Le budget militaire de la Chine annoncé en hausse de 6,6%
Premier pays affecté par l’épidémie de Covid-19, la Chine a vu son produit intérieur brut [PIB] se contracter de 6,8% au cours du premier trimestre 2020, selon des statistiques officiellement dévoilées par Pékin le 17 avril dernier. Une première depuis le début des années 1990.
Aussi, dans ce contexte, les annonces concernant les dépenses militaires chinoises étaient très attendues. Pour rappel, la progression de ces dernières aura été spectaculaire jusqu’en 2015, avec des hausses annuelles annuelles supérieures ou égales à 10%, avant de s’infléchir par la suite.
En 2019, le budget de l’Armée populaire de libération [APL] avait été annoncé en hausse de +7,5% [contre 8,1% un an plus tôt] pour atteindre le montant officiel de 156 milliards d’euros [1.190 milliards de yuans], soit l’équivalent de 1,2 du PIB [et 5% des dépenses publiques]. Ce moindre effort, si l’on peut dire, avait été expliqué par le ralentissement de l’économie chinoise.
Cette année, la progression du budget militaire chinoise sera encore moins forte… Mais elle sera tout de même de l’ordre de +6,6%, selon un rapport du ministère chinois des Finances, publié à l’occasion de l’ouverture de la session annuelle du Parlement, laquelle aurait dû avoir lieu en mars.
Dans le détail, l’APL disposera donc d’un budget de 1.268 milliards de yuans [soit 163 milliards d’euros]. Il s’agit d’un chiffre « officiel », étant donné que le niveau réel des ressources dont disposent les forces chinoises pourrait être bien plus élevé. C’est, du moins, ce que suggèrent le développement de nouvelles armes technologiquement avancées [missiles hypersoniques, canon électromagnétique, drones, avions furtifs, etc] et la mise en service de nombreux équipements ayant gagné en qualité.
Rien qu’au niveau des capacités navales, la Chine a lancé l’équivalent en volume de la flotte française en l’espace de quatre an seulement. Ce qui se traduit par la mise en service d’un second porte-avions [et un troisième est en construction] ou encore par le lancement de nouveaux navires, comme l’imposant destroyer de type 055 [10.000 tonnes d’acier, ndlr] et le porte-hélicoptères d’assaut amphibie de Type 075.
Cette nouvelle hausse des dépenses militaires chinoises, si elle est moins importante que par le passé [il s’agit même la plus plus faible depuis 30 ans], reste néanmoins significative au regard de la situation économique. Elle est « le signe que la Chine glisse vers une course aux armements », a jugé Rory Medcalf, expert de la défense en Asie à l’Université nationale australienne, interrogé par l’AFP.
Cela étant, il était peu probable de voir la Chine réduire ses dépenses militaires pour plusieurs raisons. La première est que les augmenter constitue un moyen pour relancer une économie chancelante tout en dopant la recherche et l’innovation, à l’heure son industrie de l’armement se serait hissée au second rang mondial, derrière celle des États-Unis. D’autres pays, à commencer par la France, ne devrait pas se priver d’un tel levier.
Ensuite, il s’agit pour Pékin de ne pas baisser le pied dans ses prétentions territoriales, lesquelles suscitent des tensions, comme, par exemple, avec le Vietnam mais aussi avec les États-Unis, qui ont assuré plusieurs opérations dites FONOP [liberté de navigation] dans les espace constestés.
Une autre raison est que la hausse du budget militaire chinois est un signal envoyé à la population. « Avec un sentiment nationaliste élevé, non seulement l’augmentation des dépenses militaires ne sera pas trop critiquée, mais elle peut même conduire les citoyens à ressentir plus de fierté pour leur pays », a en effet estimé Xie Yue, professeur de science politique à l’Université Jiao Tong de Shanghai auprès de l’agence Reuters.
Enfin, un autre motif a été donné par Hu Xijin, rédacteur en chef du Global Times, un journal qui suit la ligne du Parti communiste chinois. « La Chine a besoin de plus de puissance militaire comme moyen de dissuasion à l’égard des États-Unis », a-t-il fait valoir, après avoir plaidé pour une hausse substantiel de l’arsenal nucléaire du pays.