Inde/Chine : Les forces chinoises ont mené un « exercice d’infiltration derrière les lignes ennemies » au Tibet

Depuis plusieurs semaines, l’Inde et la Chine renforcent leurs positions militaires respectives le long de la Ligne de contrôle actuelle [LAC], dont le tracé donne matière des différents territoriaux qui n’ont jamais été tranchés jusqu’à présent, malgré une guerre qui les opposa brièvement en 1962 [et qui tourna à l’avantage de Pékin, ndlr]. La tension entre les deux pays va donc crescendo, en particulier dans les régions du Ladakh [notamment autour de la vallée de Galwan] et celle du plateau du Doklam.

« Je tiens à assurer le pays qu’en aucune circonstance, nous ne laisserons la fierté de l’Inde être blessée », a fait valoir Rajnath Singh, le ministre de la Défense, lors d’un entretien télévisé diffusé le 30 mai. « L’Inde a suivi une politique claire de maintien de bonnes relations avec les pays voisins. Ce n’est pas une nouvelle approche », a-t-il continué, insistant sur le fait que New Dehli s’efforce de faire en sorte que les tensions avec Pékin « ne s’intensifient pas ». Et d’ajouter que « des négociations sont en cours entre les deux pays au niveau diplomatique et militaire. »

Seulement, à Pékin, la presse proche du Parti communiste chinois n’a visiblement pas cherché à apaiser les tensions de ces derniers jours. En effet, le quotidien « Global Times » a donné le détail de l’arsenal déployé par l’Armée populaire de libération [APL] pour « faire face à la menace frontalière » dans l’Himalaya.

Depuis les incidents survenus sur le plateau du Doklam [en 2017, avec les forces indiennes], l’armée chinoise « a amélioré son arsenal avec des armes telles que le char de type 15, l’hélicoptère Z-20 [qui resssemble beaucoup au Sikorsky S-70C2, ndlr] et le drone GJ- 2[Wing Long 2, de type MALE, ndlr]. Ces dernières devraient lui donner l’avantage dans des conflits à haute altitude », a ainsi fait valoir le quotidien, le 31 mai, en citant également le canon automoteur PCL-181, récemment entré en service.

Le char léger de type 15 [voir photo] peut « fonctionner efficacement dans les régions difficiles », a souligné le Global Times. D’une masse de 30 tonnes environ, cet engin est doté d’un canon rayé de 105 mm avec chargement automatique. Il est muni d’un tourelleau téléopéré armé d’une mitrailleuse de 12,7 mm et d’un lance-grenades de 40 mm. Il est équipé d’une conduite de tir numérisé pouvant détecter et identifier des cibles à plus de 3 km. Sa présence au Tibet n’est pas surprenante : c’est en effet dans cette région que sa présence avait été annoncée.

Cela étant, faire l’inventaire des armes déployées ne mange pas de pain. Et encore faut-il qu’il soit complet [l’article du Global Times fait l’impasse sur l’aviation de combat, par exemple]. En revanche, organiser des exercices non loin d’un secteur sous tension est un tout autre message.

Et c’est précisément ce que vient de faire l’APL, dans les monts Tanggula, situés dans la partie orientale de la région du Tibet, Même si le lieu où elles se sont tenues est éloigné de plusieurs centaines de kilomètres du Ladakh et du plateau du Doklam, ces manoeuvres, organisées par le Commandement militaire du Tibet de l’APL, sont assez explicites dans le contexte actuel.

En effet, selon le Global Times qui en a rendu compte ce 2 juin, le scénario prévoyait l’envoi de troupes dans une région située à 4.700 mètres d’altitude durant la nuit pour des exercices d’infiltration derrière les « lignes ennemies ». L’enjeu était aussi d’éprouver certains matériels récemment mis en service.

« Après avoir rencontré des obstacles défensifs construits par l’ennemi, les éclaireurs ont envoyé des drones et largué des explosifs pour les éliminer. Ils se sont engagés dans le combat à l’approche de la cible, pour laquelle ils ont envoyé une unité de tireurs d’élite […] et une équipe de tir pour détruire les véhicules blindés légers ennemis avec des roquettes antichars », raconte le journal chinois. Le tout s’est terminé avec un « assaut final contre le quartier général ennemi. »

« Plus de 2 000 munitions, dont des obus de mortier, des grenades à fusil et des roquettes, ont été tirées au cours de l’exercice », a précisé un officier auprès de la chaîne de télévision publique CCTV.

« S’infiltrer, de nuit, derrière les lignes ennemies et lancer une attaque contre un centre de commandement peut effectivtement faire gagner un conflit limité grâce à une seule bataille », a estimé un ancien officier de l’APL sollicité par le Global Times, qui n’a pas manqué d’évoquer, en conclusion, la situation tendue entre la Chine et l’Inde.

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