Des navires chinois accusés d’avoir pourchassé un bateau de pêche près de l’archipel japonais Senkaku

Les revendications de la Chine au sujet des îles japonaises Senkaku, qu’elle convoite depuis 1971, ont repris de la vigueur ces dernières semaines… au point que, le 22 avril dernier, le ministre nippon des Affaires étrangères, Toshimitsu Motegi, a été contraint d’adresser une nouvelle protestation à Pékin après l’incursion de quatre navires de la garde-côtière chinoise dans les eaux entourant cet archipel.

Visiblement, cette démarche a été sans effet… puisque, le 8 mai, quatre navires des gardes-côtes chinois ont de nouveau navigué dans les environs des îles Senkaku. Mais ils n’ont pas fait que passer : en effet, deux d’entre-eux ont pris en chasse un bateau de pêche japonais, ce qui a contraint la garde-côtière nippone à intervenir en déployant plusieurs patrouilleurs.

Pour autant, l’incident n’en est pas resté là car au moins deux navires chinois ont été signalés dans le même secteur les 9 et 10 mai. « C’est première fois depuis 2016 que des bateaux du gouvernement chinois sont entrés dans les eaux japonaises trois jours de suite », a souligné le quotidien Japan Times.

De son côté la garde-côtière chinoise a affirmé, via le réseau social Weibo, qu’une flotte de ses navires « patrouillait dans les eaux territoriales autour des îles Diaoyu » [le nom chinois de l’archipel Senkaku, ndlr].

Les prétentions de Pékin sur l’archipel Senkaku se sont surtout accentuées depuis l’arrivée au pouvoir de Xi Jinping. Les navires de la garde-côtière chinoise y ont multiplié les incursions, de même que ceux de la composante navale de l’Armée populaire de libération [APL], ce qui a donné lieu à plusieurs incidents.

En 2013, le radar de contrôle de tir d’une frégate chinoise s’était « verrouillée sur un navire d’escorte des forces d’autodéfense japonaise qui croisait dans les environs de l’archipel. En 2018, un sous-marin nucléaire d’attaque [SNA] chinois de type 093 [classe Shang] y a même fait surface, pavillon au vent.

À chaque fois, le Japon a dénoncé de telles pratiques par les voies diplomatiques. Et il vient encore de le faire pour les incidents de ces derniers jours. Ce qui n’aura certainement aucun effet, comme pour les fois précédentes. Par ailleurs, l’an passé, la garde-côtière japonaise a indiqué que des navires gouvernementaux chinois avaient été signalés à plus de 1.000 reprises dans la zone économique exclusive [ZEE] nippone [soit +80% sur un an].

Cette pression sur les îles Senkaku explique la raison pour laquelle les forces d’autodéfense japonaises ont investi dans des capacités de combat amphibies, afin d’etre en mesure de reprendre par la force, si nécessaire, cet archipel.

Plus généralement, les « frictions » entre la Chine et le Japon sont récurrentes. Fin mars, le destroyer japonais HS Shimakaze est entré en collision avec un navire de pêche chinois lors d’une patrouille dans les eaux internationales en mer de Chine orientale. Mais la zone où s’est produit cet incident a été contestée par Pékin, pour qui cette collision a eu lieu « dans les eaux côtières de la Chine. »

La pression chinoise s’exerce aussi dans les airs. Durant la période allant du 1er avril 2019 au 31 mars 2020, la force aérienne d’autodéfense japonaise a fait décoller sur alerte ses avions de combat à 675 reprises pour intercepter des aéronefs de l’APL s’approchant de l’espace aérien du Japon [soit +5,8% par rapport à l’année précédente].

Le ministère japonais de la Défense a par ailleurs souligné une activité accrue des avions de guerre électronique chinois [Shaanxi KJ-500H], en particulier entre les îles d’Okinawa et Miyako, c’est à dire dans le détroit qui mène à l’océan Pacifique.

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