La DGSE déplore la faiblesse du niveau des candidats à certains de ses concours ouverts aux civils

Chaque année, la Direction générale de la sécurité extérieure [DGSE] organise plusieurs concours pour recruter les spécialistes civils dont elle a besoin. Comme dans la Fonction publique, ces derniers relèvent de trois catégories principales [A, B et C] selon leur niveau de formation.

Ainsi, un civil ayant obtenu au moins une licence peut prétendre à rejoindre le corps des attachés de la DGSE [catégorie A], lesquels sont chargés des « fonctions de conception, d’expertise, de gestion ou de pilotage d’unités administratives ou spécialisées » et « peuvent exercer des fonctions exigeant des connaissances particulières en matière de traitement de l’information ».

Les candidats à ce concours doivent réunir plusieurs qualités, qui en feraient presque des « moutons à cinq pattes ».

Ainsi, la DGSE souligne qu’elle cherche des candidats « à la fois créatifs et rigoureux, dans l’initiative mais acceptant le poids des procédures, ouverts sur le monde et profondément patriotes, capables de se spécialiser dans un domaine durant quelques années tout en restant fondamentalement de bons généralistes, attirés par le terrain tout en appréciant les tâches propres à un travail d’administration centrale [rédaction, analyse, etc.], désinhibés et audacieux tout en sachant faire preuve de discrétion, d’autocontrôle et irréprochables sur le plan déontologique ainsi que stables psychologiquement, sachant alternativement évoluer en totale autonomie et travailler en équipe au sein d’une administration fortement hiérarchisée, ayant des dispositions pour le management sans que ce soit le cœur de leur motivation, ayant le sens de l’humour et de l’autodérision tout en étant capables de gravité et de fermeté quand les circonstances l’exigent ».

Cependant, dans le rapport du jury du concours externe pour l’accès au corps des attachés diffusé l’an dernier sur le site de la DGSE [.pdf], plusieurs candidats ont répondu aux attentes des recruteurs. Du moins, y est-il écrit, ils ont présenté un « excellent potentiel » pour intégrer la « Piscine ».

« Le jury se réjouit que de jeunes femmes et de jeunes hommes aux CV impressionnants, ayant accumulé de riches expériences et forts de personnalités talentueuses, trouvent leur vocation dans un métier hors-norme pour la défense des intérêts supérieurs du pays. Le jury, qui a eu l’honneur de les sélectionner, est impatient de les voir servir à la DGSE », s’est félicité ce rapport.

Cela étant, le jury s’était montré plus critique s’agissant du niveau de certains candidats dans le rapport qu’il avait publié en 2018 [.pdf]. Ainsi, avait-il relevé, « un faible nombre de candidats a démontré une réelle curiosité pour les métiers du renseignement et ont par exemple été capables de citer une grande figure de l’histoire du Service ou une œuvre de fiction relative à l’espionnage autre que le Bureau des Légendes », la série télévisée qui explique, en partie, l’engouement pour la DGSE.

Et il s’était « étonné » de réponses données par les candidats, soulignant des « lacunes difficilement compréhensibles » parmi ceux ayant choisi l’option géopolitique. « Le jury a ainsi eu la surprise de voir des candidats fraîchement sortis d’études en relations internationales incapables de résumer les origines et l’actualité du conflit au Mali, pourtant premier théâtre d’intervention extérieure du ministère des Armées », est-il affirmé dans ce document.

Mais c’est surtout le concours donnant l’accès, en cas de réussite, au corps des secrétaires administratifs spécialisés [SAS, catégorie B] qui concentre les critiques du jury chargé d’examiner les candidatures. En 2019, pour 14 postes, sur les 400 candidats s’y étaient inscrits, 251 se sont effectivements présentés aux épreuves. Et seulement 60 ont passé l’épreuve orale d’admission.

« Les moyennes des notes obtenues par les candidats à l’issue des épreuves d’admissibilité s’échelonnent entre 1,20/20 et 16,00/20. Les notes moyennes obtenues par les candidats admissibles à l’issue de l’épreuve d’admission s’échelonnent entre 12,64/20 et 15.99/20 », avance le rapport du jury, publié sur le site de la DGSE le mois dernier [.pdf].

Aussi, le jury a déploré le « niveau global des candidats moyen malgré une majorité de profils ayant suivi des cursus universitaires de deuxième cycle [niveau Master 2] » et aussi « noté une forte disparité de niveaux selon les spécialités des candidats, ceux des filières ‘Rédaction, administration générale’ et ‘Arabe littéral’ étant très en deçà du niveau attendu pour un emploi de secrétaire administratif spécialisé. »

Alors que deux postes relevant de la spécialité « Langues : arabe littéral » étaient ouvert, aucun des candidats n’a été retenu, faute d’avoir démontrer une « connaissance suffisante de la DGSE et de ses missions pour pouvoir se projeter, avec conviction, dans un poste correspondant à cette spécialité. »

En outre, le jury a relevé que « certains candidats n’ont pas respecté les règles d’usage, n’ont pas non plus compris l’épreuve des 10 minutes d’introduction et se sont présentés à l’oral sans y être préparés, improvisant une présentation rapide de leur parcours alors qu’il était attendu un exposé structuré mettant en avant leurs motivations à intégrer la DGSE en tant que SAS. »

Or, le manque de préparation et de connaissances est « rédhibitoire » pour prétendre à rejoindre la DGSE, insiste le jury, qui également déploré le manque de soin apporté par les cadidats à la rédaction de leur CV et de leur lettre de motivation. « Il est regrettable d’y constater la présence de nombreuses fautes d’orthographe alors que ces documents sont la première impression que se fait le jury du candidat. Trop généralistes ou identiques à ceux adressés à d’autres concours, ils ne permettent pas de saisir les motivations spécifiques du candidat. Lacune qui se retrouve ensuite bien souvent dans le discours tenu pendant l’entretien », conclut le rapport.

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