Marine nationale : Le programme des futurs patrouilleurs océaniques est enfin lancé

Le renouvellement des patrouilleurs P400 et des avisos de la classe d’Estienne d’Orves de la Marine nationale aurait dû commencer dès la fin des années 2000, dans le cadre du programme BATSIMAR [Bâtiments de surveillance et d’intervention maritime]. Seulement, les restrictions budgétaires en décidèrent autrement, malgré la nécessité de surveiller une zone économique exclusive [ZEE] de plus de 11.000.000 km². Et, à force de repousser cette échéance, l’éventualité d’une rupture temporaire de capacité ne pouvait que se renforcer au fil du temps.

S’agissant des P400 affectés outre-Mer, leur renouvellement a toutefois commencé à partir de 2015 avec la commande de deux « patrouilleurs légers guyanais », puis d’un troisième, en 2017, pour les Antilles.

Puis, devant le spectre d’une rupture capacitaire susceptible de se prolonger, la Marine nationale a dû revoir le programme BATSIMAR en différenciant les patrouilleurs devant être utilisés outre-Mer et ceux devant rester en métropole.

« J’avais initialement l’intention de remplacer les patrouilleurs métropolitains et les patrouilleurs outre-mer par une même classe de bateau. Je n’y parviens pas. Ce serait trop cher, me dit-on », avait justifié l’amiral Christophe Prazuck, le chef d’état-major de la Marine nationale [CEMM] en octobre 2017.

En décembre dernier, le président Macron annonça donc la commande de 6 nouveaux patrouilleurs outre-mer [POM], dans le cadre d’un marché attribué à la Socarenam. « J’ai décidé de moderniser et de renouveler les capacités navales de nos armées. Comment se faire respecter si nous ne sommes pas présents sur nos propres mers? », avait-il dit à cette occasion, dénonçant des « trous capacitaires inacceptables ».

Restait donc à attendre le lancement du programme devant permettre le remplacement des avisos A69 [ou patrouilleur de haute-mer – PHM], dont le plus ancien encore en activité fut mis en service en 1980.

Prévue par la Loi de programmation militaire [LPM] 2019-25, cette opération est désormais urgente dans la mesure où, selon un récent rapport parlementaire, les actuels PHM donnent « d’inquiétants signes de vieillissement, ce qui laisse entrevoir une réduction temporaire de capacité plus grave que prévu. »

Aussi, ce 25 juin, le ministère des Armées a annoncé la décision de lancer le programme relatif aux « futurs patrouilleurs océaniques » venait d’être prise lors d’un Comité ministériel d’investissement réuni par la ministre, Florence Parly.

Ainsi, et conformément à ce que prévoit la LPM en vigueur, dix nouveaux patrouilleurs seront commandés afin de « mettre fin à l’extrême tension sur le segment des patrouilleurs compte tenu des désarmements des PHM déjà intervenus », explique le ministère des Armées, avant de souligner l’importance de ce type de navire, dans un contexte « marqué par l’augmentation du trafic maritime et le durcissement des menaces en mer. »

Ce programme permettra de remplacer à la fois les PHM et les trois patrouilleurs de service public [PSP] du type Flamant [ou classe OPV 54] entrés en service à Cherbourg, Brest et Toulon vers la fin des années 1990.

« Validé par la ministre des Armées, ce programme d’armement tirera le meilleur parti des compétences nationales dans les domaines du développement, de la construction et des équipements navals. Les premières livraisons sont prévues en 2025 », souligne encore le ministère des Armées.

Pour le moment, on ne sait que très peu de détails techniques sur ces futurs patrouilleurs océaniques. On peut avancer qu’ils devront être en mesure d’embarquer des drones aériens [c’est, en tout cas, l’objectif affiché par l’amiral Prazuck] et qu’ils n’auront pas moins de capacités que les PHM, lesquels, affichant 1.250 tonnes en déplacement, sont dotés d’un d’un radar de veille surface-air, d’un radar de conduite de tir, d’un sonar de coque, d’un bruiteur remorqué, d’une tourelle de 100 mm, de 2 canons de 20 mm et de missiles Mistral [via le système SIMBAD].

Photo : PHM EV Jacoubet (c) Marine nationale

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