Le patrouilleur P400 « La Moqueuse » a tiré sa révérence

Issue de la lignée des patrouilleurs P400, « La Moqueuse » sillonne l’océan Pacifique Sud depuis Nouméa, son port d’attache, depuis la fin des années 1980. Du moins, c’était encore vrai il y a un peu moins d’un mois. En effet, ce navire a effectué sa dernière mission le 15 mai, après une ultime patrouille dans les environs des îles Loyauté.

Alors que cinq patrouilleurs P400 furent désarmés [sans attendre le lancement du programme BATSIMAR dans le cadre duquel ils devaient être remplacés] entre 2009 et 2012, la Moqueuse fit l’objet d’un arrêt technique majeur en 2014 afin de lui redonner un peu de lustre. La Marine nationale avait indiqué, à l’époque, qu’il s’agissait de « plus longue période d’entretien depuis 2008 ».

Au cours de carrière opérationnelle, La Moqueuse a parcouru 467.560 nautiques, soit l’équivalent de 21 tours du monde. La Marine précise même qu’elle aura « navigué l’équivalent de sept années continues et faisant escale des dizaines de fois depuis Wallis et Futuna jusqu’aux îles Fidji, en passant par l’Australie, touchée 39 fois. »

Dès son trajet pour rejoindre Nouméa, et commandée par le lieutenant de vaisseau Sylvain Cholley, La Moqueuse participa à un plan d’évacuation des ressortissants français du Sri Lanka, porta assistance à 354 « boats people » vietnamiens, sauva trois personnes dont l’embarcation à moteur était à la dérive et assista un voilier en difficulté. Bref, ce fut une traversée riche en anecdotes, comme le souligne FANC Infos, le magazine des Forces armées de Nouvelle-Calédonie. En outre, en 1988, le patrouilleur fut également sollicitée lors de la prise d’otages d’Ouvéa

Après des débuts mouvementés, La Moqueuse s’est surtout concentrée sur la surveillance de la zone économique exclusive [ZEE], comme dans le cadre de l’opération UATIO, qui vise à protéger les ressources marines menacées par la pêche illégale, souvent le fait des blue boats, des navires vietnamiens. Le navire a aussi régulièrement pris part à l’exercice « Croix du Sud » et été sollicité pour des missions d’assistance après le passage de cyclones dans la région… ainsi que pour participer aux campagnes menées par l’association Fortunes de Mer pour tenter de retrouver les épaves de l’Astrolabe et de la Boussole, les deux vaisseaux de l’expédition dirigée le comte de La Pérouse.

Les anecdotes vécues par La Moqueuse sont nombreuses. Le magazine des FANC rapporte ainsi que le patrouilleur transporta le crâne de Saint Pierre Chanel, le premier saint du Pacifique. La relique avait été placée dans la cabine du commandant durant le voyage.

Quoi qu’il en soit, La Moqueuse s’apprête désormais à ferme définitivement son journal de bord, laissant seul un autre patrouilleur de type P400, en l’occurrence La Glorieuse, également affecté à Nouméa.

Normalement, il était prévu de désarmer ces deux navires en 2020. C’est ce qui avait été annoncé en 2014…. Or, depuis, La Glorieuse a aussi fait l’objet d’un arrêt technique majeur en 2016.

En tout cas, ces deux bâtiments seront remplacés par les nouveaux Patrouilleurs outre-Mer [POM], dont six exemplaires ont été commandés auprès du chantier naval Socarenam en décembre dernier. Les livraisons à la Marine nationale commenceront en 2022. Par rapport à leurs aînés, ces navires auront la capacité de mettre en oeuvre des drones aériens.

Photo : Marine nationale

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