Le robot terrestre estonien THeMIS est capable de tout faire… même de remorquer un VBCI
Il y a quelques jours, l’entreprise Milrem Robotics et la force armée estonienne ont chacune publié un retour d’expérience [RETEX] sur l’utilisation du robot terrestre [UGV pour Unmanned Ground Vehicle] THeMIS à Gao [Mali], dans le cadre de l’opération française Barkhane.
Pour rappel, un détachement d’infanterie légère d’une cinquantaine de soldats est engagé au Mali depuis l’été 2018, avec la mission de surveiller et de protéger les environs de la plateforme opérationnelle désert [PfOD] de Gao. En mai 2019, il a été doté d’un robot THeMIS [Tracked Hybrid Modular Infantry System] à des fins d’expérimentation.
Initialement, ce THeMIS ne devait pas rester plus de quatre mois au Sahel. Mais, finalement, de par l’apport opérationnel qu’il a procuré aux soldats estoniens, il a joué les prolongations. Et son déploiement a pris fin en avril. D’où les RETEX récemment diffusés.
D’une longueur de 2,40 m pour une largeur de 2 mètres, le THeMIS peut rouler à la vitesse maximale de 22 km/h et affiche une autonomie peut aller jusqu’à 10 heures en mode hybride et jusqu’à 1h30 en mode électrique. Au Mali, il a été utilisé pour plusieurs types de missions, allant du simple transport de vivres et de munitions à l’observation, grâce à ses caméras embarquées.
« Jusqu’en avril 2020, le véhicule a été régulièrement utilisé lors de patrouilles par des soldats estoniens et pour le transport de fournitures à l’intérieur de leur base. Au total, trois sections estoniennes ont utilisé le véhicule lors de leurs déploiements », rappelle Milrem Robotics.
Au Mali, le THeMIS aura ainsi parcouru 1.200 km et fonctionné pendant plus de 330 heures. Et cela, souligne l’entreprise estonienne, dans un environnement « difficile », avec des températures de 50°c à l’ombre et un terrain exigeant.
« Le THeMIS nous a surpris par sa capacité à résister aux conditions difficiles. La chaleur et le terrain accidenté ont mis le véhicule à l’épreuve. Cependant, il s’en est joué facilement », a souligné le lieutenant-colonel Sten Allik, de l’état-major des Forces de défense estoniennes.
Mieux encore : cette machine a su faire preuve d’une étonnante résistance quand, le 22 juillet 2019, elle a encaissé l’impact direct de l’explosion, à quelques mètres, d’un véhicule suicide [VBIED] utilisé lors d’une attaque jihadiste contre le camp de Gao. Selon le RETEX des forces estoniennes, le robot a supporté « près de 200 kg d’explosifs »… sans affecter ses fonctions opérationnelles.
Le 23 septembre, le THeMIS a été utilisé pour une première patrouille des soldats estoniens dans les rues de Gao.
« Les zones urbaines partitionnées peuvent être difficiles et on ne peut pas toujours dépendre du soutien d’un blindé. La possibilité d’apporter une demi-tonne de munitions et d’eau dans des endroits inaccessibles avec un véhicule de transport de troupes a ajouté une grande valeur aux patrouilles et une capacité de combat améliorée », a relevé le lieutenant-colonel Allik.
Qui plus est, son allure compacte et sa faible signature thermique font de ce robot un engin discret.
Par ailleurs, le détachement estonien a également testé la possibilité de transporter le THeMIS à bord d’un hélicoptère de transport lourd CH-47D Chinook [la Royal Air Force en a déployé trois à Gao, ndlr]… ainsi que des « interactions » avec des blindés. D’abord avec l’un de leurs Patria Pasi XA-188. Puis avec un Véhicule blindé de combat d’infanterie [VBCI] français.
En effet, le THeMIS, avec ses 1.450 kg, a démontré sa capacité à remorquer un VBCI de 32 tonnes! Ce qui ajoute une nouvelle corde à son arc, ce robot pouvant, par exemple, être aussi utilisé pour faire du dépannage.
« Nous avons collecté de nombreuses données et retours d’informations précieux pendant ce déploiement et bien que l’expérience des forces estoniennes avec le THeMIS ait été positive, il est toujours encore possible de l’améliorer », a commenté Kuldar Väärsi, le Pdg de Milrem Robotics.
L’entreprise précise que l’état-major estonien souhaite disposer d’un THeMIS ayant des capacités accrues en matière d’ISR [renseignement, surveillance, reconnaissance], de communication et de guerre électronique, tout en ayant la possibilité de mettre en oeuvre des armes à distance. « La possibilité de détecter et de neutraliser l’ennemi ou un engin explosif à distance est une capacité cruciale. Il est plus facile de risquer le véhicule qu’une vie humaine », a fait valoir lieutenant-colonel Allik.