« Diagnostiquer, isoler, traiter » : Barkhane adopte des « mesures simples » pour se protéger du Covid-19

Au-delà des polémiques suscitées par le traitement à base d’hydroxychloroquine et d’azithromycine qu’il préconise pour soigner les malades du Covid-19, le professeur Didier Raoult, directeur de l’Institut hospitalo-universitaire en maladies infectieuses de Marseille, ne cesse de répéter que, pour éviter la propagation d’une épidémie, il faut « diagnostiquer, isoler les contagieux et les traiter. » Une telle approche permettrait d’éviter le confinement du plus grand nombre… Et donc de mélanger les personnes contaminées avec celles qui ne le sont pas.

Étant que, justement, il n’est nullement question de « confiner » les militaires de la force Barkhane pour les préserver du SARS Cov-2 [le coronavirus responsable du Covid-19, ndlr] alors que les missions contre les groupes armés terroristes [GAT] s’enchaînent, cette méthode leur est désormais appliquée, comme l’a indiqué l’État-major des armées [EMA] dans son dernier compte-rendu des opérations.

« Un dispositif global de protection basé sur un ensemble de mesures simples a été adopté par l’ensemble de la force, en complément d’une adaptation sanitaire et logistique plus générale, ainsi que des mesures organisationnelles prises par le commandement », avance en effet l’EMA.

Ainsi, les structures médicales de rôle 2 ont désormais la capacité de réaliser des tests dits PCR [polymeras chain reaction], lesquels consistent à faire un prélèvement nasal pour vérifier la présence ou non du virus. L’analyse des échantillons est réalisée par un « automate installé dans un lieu spécifique afin de ne pas contaminer le personnel et les soignants », précise l’EMA, qui ajoute qu’un scanner peut « éventuellement être réalisé » afin de confirmer ou d’étayer un diagnostic.

« Cette capacité de détection précoce sur les différentes emprises de la force, et d’isolement des cas ‘contacts’, est au cœur de la stratégie anticipée par la force Barkhane pour contribuer à contenir la pandémie », résume l’État-major des armées.

En effet, sur chaque emprise de la force Barkhane, plusieurs espaces ont été installés : un premier pour soigner les militaires susceptibles d’être contaminés par le SARS Cov-2, un second pour accueillir ceux qui présenteraient des symptômes de la maladie et un troisième pour isoler ceux qui auraient été en contact avec un « cas confirmé » de Covid-19. Ce dispositif peut être complété par la mise en place de deux tentes abritant du matériel de soins intensifs et de réanimation, comme c’est le cas à Niamey.

Par ailleurs, Barkhane a augmenté ses capacités de stockage et de production d’oxygène, dans le cas où l’état de militaires tombés malades auraient besoin d’une assistance respiratoire. Pour cela, elle utilise une Usine Mobile de Production d’Oxygène Liquide [UMPOL] installée à N’Djamena. Ce dispositif aspire l’air ambiant, le compresse, le filtre avant de le liquéfier. Ensuite, l’oxygène est stocké sous forme liquide puis gazéifié et mis en bouteille.

Évidemment, l’application stricte des « gestes barrières » [distanciation, hygiène personnelle, lavage fréquent des mains, réduction de son spectre relationnel] est un autre pilier de la stratégie « anti-covid19 ». Et elle est donc fortement recommandé aux militaires de Barkhane.

« Les chefs rappellent en permanence aux soldats les mesures barrières à adopter entre militaires français, avec les forces armées partenaires ou vis-à-vis des populations locales. Le personnel a également pour consigne de ne pas se rendre dans les unités voisines. De même, les véhicules ne partent pas sur le terrain sans être munis de gel hydroalcoolique ainsi que de marqueurs pour que chaque soldat puisse noter son nom sur ses bouteilles d’eau », explique l’EMA.

Début avril, il avait été rapporté que quatre militaires de Barkhane avaient été testés positifs au Covid-19. Depuis, le général François Lecointre, le chef d’état-major des armées [CEMA] a seulement fait état de « quelques cas », sans plus de précision.

Photo : EMA / Archive

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