Covid-19 : L’Agence de l’innovation de Défense soutient un collectif ayant mis au point un respirateur peu coûteux

La semaine passée, la cellule « investigation » de Radio France a avancé que les 10.000 respirateurs commandés par l’État auprès d’Air Liquide, associé à PSA, Valeo et Schneider Electric, allaient être inadaptés, du moins pour la plupart, aux malades atteints de Covid-19 placés en réanimation.

En effet, les 8.500 respirateurs « Osiris 3 », vendus à prix coutant, seraient utiles « que dans les cas de transports les plus simples, mais pas pour une salle de réanimation où sont traités les malades à risques. »

Cependant, le gouvernement n’a pas manqué de réagir à cette information. « Il s’agit de respirateurs d’urgence et de transport, bénéficiant de toutes les certifications utiles par les agences sanitaires, dont le marquage CE. Leur usage en service de réanimation, en cas d’indisponibilité de respirateurs plus lourds et en dernier recours, avait été validée par la société française d’anesthésie et de réanimation et la société de réanimation de langue française », a-t-il fait valoir à propos des modèles Osiris 3.

Quoi qu’il en soit, une autre solution pour doter les services de réanimation de respirateurs adaptés aux malades de Covid-19 et à bas coût a vu le jour, grâce à l’implication de « Makers for Life« , un collectif ayant vu le jour à Nantes au début de la crise sanitaire et réunissant 250 entrepreneurs, industriels, chercheurs ou professionnels de santé nantais… et à un financement du ministère des Armées, via l’Agence de l’innovation de Défense [AID], et de la région Auvergne Rhône Alpes.

Étant donné qu’un respirateur traditionnel dispose d’un large éventail de fonctionnalités pour prendre en charge des pathologies diverses, l’idée du collectif Makers for Life a été de garder que les seules qui sont utiles pour les patients atteints de Covid-19.

À l’initiative de Quentin Adam, un jeune entrepreneur de 31 ans, ce collectif a rapidement fédéré plusieurs compétences autour de lui, avec l’appui du Commissariat à l’énergie atomique et aux énergies alternatives, du CHU de Nantes et de l’Université de Nantes. Ce qui a donc permis de mettre au point « MakAir », un respirateur robuste, simple à produire et ne coûtant pas plus de 1.000 euros [soit 10 à 40 fois moins que les modèles actuels].

Développer un nouveau respirateur ne se fait pas en claquant des doigts. Les 250 membres du collectif ont travaillé d’arrache-pied, en mode « start-up », pour concevoir le « MakAir ». Ce projet a été l’un des 2.550 reçus par l’AID à l’occasion de son appel lancé le 26 mars dernier.

Le concept ayant fait mouche, l’AID a donc décidé de le financer à hauteur de 426.000 euros. « Cette contribution couvre la production de prototypes, la conduite d’essais cliniques et la documentation nécessaire à l’obtention d’un agrément par l’Autorité nationale de sécurité du médicament [ANSM] », a précisé le ministère des Armées, via un communiqué.

« MakAir vise le développement, dans des délais courts, d’un respirateur pour le traitement d’urgence des patients en détresse respiratoire aigüe, infectés par le Covid-19. La conception de ce respirateur s’inspire de celle des respirateurs légers déjà utilisés dans les hôpitaux. Il est pensé pour être simple, facile à produire et le moins onéreux possible, tout en étant éligible à l’agrément de l’ANSM », poursuit le ministère, qui souligne que, à très court terme, « plusieurs centaines d’unités pourraient être fabriquées par jour, en France comme à l’international. » Renault, Michelin, le groupe Seb et Legrand sont sur les rangs pour en assurer la production.

Pour rappel, l’AID a déjà accordé deux autres financements, dans le cadre de son appel à projets. Ainsi, une enveloppe d’un million d’euros a débloquée au profit de NG Biotech, pour un test sérologique permettant de détecter rapidement si une « personne est infectée par le virus depuis quelques jours seulement et reste contagieuse, ou si elle l’a été, est guérie et donc immunisée ». Et l’entreprise BforCure a reçu 1,8 millions d’euros  pour son automate mobile, modulaire et connecté, capable d’effectuer en moins de 30 minutes un dépistage d’une infection au coronavirus SRAS-Cov-2 [responsable du Covid-19, ndlr].

Photo : collectif Makers for Life

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