L’Iran va renforcer la défense aérienne syrienne

Que ce soit pour empêcher des transferts d’armes vers le Hezbollah libanais, éliminer des cadres du Jihad islamique, riposter à des attaques ou détruire des positions tenues par la force iranienne al-Qods, la force aérienne israélienne conduit régulièrement des raids aériens en Syrie. Plus de 200 ont été ainsi menés depuis 2011.

En juin dernier, cinq combattants pro-iraniens et deux soldats syriens ont ainsi été tués lors de frappes ayant visé un centre de télécommunications et un radar la région de Tel al-Sahen [sud de la Syrie]. Et un autre raid s’est concentré sur un « centre scientifique » et une usine servant à produire des missiles sol-sol dans la province de Hama [centre].

Rarement d’accord quand il s’agit du dossier syrien, la Russie, l’Iran et la Turquie ont cependant affirmé, le 1er juillet, que les « attaques militaires israéliennes en Syrie déstabilisent » le pays, « violent sa souveraineté et son intégrité territoriale » et « conduisent à une augmentation des tensions dans la région. » Un affirmation qui ne manque pas de sel venant d’Ankara, après ses offensives dans le nord du pays et les combats qui ont opposé ses troupes à celles de Damas en février derier.

Par ailleurs, et dans le même élan, ces trois mêmes pays ont également condamné la « décision de l’administration américaine sur le Golan syrien occupé [conquis par Israël lors de la guerre des Six-Jours, ndlr], qui constitue une violation flagrante du droit international et crée menace pour la paix et la sécurité régionales. »

Cela étant, la défense aérienne syrienne peine à inquiéter les forces israéliennes [qui n’ont perdu qu’un seul F-16 lors de raids conduits en février 2018]. Ces dernières ont détruit plusieurs systèmes anti-aériens, comme par exemple un Pantsir S1 founi par la Russie ou encore un radar d’alerte précoce à longue portée JY-27A de facture chinoise.

En septembre 2018, après un incident ayant abouti à la perte d’un avion de renseignement Il-20 « Coot » russe car abattu par erreur, la Russie avait annoncé qu’elle renforcerait la défense aérienne syrienne en lui livrant des systèmes S-300. Ce qui, a priori, n’a pas eu d’incidence sur le rythme des raids israéliens en Syrie.

Mais semble-t-il, l’Iran a l’intention de prendre les choses en main.

En août 2018, Téhéran et Damas ont signé un accord technique de défense afin de pérenniser la présence militaire de l’unité al-Qods des Gardiens de la Révolution et des milices chiites qui leur sont associées ainsi que pour réhabiliter l’industrie syrienne de l’armement. Et il est donc désormais question d’étendre cette coopération à la défense aérienne.

Ainsi, selon la télévision d’État iranienne, un « accord global de coopération militaire, de défense et de sécurité » a été signé le 8 juillet à Damas par le chef d’état-major iranien, le général Mohammed Hussein Baqeri [qui est aussi le commandant en chef du Corps des Gardiens de la révolution, ndlr] et le ministre de la Défense syrien, Ali Ayoub.

« Nous allons renforcer les systèmes de défense aérienne de la Syrie afin d’améliorer la coopération militaire entre les deux pays », a précisé le général Baqueri, cité par la télévision publique iranienne.

L’armée régulière iranienne se compose de quatre branches : forces terrestres [Artesh], aériennes [Niru-Havayi] et navales [Niru-Daryai], la quatrième étant la Force de défense aérienne, laquelle met en oeuvre des canons anti-aériens Zu-23, Samavat 35, Sa’ir, Mesbah-1, ZSU-57-2 et ZSU-23-4… mais aussi une quinzaine de systèmes de défense aérienne différents, d’origine russe [S-300, SA-15 « Gauntlet », etc] ou de conception locale, comme les récents Khordad 15 et Bavar-373.

Quant au corps des Gardiens de la révolution, qui sera très probablement sollicité dans le cadre de l’accord que viennent de signer Téhéran et Damas, il dipose de ses propres moyens de défense aérienne, dont, notamment des systèmes Raad et Khordad 15, ainsi que des systèmes antiaériens portables [MANPADS] de type Misagh-2.

Il restera à voir ce que ces systèmes pourront apporter à la défense aérienne syrienne… Et ce qu’ils valent face aux F-35I de forces aériennes israéliennes. Mais pas seulement étant donné que chasseurs-bombardiers de la coalition anti-jihadiste, notamment américains, évoluent régulièrement au-dessus de la Syrie. Même chose pour la Turquie, qui, en mars, a revendiqué la destruction de 8 systèmes Pantsir S-1 syriens.

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