.

Dans le détail, les deux premières séquences ont porté sur la détection, la classifation et la localisation des menaces « au fil de la mission ». Le troisième scénario s’est intéressé aux « détections de changement par comparaison avec les données d’une mission précédente ». Enfin, le dernier a été, en quelque sorte, une synthèse, puisqu’il s’est concentré sur la « la relocalisation et l’identification de plusieurs mines puis la neutralisation de l’une d’entre elles. »

« La détection de la totalité des mines et la neutralisation parfaitement maîtrisée témoignent de la réussite de la mission de bout en bout et de la très grande performance des systèmes engagés », a fait valoir Thales.

« Avec le franchissement de cette nouvelle étape, le programme MMCM devient l’unique système-de-systèmes de ce type au monde. Thales conforte ainsi sa place de leader mondial des systèmes de lutte contre les mines, qu’ils soient conventionnels ou de nouvelle génération à base d’autonomie et de télé-opération », s’est félicité Alexis Morel, le responsable des activités sous-marines de l’industriel.

« Ce programme d’une complexité unique au monde est porteur d’innovations majeures au service de la sécurité des mers, des marins et des citoyens », a ajouté M. Morel, jetant au passage une pierre dans le jardin du tandem Naval Group/ECA Group, qui a récemment remporté le marché du renouvellement des capacités anti-mines des forces belges et néerlandaises.

Responsable du programme MMCM au sein de l’OCCAr, Christophe Serrat a expliqué que ces « scénarios opérationnels en mer étaient capitaux pour démontrer les performances du prototype MMCM ». Aussi, a-t-il continué, « leur réussite marque un progrès important vers le début de la mise en production en série de ce système. » Mais avant cela, il y aura une présentation de la capacité opérationnelle du système, prévue pour l’automne prochaine.

En mai dernier, lors d’un déplacement à Brest, la ministre des Armées, Florence Parly, a annoncé la commande de quatre SLAMF, sous réserves du succès des démonstrations techniques. « Ils auront vocation à être admis au service opérationnel en 2023 », avait-elle précisé.

Photo : Ministère des Armées

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