Le chef d’al-Qaïda au Maghreb islamique tué lors d’une opération française menée dans le nord du Mali

C’est un gros coup que viennent de porter les forces françaises à al-Qaïda au Maghreb islamique [AQMI]. En effet, ce 5 juin, la ministre des Armées, Florence Parly, a annoncé que le chef de cette organisation jihadiste, l’algérien Abdelmalek Droukdel [alias Abou Moussab Abdelwadoud], a été tué dans le nord du Mali, lors d’une opération de la force Barkhane [vraisemblablement menée par la Task Force Sabre, c’est à dire les forces spéciales].

« Le 3 juin, les forces armées françaises, avec le soutien de leurs partenaires, ont neutralisé l’émir Al-Qaida au Maghreb islamique, Abdelmalek Droukdal, et plusieurs de ses proches collaborateurs, lors d’une opération dans le nord du Mali », a en effet indiqué Mme Parly, via Twitter.

« Ce combat essentiel pour la paix et la stabilité dans la région vient de connaître un succès majeur », a encore fait valoir Mme Parly, sans donner plus de détails sur cette opération qui aura été fatale au chef d’AQMI. « Je félicite et remercie tous ceux qui ont permis et mené ces opérations audacieuses, qui portent des coups sévères à ces groupes terroristes. Nos forces, en coopération avec leurs partenaires du G5 Sahel, continueront à les traquer sans relâche », a-t-elle ajouté.

Né en 1970 à Meftah, en Algérie, Abdelmalek Droukdel [ou Droukdal] avait pris la tête du Groupe salafiste pour la prédication et le combat [GSPC] en 2004. Sous sa houlette, l’organisation fit allégeance à al-Qaïda en 2006 et prit l’appellation d’AQMI.

Les mois suivants, Droukdel revendiqua plusieurs attentats particulièrement meurtriers en Algérie, pour lesquels il fut d’ailleurs condamné à mort par contumance. Ses activités s’étant étendues au Sahel, AQMI multiplia les enlèvements d’Occidentaux. En 2011, Michel Germaneau fut assassiné, après une tentative des forces mauritaniennes et françaises pour le libérer.

Cela étant, le Sahel, et plus particulièrement le Mali, constituera la pierre angulaire de la stratégie de Droukdel. En juillet 2012, il fut l’auteur d’un document intitulé « Orientation du jihad dans l’Azawad« , dans lequel il détailla la marche à suivre pour assoir l’emprise jihadiste dans le nord du Mali, en mettant notamment Iyad ag Ghali, le chef d’Ansar Dine, en avant. Seulement, ses recommandations seront ignorées pour la plupart, ce qui posa la question de son autorité sur ses troupes.

En novembre 2019, certains médias algériens avancèrent que Droukdel était mort, étant donné qu’il n’avait plus publié de communiqué depuis près d’un an.

Quoi qu’il en soit, la « katiba » d’AQMI au Mali s’était fondue dans le Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans [GSIM], dirigé par Iyad ag Ghali. Et l’un de ses chefs, Djamel Okacha, a été tué lors d’une opération française menée en février 2019 dans la région de Tombouctou.

En outre, le GSIM doit faire face à la concurrence l’État islamique au Grand Sahara [EIGS], les deux organasitions jihadistes, après avoir coopéré formellement, étant désormais en conflit ouvert. Lors d’une audition à l’Assemblée nationale, le 4 juin, Mme Parly a résumé cette situation avec la formule « les terroristes font la guerre aux terroristes. » Et d’ajouter : « C’est une dynamique récente que nous surveillons avec beaucoup d’attention. De même que nous continuons de surveiller les agissements de Boko Haram à la frontière du Niger et du Tchad. »

Outre l’opération contre Droukdel, les forces françaises ont également capturé Mohamed el Mrabat », un « vétéran du djihad au Sahel et cadre important de l’EIGS », selon Mme Parly. Cette capture, annoncée ce 5 juin, a eu lieu le 19 mai dernier.

S’agissant d’AQMI, il reste maintenant à voir qui succèdera à Abdelmalek Droukdel. L’organisation jihadiste est dirigée par un conseil des chefs [Majlis al-Ayan] présidé par un émir [Droukdel jusqu’à présent] et comptant 14 membres. Elle dispose également d’un conseil consultatif [Majlis al-Shura], constitué de chefs, de qadi [juges] et de membres de différents comités. Enfin, il sera également intéressant de voir la réaction de l’Algérie, après l’élimination de son ennemi public n°1. Il ne serait pas étonnant qu’elle soit suivie par celle d’Iyad ag Ghali…

Conformément à l'article 38 de la Loi 78-17 du 6 janvier 1978 modifiée, vous disposez d'un droit d'accès, de modification, de rectification et de suppression des données vous concernant. [Voir les règles de confidentialité]