Incendie du SNA Perle : Pour le moment, « on ne peut pas exclure une action malveillante », affirme Mme Parly

Lors de sa dernière audition au Sénat, la ministre des Armées, Florence Parly, n’a évidemment pas échappé à des questions portant sur l’incendie du sous-marin nucléaire d’attaque [SNA] Perle, le 12 juin dernier.

Pour rappel, le feu a pris dans un compartement situé à l’avant du sous-marin, pendant que ce dernier était en cale sèche dans le cadre de sa dernière Indisponibilité pour entretien et réparations [IPER]. L’intervention des marins-pompiers de Toulon et de Marseille, des marins et des pompiers du SDIS 83 aura duré 14 heures, dans des conditions difficiles.

Selon le chef d’état-major de la Marine nationale, l’amiral Christophe Prazuck, il « faudra maintenant des semaines d’expertise(s) technique(s) pour comprendre l’ampleur des dégâts et probablement des mois pour en tirer les conséquences. »

Toute la question si le SNA Perle pourra ou non être remis en état, sachant que sa coque épaisse a été fortement endommagée. En 2012, un sous-marin américain, l’USS Miami, avait également subi un incendie qui dure près de 12 heures. Devant l’étendue des dégâts et l’investissement nécessaire pour les réparer [700 millions de dollars, ndlr], l’US Navy prit la décision de le démanteler pour un coût de 54 millions de dollars.

Qu’en sera-t-il pour le SNA « Perle »? Des images du sous-marin, prises pendant et après l’incendie ont circulé via les réseaux sociaux. Une vidéo montrant le navire sous la proie des flammes a en effet été publiée dès le 12 juin, sans qu’il soit possible d’en déterminer l’origine.

Et, six jours plus tard, le quotidien Var Matin a diffusé une image de la coque avant du sous-marin et montrant quelques détails sur sa structure. « Si ces clichés, pris dans une installation nucléaire de base secrète [ISBN], elle-même située à l’intérieur de la base navale de Toulon, n’auraient jamais dû être diffusés, ils donnent une idée de l’état du submersible. Et interrogent sur la réparabilité ou non de l’un des cinq SNA de type Rubis encore en service », écrit le journal.

Or, selon ce dernier, la photographie, sur laquelle on peut voir la structure mise à nue de la proue du sous-marin, vient de… la Marine nationale, alors qu’elle ne figure pas dans la banque d’images qu’elle met à la disposition de la presse.

Un sénateur s’est d’ailleurs inquiété de la diffusions de telles photographies et vidéos. Mais, apparemment, la ministre n’a sans doute pas vu les mêmes. « Je ne vois pas précisément à quelles photos vous faites référence. Si des photos qui ont été diffusées permettent de voir des choses qu’on ne devrait pas voir, c’est un problème », a-t-elle dit. En revanche, « si ce sont des photos qui correspondent à ce que j’ai vu, c’est à dire pas grand chose, et pourtant j’étais très près de l’endroit, alors je pense qu’elles ont été prises par la presse autorisée à venir s’approcher », a-t-elle ajouté.

Cependant, a continué Mme Parly, « on n’est jamais trop prudent et ce qu’il se diffuse sur les réseaux sociaux n’y a pas toujours sa place. Et donc il faut sans cesse rappeler la confidentialité qui s’attache à ces images. »

Par ailleurs, et outre les conséquences opérationnelles que cet incendie est susceptible d’avoir pour la Marine nationale [ses SNA contribuent à la dissuasion, protègent les forces de projection et assurent des missions de renseignement, le tout dans une période actuelle qui est tout, sauf tranquille…], un autre sénateur a évoqué la piste d’un acte malveillant pour expliquer l’origine du siniste.

« Est-ce qu’on exclut […] toute opération malsaine, sabotage ou autres interventions d’une puissance étrangère pour que ce sous-marin ne fonctionne pas pendant longtemps? », a-t-il demandé.

Sans aller juqu’à y voir la main d’une puissance étrangère, on peut se rappeler justement le cas de l’USS Miami. En effet, l’enquête détermina que l’incendie dont il fut victime avait été volontairement mis par un ouvrier du chantier naval où il était en réparation. La raison? il avait dit vouloir quitter son travail plus tôt… Depuis, il a été condamné à 17 ans de prison.

Quoi qu’il en soit, l’hypothèse d’un acte malveillant n’est pas écartée, même si aucun élément ne vient l’étayer à ce stade. « Il faut envisager toutes les possibilités. Donc, parmi les possibilités, […] on ne peut pas exclure une action malveillante », a répondu Mme Parly.

« Mais, au moment où je vous parle [le 18 juin], je n’ai pas d’élément pour dire qu’il y aurait pu avoir une action malveillante », a ajouté la ministre, en évoquant, d’ailleurs, le cas de l’USS Miami, pour souligner qu’il fallait sans doute s’attendre à tout. « Le procureur est saisi, une enquête aura lieu. Donc, nous pourrons certainement lever ou pas cette hypothèse », a-t-elle continué.

« En tout cas, aujourd’hui, je n’ai pas de raison particulière de dire que cet incident a été provoqué par une action malveillante », a insisté Mme Parly, qui a par ailleurs indiqué que la prolongation d’un SNA de type Rubis pour remédier aux conséquences de l’incendie du SNA Perle était envisageable. Tout dépendra de la capacité à pouvoir le remettre en état.

Photo : Marine nationale

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