US Navy : Une étude interne du Pentagone préconise de réduire le nombre de porte-avions

Actuellement, la marine américaine dispose de 10 porte-avions appartenant à la classe Nimitz, auquel il faut ajouter l’USS Gerald Ford, tête de série d’une nouvelle classe de navires. Mais ce dernier n’est pas encore opérationnel.

Or, une loi fédérale américaine fixe à 10 le nombre minimal de porte-avions que l’US Navy doit mettre en oeuvre. Et, comme l’a affirmé le président Trump, il est question de porter à nouveau à 12 le nombre de ce type de navire, conformément, d’ailleurs, au Fleet Response Plan de 2003, lequel exige de l’US Navy d’être en mesure de déployer, à tout moment, au moins 6 groupes aéronavals.

Cependant, depuis quelques semaines, plusieurs signaux suggèrent que l’objectif affiché par l’actuel locataire de la Maison Blanche ne sera pas tenu, à la fois pour des raisons budgétaires et stratégiques.

En janvier, alors qu’il était encore secrétaire par intérim à l’US Navy, Thomas Modly avait estimé que le nombre de porte-avions Nimitz et Ford serait inférieur à 12. Soulignant le coût élevé de ces navires, qu’il qualifia de « cibles attrayantes », il avait afffirmé que les « responsables devaient se se montrer plus réalistes quant à ce qui sera réalisable au cours de la prochaine décennie, au lieu de planifier une future marine » qui ne pourra qu’être opérationnelle « quand nous serons tous morts. »

Puis, le mois dernier, M. Modly a mis sur pied un groupe d’étude qui, appelé « Futur Carrier 2030 », doit livrer un rapport sur le rôle de l’aviation navale embarquée dans un contexte marqué par les rivalités avec la Chine et la Russie ainsi que par l’apparition de nouvelles menaces et autres armes, comme les missiles hypersoniques. Pour le désormais ancien secrétaire à l’US Navy, il fallait engager une telle réflexion avant de poursuivre la construction des nouveaux porte-avions de la classe Gerald Ford, dont quatre ont d’ores et déjà été commandés.

Dans le même temps, le Bureau du secrétaire à la Défense [OSD – Office of the Secretary of Defense], qui responsable de la l’élaboration des politiques, de la planification, de la gestion des ressources et de l’évaluation des programmes au sein du Pentagone, a mené sa propre étude sur la structure que devra avoir l’US Navy à l’horizon 2030, avec l’objectif d’une flotte à 355 navires.

Selon Defense News, l’OSD vient de rendre ses premières conclusions. Résultat : il serait demandé à l’US Navy de retirer du service deux de ses porte-avions « géants » et donc de se contenter de 9 navires de ce type.

« La suppression de deux porte-avions changerait définitivement la façon dont la marine aborde sa présence dans le monde et l’obligerait à repenser son modèle de projection de puissance », a commenté le capitaine de vaisseau [en retraite] Jerry Hendrix, analyste au sein du groupe Telemus. À noter que ce dernier plaide depuis maintenant pour une telle évolution. En 2013, il avait remis en cause la pertinence des porte-avions géants dans une note publiée par le Center for a New American Security, estimant que de tels navires allaient devenir trop vulnérables face aux sous-marins et aux missiles.

Si le format à 9 porte-avions est retenu, alors l’US Navy ne commanderait probablement pas plus de quatre navires de la classe Gerald Ford. En effet, les USS Nimitz, USS Dwight D. Eisenhower et USS Carl Vinson doivent être retirés du service d’ici 2030. Et l’USS Theodore Roosevelt ainsi que USS Abraham Lincoln connaîtront un sort identique durant les années suivantes.

Avec un format réduit à 9 porte-avions « géants », l’US Navy n’aurait que 6 ou 7 d’entre-eux opérationnels à tout moment, sachant qu’il lui faudra jongler avec les périodes de régénération et de maintenance [sur ce point, une plus grande latitude sera donnée grâce aux navires de la classe Gerald Ford, conçus justement pour que les opérations de maintenance soient moins nombreuses].

Cela étant, l’US Navy et l’US Marine Corps [|USMC] envisagent une plus grande intrication dans les opérations à venir. Ce qui pourrait passer par la mise en avant du concept de « lightning carrier« , c’est à dire des navires moins imposants mais pouvant tout de même mettre en oeuvre un nombre assez important d’avions de combat. C’est, d’ailleurs, ce qui se passe actuellement en mer de Chine méridionale : la présence navale américain y est assurée par l’USS America [et ses F-35B] alors que le porte-avions USS Theodore Roosevelt est hors course à cause de l’épidémie de Covid-19.

Par ailleurs, l’étude de l’OSD préconise également de geler le nombre de destroyers et de croiseurs en service au sein de l’US Navy et faire un effort sur les « petits » navires de surface, dont le nombre devrait être porté à 55, dont 35 Littoral Combat Ship [LCS], le reste devant être complété par les frégates issues du programme FFG (X).

Enfin, l’OSD insiste également sur la nécessité de doter la marine américaine de navires sans équipage. En 2019, cette dernière avait d’ailleurs demandé une enveloppe de 400 millions de dollars pour financer la mise au point de deux bâtiments de ce genre, affichant un déplacement de 2.000 tonnes pour une longueur de 60/90 mètres.

« Face un adversaire potentiel [la Chine, ndlr] qui produit des navires à un rythme élevé, nous devons changer notre façon de penser », avait récemment estimé l’amiral Mike Gilday, le chef de l’US Navy. Cela étant, l’état-major chinois fait le même calcul : en janvier, il a été rapporté que le navire sans équipage JARI-USV, développé conjointement par  les instituts de recherche CSSC 716 et CSSC 702 venait d’effectuer ses premiers essais en mer.

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