Les Émirats arabes unis veulent acquérir 4.569 véhicules blindés de type MRAP auprès de l’US Army

En septembre 2014, la Defense Security Cooperation Agency [DSCA], l’agence chargée des exportations de matériels militaires américains, avait recommandé au Congrès d’accepter une potentielle vente aux Émirats arabes unis de 4.569 véhicules blindés de type MRAP [Mine Resistant Ambush Protected], spécialement conçus pour contrer la menace des engins explosifs improvisés [IED], dans le cadre d’un programme lancé en urgence pour répondre aux besoins de l’US Army et de l’US Marine Corps. Le montant de la facture était alors estimé à 2,5 milliards de dollars.

Selon le Joint Program Office du Pentagone, ces véhicules MRAP, dotés d’un blindage en V leur permettant de dévier le souffle d’une explosion vers l’extérieur, auraient permis de sauver 30.000 vies en Afghanistan et 10.000 autres en Irak. Au total, 27.000 furent construits, pour un coût estimé à 50 milliards de dollars.

Cependant, en janvier 2014, étant donné la grande disparité des modèles [au moins 25 versions différentes furent mises en service] et donc la difficulté à en assurer l’entretien, l’US Army annonça qu’elle ne garderait qu’un tiers des MRAP produits dans son inventaire, le reste étant appelé à être revendu. Ce qui éveilla donc l’intérêt des Émirats arabes unis.

Depuis, ces 4.569 MRAP sont venus d’ajouter aux 3.000 véhicules Nimr utilisés par les forces terrestres des Émirats, dont les effectifs sont modestes [les forces armées émiraties comptent environ 60.000 militaires, ndlr]. Théoriquement, du moins.

En effet, en février 2019, une enquête publiée par le Washington Post a révélé qu’un certain nombre de ces véhicules MRAP avaient été cédés à des milices armées – aux alliances variables – au Yémen. Et quelques uns étaient mêmes tombés aux mains des rebelles Houthis, soutenus par l’Iran.

À l’époque, le Pentagone avait dit prendre « les allégations de mauvais usage d’équipement de défense d’origine américaine très au sérieux » et assurer qu’il lancerait des « enquêtes une fois reçues des preuves crédibles ».

Cela étant, et malgré cette affaire, la DSCA a encore une fois recommandé au Congrès d’accepter une requête des Émirats arabes unis portant sur l’acquisition d’un nouveau lot de 4.569 véhicules MRAP, dans un avis publié le 7 mai, au titre des « articles de défense en excès » [Excess Defense Articles, EDA]. Et pour une facture de « seulement » 556 millions de dollars [soit cinq fois moins cher qu’en septembre 2014].

« La vente proposée soutiendra la politique étrangère et les objectifs de sécurité nationale des États-Unis en contribuant à améliorer la sécurité d’un important partenaire régional. Les Émirats arabes unis ont été et continuent d’être un partenaire essentiel pour la stabilité politique et le progrès économique au Moyen-Orient. Cette vente est conforme aux initiatives américaines visant à fournir aux alliés clés de la région des systèmes modernes qui amélioreront l’interopérabilité avec les forces américaines et augmenteront la sécurité », fait valoir la DSCA dans son avis.

Quant à l’usage qu’entendent faire les Émirats de ces 4.569 MRAP, l’agence américaine assure que ces derniers permettront d' »accroître la protection » des forces émiraties, de « mener des opérations d’assistance humanitaire » et de « protéger les infrastructures essentielles ».

Et d’ajouter que les « Émirats arabes unis n’auront aucune difficulté à absorber ces équipements dans leurs forces armées ». Vraiment?

Pour rappel, le dernier rapport du groupe d’experts des Nations unies pour la Libye signale que des véhicules MRAP ont été livrés à l’Armée nationale libyenne [ANL] du maréchal Khalifa Haftar, malgré l’embargo sur les armes.

« Le Groupe d’experts avait indiqué la présence en Libye de véhicules protégés contre les mines et les embuscades de type Caiman 6×6, lors du siège de Derna, en août 2017. La présence de sept véhicules Caiman 6×6 bien entretenus, stockés par les forces armées d’Haftar à Benghazi, a été constatée pendant la période considérée », y lit-on.

Or, et sachant que les Émirats arabes unis soutiennent le maréchal Haftar dans son bras de fer avec le gouvernement d’union nationale libyen [GNA], 1.150 véhicules Caïman faisaient partie de la vente approuvée en septembre 2014 par la DSCA…

Conformément à l'article 38 de la Loi 78-17 du 6 janvier 1978 modifiée, vous disposez d'un droit d'accès, de modification, de rectification et de suppression des données vous concernant. [Voir les règles de confidentialité]