Ces derniers jours, Barkhane a « neutralisé » au moins une quarantaine de jihadistes au Sahel
Malgré les contraintes imposées par la pandémie de Covid-19, la force Barkhane maintient un rythme opérationnel élevé, comme en témoigne les dernières actions qu’elle a menées au cours de ces derniers jours.
Ainsi, le 14 mai, une importante opération ayant mobilisé deux Mirage 2000D, un drone MALE [Moyenne Altitude Longue Endurance] MQ-9 Reaper, trois hélicoptères d’attaque Tigre et un sous-groupement tactique Désert [SGTD] a été conduite dans le Gourma malien.
Cette manoeuvre combinant moyens aériens, aéroterrestres et terrestres aura été « fulgurante », selon l’État-major des armées [EMA]. La décision de la lancer a été prise après que le drone Reaper a repéré, à plusieurs reprises, des signes suggérant un rassemblement important de combattants de l’État islamique au grand Sahara [EIGS] dans une zone boisée.
Le renseignement a été transmis au Poste de commandement interarmées de théâtre [PCIAT] de N’Djamena, lequel a donc ordonné le décollage d’une patrouille de chasseurs-bombardiers Mirage 2000D depuis la base aérienne projetée [BAP] de Niamey et celui de trois hélicoptères Tigre basés à Gao. Pendant ce temps, le Reaper est resté sur zone, ses capteurs continuant de suivre l’évolution des jihadistes.
Dans un premier temps, les Mirage 2000D ont effectué des frappes contre le rassemblement des combattants de l’EIGS. Puis, les Tigre ont assuré « plusieurs survols offensifs » du secteur et « neutralisé » d’autres terroristes. Enfin, le Reaper a largué au moins une bombe à guidage laser GBU-12.
Le SGTD, qui était alors en opération de contrôle de zone à plusieurs dizaines de kilomètres de la zone où été effectuées les frappes, a été envoyé sur les lieux pour en assurer le bouclage et le ratissage. Ce qui a permis de constater que plus de 30 jihadistes avaient été neutralisés. En outre, 40 motos, 1 pick-up, 1 mitrailleuse lourde de 12,7 mm, 1 lance-roquette RPG-7 et de « nombreuses ressources militaires » ont été détruits.
« Ce bilan très lourd pour les GAT vient s’ajouter à d’autres succès récents de la force. Ces succès ont été rendus possibles grâce à la complémentarité des différentes composantes engagées, dont les actions respectives conjuguent réactivité, mobilité et puissance de feu. Ils démontrent également la capacité de Barkhane à collecter et analyser le renseignement au profit direct d’actions de feu coordonnées, afin de diminuer les fortement les capacités des groupes armés terroristes », fait valoir l’État-major des armées dans son dernier compte-rendu.
Dans le même temps [ou presques], Barkhane a conduit trois autres opérations. Le 9 mai, un SGTD du groupement « Dragon » a été engagé dans une manoeuvre de contrôle de zone dans le Gourma burkinabè. Pris à partie par des jihadistes, la riposte des légionnaires a été foudroyante : « plusieurs combattants terroristes » ont été mis hors de combat, avance l’EMA. Deux motos, quatre fusils AK-47 et un important stock d’explosifs ont été détruits.
Sans donner de détails, l’EMA indique aussi que, trois jours plus tard, les commandos de Barkhane ont été au contact de jihadistes dans la région de Boulikessi, dans le Gourma malien. Ces derniers ont été mis hors de combat par une frappe réalisée par un drone MQ-9 Reaper.
Enfin, le 17 mai, une patrouille de reconnaissance du groupement Centurion [armé par les légionnaires du 1er Régiment Étranger de Cavalerie] a également été au contact d’un groupe armé terroriste ans la région d’Ansongo [Liptako malien], dans le cadre d’une opération de « harcèlement zonal ».
Appuyée par un drone Reaper, la patrouille a ainsi « mis hors de combat » des jihadistes, a indiqué l’EMA, sans donner le détail des pertes infligées au groupe armé terroriste. « Au bilan, un pick-up et 4 motos sont saisies, ainsi que 7 AK47, un important volume d’explosif et de munitions, des téléphones, des radios, et de nombreux matériels militaires divers », a-t-il toutefois précisé.
À noter que, le 15 mai, l’état-major malien a fait savoir que les FAMa [forces armées maliennes] avaient neutralisé, la veille, « une trentaine de terroristes à la frontière avec le Burkina Faso. »
Généralement, Barkhane vise l’EIGS, qui sévit surtout dans le Liptako-Gourma, région dite des trois frontières car située aux confins du Mali, du Burkina Faso et du Niger. Mais ce n’est pas la seule organisation jihadiste ciblée par la force française. Au début du mois, cette dernière a en effet mené une opération contre le Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans [GSIM ou JNIM, pourJama’a Nusrat ul-Islam wa al-Muslimin ] au sud-ouest de Gossi [Mali], avec des commandos au sol et module héliporté appuyé par un Reaper. Mais, là encore, l’EMA n’en a pas donné le bilan, se bornant à évoquer la neutralisation de « plusieurs » terroristes.
Quoi qu’il en soit, la rivalité entre l’EIGS et le GSIM ne cesse de s’intensifier depuis plusieurs semaines. Ce point a d’ailleurs été soulevé dans le dernier rapport du secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres, au sujet de la Force conjointe du G5 Sahel.
« Au cours de cette période, la volonté de ces groupes d’étendre leur zone d’influence a également alimenté les conflits liés aux ressources avec d’autres groupes, notamment entre la Jama’a Nusrat
ul-Islam wa al-Muslimin et l’État islamique du Grand Sahara », a en effet relevé M. Guterres.
Dans son bulletin hebdomadaire Al-Naba du 7 mai, évoqué par le site Long War Journal, l’État islamique accusé le GSIM, affilié à al-Qaïda, de « trahison » car il a entamé une « guerre contre les soldats du califat au milieu d’une campagne déchaînée des Croisés [Barkhane, ndlr] ».
Effectivement, plusieurs accrochages sérieux entre les combattants des deux organisations jihadistes ont récemment eu lieu, notamment à Ndaki, à 65 km à l’est de Gossi. Là, de nombreux combattants du GSIM auraient attaqué ceux de l’EIGS. L’État islamique affirme avoir repoussé cet assaut… Ce qui ne peut pas être confirmé. D’autres combats entre les deux formations auraient éclaté dans les secteurs de Nampala [près de frontière mauritanienne] ainsi qu’à Segou.
Photo : EMA