Le ministre italien de la Défense entend maintenir le programme F-35 contre vents et marées

Partenaire industriel de niveau 2 du programme F-35 avec une usine d’assemblage [FACO – Final Assembly and Check Out]inaugurée en 2013 à Cameri, l’Italie avait initialement l’intention de commander 131 exemplaires de l’avion de combat développé par l’américain Lockheed-Martin. Puis, en 2011, en raison de la crise de la dette, Rome décida de réduire sa commande à 90 unités [dont 60 F-35A et 30 F-35B].

Seulement, ce programme a constamment fait l’objet de polémiques au niveau politique. Ainsi, quand il était dans l’oppotion, le Parti démocrate italien, emmené par Matteo Renzi, avait plaidé pour réduire encore le nombre de F-35 au profit de l’Eurofighter Typhoon dans l’idée de soutenir l’industrie aéronautique européenne. Mais, une fois arrivé au pouvoir, il n’en fit rien… dans la mesure où il s’aperçut que cela risquait de compromettre les retombées industrielles promises par Lockheed-Martin et l’activité de la FACO de Cameri.

Pour autant, cela ne mit pas un terme aux critiques, les plus virulentes venant du Mouvement Cinq Étoiles [M5S], dont l’intention était d’avoir la peau du programme F-35. Arrivé au pouvoir en 2018 dans le cadre d’un accord avec la Ligue de Matteo Salvini, il ne tarda pas à annoncer la couleur.

En effet, issue des rangs du M5S, Elisabetta Trenta, alors ministre de la Défense, annonça une étude sur les « besoins spécifiques » de l’aviation militaire italienne afin de s’assurer que « les prochaines commandes correspondront effectivement à notre stratégie de défense. » Et il lui était prêté l’intention de diviser par deux la commande de F-35. Sauf que, au sein de la coalition gouvernemntal, Matteo Salvini s’opposa à toute remise en cause de ce programme.

« Tout effort pour ralentir ou réduire [l’achat de F-35] serait à mon avis préjudiciable » pour le pays. […] Quand je donne ma parole, je vais jusqu’au bout », avait estimé M. Salvini en mars 2019, soulignant que toute baisse du nombre de F-35 commandés aurait des répercussions sur l’industrie aéronautique italienne.

Depuis, la Ligue a quitté la coalition gouvernementale… Et, pour se maintenir au pouvoir, le M5S s’est allié avec le Parti démocrate italien, ce dernier ayant obtenu le portefeuille de la Défense avec la nomination de Lorenzo Guerini.

On aurait pu penser que le dossier « F-35 » était alors clos… Mais l’épidémie de Covid-19, avec ses lourdes conséquences sur l’économie italienne [la chute du PIB devrait être de 10% cette année], a relancé l’hostilité du M5S à l’égard de l’avion de 5e génération.

Ainsi, 50 parlementaires du M5S ont demandé un « moratoire » d’un an sur l’achat de F-35 et une baisse du budget de la Défense afin de trouver de l’argent pour les dépenses de santé. « Nous envisageons également de renégocier et de redimensionner ce programme », a annoncé l’un d’eux.

Mais Lorenzo Guerini a fermement l’intention de maintenir le cap. Mieux encore : il est inconcevable de réduire les dépenses militaires italiennes dans le contexte actuel, comme il s’en est expliqué dans les colonnes du magazine Formiche.

« La modernisation des forces armées est avant tout une garantie de sécurité pour le pays. L’avantage technologique est une part de notre souveraineté nationale », a attaqué M. Guerini. « Quelques jours plus tôt, devant les parlementaires, il avait estimé, que la crise du Covid-19 allait très probablement se traduire par une « augmentation des menaces et du terrorisme aux frontières de l’Europe. »

« La pandémie à laquelle nous sommes confrontés montre que l’impensable peut se produire. En lien avec les récessions ou les crises économiques, il y a souvent une baisse importante des investissements dans la défense. Face à la nécessité de réduire le déficit et de réorganiser les finances publiques, il y a toujours le risque que la Défense ne soit pas perçue comme une priorité. Il est donc nécessaire que l’opinion publique soit consciente que les coupes budgétaires dans le secteur de la défense affectent principalement les investissements dans la recherche et le développement », a ensuite développé le ministre italien de la Défense.

Soulignant la dualité civilo-militaire de l’industrie de défense, M. Guerini a insisté sur les « retombées économiques élevées » et que cette dernière est susceptible de générer pour l’Italie, avec à la clé le maintien d’emplois « hautement qualifiés ».

« Pour cette raison, il est nécessaire d’élargir le débat sur la défense […] en faisant comprendre à nos concitoyens qu’elle représente une part de la compétitivité industrielle de l’Italie et que le maintien des programmes d’armement garantit notre capacité de défense, y compris au sein des alliances auxquelles nous appartenons », a insisté le minstre italien.

Et, a-t-il continué, « à cet égard, le programme F-35, qui met à la disposition de nos forces armées un avion de 5 génération, est confirmé ».

« Je tiens à souligner que les ressources allouées à la Défense représentent un extraordinaire levier économique pour le pays, ainsi qu’un investissement indispensable pour garantir notre sécurité. Dans cette période, il est donc nécessaire d’exploiter pleinement le plein potentiel de l’industrie de la défense » d’autant plus qu’elle présente le « taux d’innovation le plus élevé que tout autre secteur et un impact sur les exportations qui, selon les estimations récentes, équivant à 70% de l’ensemble de la production », a insisté M. Guérini.

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