L’État-major des armées donne quelques détails sur l’opération ayant permis de neutraliser le chef d’AQMI

Longtemps insaisissable, malgré la traque des forces algériennes en Kabylie, fief d’al-Qaïda au Maghreb islamique [AQMI], l’organisation qu’il dirigeait depuis 2006, Abdelmalek Droukdel a été tué le 3 juin lors d’une opération française menée dans le nord du Mali, précisément à Talahandak, localité située à dizaine de kilomètres de l’Algérie et à 80 km a l’est de Tessalit.

Chimiste de formation, Droukdel devint l’un des artificier du Groupe islamique armée [GIA], puis du Groupe salafiste pour la prédication et le combat [GSPC], dont il prit la tête en 2006. Sous sa direction, l’organisation terroriste se transforma en branche régionale d’al-Qaïda et lança une vague d’attentats particulièrement meurtriers en Algérie.

Puis, vers le début des années 2010, AQMI chercha à étendre son influence et ses activités [contrebande, prises d’otages, etc] au Sahel. La situation dans le nord du Mali [Azawad] allait lui offrir cette occasion, en nouant un alliance avec les mouvements touaregs indépendantistes et les groupes jihdistes [dont Ansar Dine, dirigé par Iyad ag Ghali] de la région. Il faudra le lancement de l’opération française Serval, le 11 janvier 2013, pour porter un coup d’arrêt aux avancées jihadistes.

Cela étant, la présence de Droukdel dans le nord du Mali peut paraître surprenante… En tout cas, selon Le Monde, elle a été repérée par le renseignement américain, qui, a confié une source du quotidien, a « d’importants moyens de surveillance aérienne au Sahel. » L’information a ensuite été communiquée aux forces françaises.

Porte-parole de l’État-major des armées [EMA], le colonel Frédéric Barbry a livré quelques détails à la presse peu après l’annonce de la « neutralisation » du chef d’AQMI.

« L’opération s’est déroulée le 3 juin, au nord de l’Adrar des Ifoghas, à 80 km à l’est de Tessalit. Elle a été réalisée par un module d’intervention, composé d’hélicoptères et de troupes au sol, le tout étant appuyé par de l’aviation », a dit le colonel Barbry.

S’agissant de l’appui aérien, on peut supposer qu’il a mobilisé au moins un patrouille de Mirage 2000D et un drone MQ-9 Reaper, lequel a dû suivre le chef jihadistes et ses hommes. D’après Europe1, ces derniers circulaient alors à bord d’un véhicule 4×4.

Le mode opératoire des forces françaises a probablement été identique à celui suivi en février 2019 pour éliminer Yahia Abou-El-Hammam, alias Djamel Okacha, alors le chef d’AQMI pour le Sahara et cadre de haut rang du Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans [GSIM], dirigé par Iyad ag Ghali.

Plusieurs hommes accompagnaient Droukdel, dont Toufik Chaïb, le responsable de la coordination et de la propagande d’AQMI. Tous ont été « neutralisés » avec leur chef, à l’exception de l’un d’eux qui a « préféré se rendre sans combattre », a précisé le colonel Barbry. Du matériel de communication aurait été saisi lors de cette opération, ce qui devrait permettre d’obtenir des informations sensibles de nature à planifier d’autres « coups » contre la mouvance jihadiste.

Évidemment, après l’épisode d’Amadou Koufa, chef de la katiba « Macina » et membre du GSIM, dont la mort avait été annoncée par Paris alors qu’il n’en était rien, la question de l’identification de Droukdel se pose… « Toutes les précautions ont été prises pour s’assurer de l’identité » du chef d’AQMI, a fait valoir le colonel Barbry.

L’élimination de Droukdel est survenu quelques heures après un entretien téléphonique entre le président Macron et son homologue algérien, Abdelmadjid Tebboune. Selon le compte-rendu qu’en a fait l’Élysée, les deux responsables « ont fait le point sur la situation au Sahel et en Libye et affirmé leur volonté de travailler ensemble pour la stabilité et la sécurité dans la région. »

Reste à voir qui succédera à Abdelmalek Droukdel… Le chef du Majlis al-Shura [conseil des notables], l’algérien Abou Obeida Youssef al-Annabi a régulièrement été désigné comme étant le candidat « favori » à la succession du désormais ex-émir d’AQMI. Inscrit sur la liste noire américaine des « terroristes internationaux » en septembre 2015, il s’était fait connaître deux ans plus tôt en appelant « les musulmans dans le monde entier » à « attaquer les intérêts français partout » en les qualifiant de « cibles légitimes. »

Dans un entretien donné à France24, en mai 2019, al-Annabi a réaffirmé cette position, assurant qu’il ne fixait « aucun limite pour combattre la présence française au Sahel ».

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