La Turquie fait une démonstration de force en Méditerranée et envisage d’établir deux bases permanentes en Libye

Quelques heures après que la frégate HS Spetsai, de l’opération navale européenne Irini, a été fermement invitée par la marine turque à ne pas contôler le cargo Cirkin, suspecté d’acheminer une cargaison d’armes vers la Libye, en contravention avec la résolution 2526 des Nations unies, Ankara a annoncé la tenue d’importantes manoeuvres navales et aériennes en Méditerranée, ce 12 juin.

Au total, pas moins de 8 frégates et corvettes ont été mobilisées, de même que 17 avions, dont des F-16, un E-7A Wedgetail [de type AWACS, ndlr], un ravitailleur en vol et un Casa CN-235.

« Des procédures de commandement et de contrôle ont été essayées au cours de la mission de 8 heures qui s’est déroulée le long d’un parcours de 2.000 km depuis nos eaux territoriales », a expliqué le ministère turc de la Défense. Cet exercice, appelé « Haute Mer », a été « mené avec succès », s’est-il félicité.

L’an passé, les forces navales turques avaient organisé le « plus grand exercice de leur histoire » en mobilisant quasiment tout ce qui pouvait flotter. En effet, 131 navires, 57 avions et 33 hélicoptères furent engagés les manoeuvres « Denizkurdu-2019 », organisées simultanément dans les trois mers bordant la Turquie [mer Noire, mer Égée et Méditerranée].

Cela étant, au regard des tensions récentes, l’exercice « Haute Mer » prend un relief particulier. Pour rappel, et au-delà de sa rivalité avec la Grèce, la Turquie poursuit ses activités de forage dans la zone économie exclusive de la République de Chypre dans le but de mettre la main sur les ressources gazières qui s’y trouveraient. Et cela, malgré les condamnations de l’Union européenne [UE]. Il y a un mois, cette dernière avait accusé Ankara « d’aggraver les tensions en Méditerranée orientale ».

Et cela ne risque d’aller en s’améliorant… En effet, pour appuyer ses prétentions, la Turquie a signé un protocole d’accord sur ses frontières martimes avec le Gouvernement d’union national libyen [GNA]. D’où le soutien qu’elle fournit à ce dernier, face aux troupes du gouvernement de Tobrouk.

Ce accord permettrait à Ankara d’étendre son plateau continental de plus de 30%, ce qui torpillerait le projet de gazoduc EastMed, porté par la Grèce, la République de Chypre et Israël. Seulement, sa validité juridique reste encore à démontrer…

Reste que ce soutien au GNA pourrait se traduire par une présence militaire turque permanente en Libye. Du moins, c’est ce que prétend le quotidien Yeni Safak. En effet, Ankara aurait l’intention d’établir des bases à al-Watiya [au sud-ouest de Tripoli, destinée à mettre ne oeuvre des drones] et à Misrata, où le port accueillerait les navires de la marine turque.

Photo : Ministère turc de la Défense

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