Malgré le projet franco-allemand MAWS sur l’aviation de patrouille maritime, Berlin va remplacer ses P3C Orion

Le programme visant à porter 18 avions de patrouille maritime Atlantique 2 [ATL 2] au standard 6 garde le cap. En effet, le 17 juin, la Marine nationale a indiqué que l’évaluation opérationnelle [EVALOPS] de cette nouvelle version, conduite par Centre d’expérimentations pratiques et de réception de l’aéronautique navale [CEPA/10S] venait de se conclure par les tirs réussis d’une bombe GBU-12 en auto-illumination et d’un missile anti-navire AM-39 Exocet.

Cette évaluation a ainsi permis de valider l’emploi des nouveaux capteurs de l’ATL2 et de former les équipages qui mettront en oeuvre cet appareil ainsi modernisé. Pour rappel, ce dernier doit rester en service jusqu’en 2030, c’est à dire quand le programme franco-allemand MAWS [Maritime Airborne Warfare Systems], qui vise à mettre à développer un système dédié à la patrouille maritime, qui s’appuiera sur un nouvel avion ainsi que sur d’autres capacités, comme celles offertes par les drones, voire les satellites.

Ce projet franco-allemand est aussi essentiel à l’autonomie stratégique européenne, dans la mesure où il concerne les domaines de la guerre électronique, des radars, des sonars, des bouées acoustiques, des moyens de communication, des liaisons de données et, évidemment, de l’armement dédié à la lutte anti-sous-marine.

Seulement, pour le moment, et selon le quotidien Le Télégramme, ce programme est à l’arrêt. Si, côté allemand, le choix des industriels appelés à y prendre part n’a pas fait de difficultés [Diehl Defence, ESG et Hensoldt ont été désignés, ndlr], il n’en va de même en France où la Direction générale de l’armement [DGA] a donné sa préférence à Thales, aux dépens de Dassault Aviation.

La question est de savoir si le programme MAWS pourra voir le jour… En Allemagne, il doit permettre de remplacer les 8 avions de patrouille maritime P-3C Orion de la Marineflieger, l’aviation navale de la marine allemande. Ayant été acquis d’occasion auprès des Pays-Bas pour remplacer les Bréguet Atlantic l’escadrille 3 Graf Zeppelin, ces appareils devaient faire l’objet d’une modernisation pour prolonger leur durée de vie opérationnelle au moins jusqu’en 2030.

Mais, a priori, ce projet est de l’histoire ancienne. L’agence Reuters, évoquant un « document confidentiel », a affirmé que le ministère allemand de la Défense venait d’y mettre un terme, après avoir réalisé une « étude de faisabilité économique ». L’information a ensuite été confirmée par Berlin.

Un porte-parole du ministère de la Défense a en effet expliqué qu’il est estimé que la poursuite de la modernisation des P-3C Orion « représente un risque financier et technique trop élevé », l’enveloppe prévue en 2015 pour les mettre à niveau s’étant avérée insuffisante. Il manquerait en effet 340 millions d’euros. Aussi, le remplacement de ces appareils est désormais espéré, au plus tard, en 2025.

Plusieurs options pour remplacer les P-3C Orion sont donc à l’étude. Et trois modèles d’appareils sont en lice, dont le C-295 MPA d’Airbus, le P-8A Poseidon de Boeing et le RAS 72 « Sea Eagle » de Rheinland Air Service, lequel repose sur l’avion de transport régional ATR 72. La version « PATMAR » de l’A320neo ne ferait donc pas partie de l’équation.

Reste maintenant à voir ce que deviendra le programme MAWS… Un choix en faveur du P-8A Poseidon le condamnerait certainement. Et ce pourrait aussi le cas si le C-295 MPA a les faveurs de la Bundeswehr. L’an passé, l’Irlande en a commandé deux exemplaires pour 221 millions d’euros, équipements et assistance compris.

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