Le SNLE « Le Téméraire » a lancé avec succès un missile stratégique M-51.2 en conditions opérationnelles

Il y a quelques jours, la préfecture maritime de l’Atlantique a publié un avis informant que la la navigation au sud de la pointe de Penmarc’h [Finistère] allait être restreinte pour une durée d’un mois, à compter du 10 juin. Ce qui laissait supposer qu’un tir de missile balistique mer-sol M-51.2 était imminent.

Sollicité par l’AFP au sujet de ces restrictions, le ministère des Armées n’a pas fait de commentaires. « Il n’y aura pas de communication détaillée sur ces activités puisque les activités opérationnelles et les essais de systèmes d’armes liés à la dissuasion nucléaire sont couverts par le secret-défense », a-t-il fait valoir.

À partir de là, on pouvait deviner que le sous-marin nucléaire lanceur d’engins [SNLE] « Le Téméraire » allait être à la manoeuvre, étant donné qu’il n’avait pas encore tiré de missile M-51 après avoir subi une refonte afin de lui intégrer le système de combat SYCOBS [SYstème de COmbat commun Barracuda SNLE] et lui permettre de lancer ce type de missile, aux dimensions plus imposantes que le M-45 qu’il emportait jusqu’alors.

Mais il n’aura finalement pas fallu attendre longtemps pour en avoir la confirmation. Ce 12 juin, la ministre des Armées, Florence Parly, a en effet exprimé sa « grande satisfaction après le succès […] du lancement d’un missile balistique M51 par le sous-marin nucléaire lanceur d’engins ‘Le Téméraire’ depuis la baie d’Audierne [Finistère]. »

La ministre a également adressé « ses très vives félicitations à l’ensemble des femmes et des hommes du ministère des Armées, du Commissariat à l’énergie atomique et aux énergies alternatives [CEA] et des entreprises qui ont œuvré à sa réussite. »

Comme lors des précédents tests, le vol du missile M51 lancé par le « Le Téméraire » a été suivi par la DGA Essais de missiles, avec notamment le navire d’essais et de mesures Monge, mis en oeuvre par la Marine nationale.

« La zone de retombées se situe en Atlantique Nord à plusieurs centaines de kilomètres de toute côte. Cet essai a été effectué sans charge nucléaire et dans le strict respect des engagements internationaux de la France », a souligné le ministère des Armées. « Ce tir valide la capacité opérationnelle du système d’arme global du SNLE Le Téméraire et démontre à nouveau l’excellence de la haute technologie que les industries françaises mettent en œuvre dans ce domaine », a-t-il encore fait valoir.

Le ministère des Armées a repris, au mot près, le communiqué qu’il avait diffusé le 1er juillet 2016, à l’occasion du tir réussi d’un missile M-51 par le SNLE « Le Triomphant ».

À l’époque, la réussite de cet essai était particulièrement importante étant donné qu’un tir, réalisé en 2013 par le SNLE « Le Vigilant », s’était soldé par un échec, expliqué en partie par des « faiblesses » constatées par les services « qualité » de la DGA. « Les enquêteurs chevronnés qui ont analysé les causes de l’échec du tir d’essai de mai 2013 appellent à des efforts, à la fois dans le management et dans l’attention portée aux outils d’ingénierie système », avait expliqué Laurent Collet-Billon, alors Délégué général pour l’armement. Cet échec avait ensuite été en partie effacé par le succès d’un tir de M51 depuis le centre d’essais de Biscarrosse [Landes], en septembre 2015.

La réussite du tir effectué par le SNLE « Le Téméraire » est également importante dans le contexte actuel, marqué par l’épidémie de Covid-19. Il montre en effet que cette dernière n’a pas impacté la dissuasion nucléaire française, alors que le monde de l’après-crise risque d’être « pire qu’avant », pour reprendre l’expression de Jean-Yves Le Drian, le ministre des Affaires étrangères. À ce sujet, les Forces aériennes stratégiques ont également pu démontrer leur capacité à agir avec un exercice de nuit ayant mobilisé une cinquantaine d’aéronefs.

Pour rappel, les missiles M51.2 emportent de nouvelles têtes océaniques [TNO] d’une puissance de 100 kilotonnes. Une nouvelle version – appelée M51.3 – est en cours de développement depuis 2014, dans le but d’augmenter la portée et d’améliorer les capacités de pénétration des défénses antimissiles adverses.

Photo : DGA / archive

Conformément à l'article 38 de la Loi 78-17 du 6 janvier 1978 modifiée, vous disposez d'un droit d'accès, de modification, de rectification et de suppression des données vous concernant. [Voir les règles de confidentialité]