Derniers tours de piste pour les Alphajet de la base aérienne de Tours

Le 12 mai, vers 21H40, a eu lieu le dernier vol de nuit d’instruction avec un avion d’entraînement Alphajet depuis la base aérienne 705 de Tours. Cet évènement aura marqué la fin de 59 ans de présence de l’École de l’Aviation de Chasse [EAC 00.134] en Indre-et-Loire.

Une cérémonie devait être organisée ce 14 mai pour tourner définitivement cette page. Mais, en raison de l’épidémie de Covid-19, elle a été annulée. Et le macaronage de la dernière promotion d’élèves pilotes et de navigateurs officiers systèmes d’armes [NOSA] a été reportée.

« Selon l’expression consacrée dans le milieu, la fin est proche pour nous. Notre mission de formation des jeunes padawans cessera dans quelques jours seulement. Nous continuerons à faire voler nos fidèles Alphajet pendant quelques semaines encore. Et puis ensuite, ils partiront vers d’autres cieux. Le contexte ne nous a pas permis de marquer tout cela comme il se doit, l’évènement initialement prévu ce jeudi [14/05] étant bien entendu annulé. Une pensée à toutes celles et ceux qui ont participé à cette aventure sur la Base aérienne 705 de Tours, Cinq Mars la Pile. Elle aura duré près de 60 ans », a en effet indiqué l’EAC, via sa page Facebook, le 11 mai.

Créée en 1943 à Marrakech et après avoir pris plusieurs appellations, l’École de chasse « Christian Martell » a été transférée à Tours en 1961 avec ses six escadrons, dont un dédié à la formation des pilotes de l’aéronautique navale. Devenue « Groupe École [GE] 00.314 » quatre ans plus tard, cette unité dispose d’avions T-33 et Mystère IV.

C’est en 1979 que le premier Alphajet [n°9 F-TELD] se pose à Tours pour rejoindre le GE 00.314 et remplacer les T-33, ces appareils ayant contribué à la formation de 3.327 jeunes pilotes durant trente ans. L’activité des « Gadgets » est soutenue : 15 ans après leur mise en service, ces avions totalisent plus de 500.000 heures de vol.

Au début des années 2010, l’École de l’Aviation de Chasse formait environ 70 nouveaux pilotes de chasse par an. Au cours de leur instruction, d’une durée de 8 mois, ces derniers devaient effectuer 100 heures de vol et passer 30 heures sur simulateur pour espérer obtenir leur macaron et rejoindre ensuite l’École de transition opérationnelle de Cazaux.

Mais cette formation a été profondément remaniée avec le projet FOMEDEC [Formation modernisée et entraînement différencié des équipages de chasse]. Afin de réduire les coûts et d’optimiser l’instruction de ses futurs pilotes, l’armée de l’Air a en effet décidé de transférer l’EAC à Cognac et remplacer les Alphajet par des turbopropulseurs PC-21 Pilatus.

La première promotion de pilotes et de NOSA devant inaugurer ce nouveau cursus a entamé sa formation en juin 2019. Ce qui a sonné le glas de la présence de l’EAC à Tours, dont la plateforme aéronautique sera fermée en juillet 2021. D’ici-là, une permanence opérationnelle continuera d’être assurée par des Rafale et des Mirage 2000.

Pour le moment, le sort des Alphajet de l’EAC [il y en aurait encore une vingtaine] n’est pas connu. Des appareils de ce type servent toujours au sein de l’École de transformation opérationnelle de Cazaux. Mais leurs jours sont également comptés.

En effet, l’armée de l’Air a lancé le programme « MENTOR », lequel prévoit de remplacer la transition opérationnelle des jeunes pilotes par une phase complémentaire qui se ferait à Cognac. Ce qui suppose la mise en oeuvre de 8 PC-21 supplémentaires. Un avis de marché a été publié à cette fin en février dernier.

Photo : EAC 00.314 « Christian Martell »

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