Londres prolonge la mission de ses CH-47D Chinook auprès de Barkhane et confirme l’envoi de 250 soldats au Mali

Il y a six mois, on se demandait si les États-Unis continueraient d’appuyer la force Barkhane dans les domaines du renseignement et du ravitaillement en vol. Et on s’interrogeait également si le Royaume-Uni prolongerait à nouveau la mission de ses trois hélicoptères de transport lourd [HTL] CH-47D Chinook, déployés depuis juillet 2018 à Gao afin d’y soutenir les opérations françaises.

En effet, à l’époque, le chef du Pentagone, Mark Esper, avait lancé une vaste revue des engagements des forces américaines, en particulier en Afrique. En janvier, la ministre des Armées, Florence Parly, se rendit à Washington pour convaincre son homologue américain de maintenir l’appui fourni par ses forces aux militaires français engagés au Sahel contre les groupes armés terroristes.

S’agissant du soutien britannique, le commandant de la Royal Air Force, le général Mike Wigston, avait promis qu’il plaiderait en faveur de son maintien à lors d’un déplacement effectué en décembre 2019 à Gao, aux côtés du général Philippe Lavigne, le chef d’état-major de l’armée de l’Air [CEMAA].

« Le Royaume-Uni reconnaît que le Sahel est actuellement la ligne de front de l’instabilité. Notre présence vise à sécuriser le Sahel mais aussi à protéger l’Europe. […] Nous faisons une vraie différence ici et je suis heureux d’entendre à quel point cet apport est vital pour Barkhane. Je transmettrai le message aux autorités à Londres », avait en effet déclaré le général Wigston.

Cela étant, dans un entretien donné le 24 avril dernier au quotidien Sud Ouest, Mme Parly a tenu des propos rassurants. « Le Royaume-Uni a décidé de maintenir ses hélicoptères Chinook sur place. Quant aux Etats-Unis, ils ont différé leur décision de désengagement. Leurs moyens sont toujours en place », a-t-elle affirmé.

Pour le moment, le dispositif américain en Afrique n’a pas changé. Et certaines de ses capacités ont même été sollicitées lors de l’opération menée par les forces spéciales françaises contre Abdelmalek Droukdel, le chef d’al-Qaïda au Maghreb islamique [AQMI]. S’agissant des trois CH-47D Chinook de la RAF déployés à Gao, leur maintien a été confirmé par James Heappey, le secrétaire d’État auprès des forces britanniques, à l’occasion d’une conférence ayant réuni les ministres de la Défense de la Coalition pour le Sahel.

« L’Afrique de l’Ouest est aussi importante pour le Royaume-Uni qu’elle l’a jamais été et nous avons de nombreux amis et alliés dans la région qui partagent notre désir de promouvoir la paix et la prospérité. La lutte contre l’extrémisme au Sahel est vitale pour la sécurité de la région au sens large et le Royaume-Uni jouera son rôle dans la lutte contre la détérioration de la situation sécuritaire », a fait valoir M. Heappey.

Aussi, les « trois Chinook de la RAF […] resteront au Mali » car « le Royaume-Uni prolonge son engagement à soutenir l’opération antiterroriste française », a annoncé le responsable britannique.

En outre, ce dernier a confirmé l’engagement, « plus tard cette année », de 250 militaires au sein de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations unies pour la stabilisation du Mali [MINUSMA]. Le détachement britannique sera stationné à Gao, pendant trois ans.

« Afin de combler un déficit capacitaire de l’ONU, le personnel des Light Dragoons et du Royal Anglian Regiment constituera capacité de reconnaissance à longue distance », a précisé M. Heappey. « En travaillant à stabiliser les États fragiles et à s’attaquer aux causes profondes des conflits, le Royaume-Uni contribue à empêcher les conflits de se propager aux États voisins », a-t-il ajouté.

De son côté, la RAF a rappelé que ses trois CH-47 Chinook venaient de franchir le seuil des « 2.000 heures de vol, pour transporter 13.000 passagers et 1.100 tonnes de matériels ». Ces appareils « permettent aux troupes françaises de couvrir un champ d’opérations beaucoup plus vaste, en déplaçant du personnel vers les bases françaises réparties à travers le Mali, éliminant ainsi la nécessité de mouvements routiers dangereux et aidant à déplacer l’équipement de soutien vital vers des endroits stratégiques », a-t-elle souligné.

Pour rappel, ne disposant pas d’hélicoptères de transport lourd, les forces françaises s’en remettent à leurs partenaires. Outre les trois CH-47D britanniques, elles peuvent compter sur deux AW-101 Merlin déployés à Gao par le Danemark depuis décembre 2019.

Photo : Ministère des Armées

Conformément à l'article 38 de la Loi 78-17 du 6 janvier 1978 modifiée, vous disposez d'un droit d'accès, de modification, de rectification et de suppression des données vous concernant. [Voir les règles de confidentialité]