L’équipage d’un navire de la marine taïwanaise touché par l’épidémie de Covid-19

Ne faisant pas partie de l’Organisation mondiale de la santé [OMS] en raison des pressions exercées par Pékin, Taïwan est l’un des rares pays à avoir réussi à contenir l’épidémie de Covid-19, malgré sa proximité géographique et ses liens économiques la Chine. Et, il y a encore quelques jours, l’île comptait encore un peu moins 400 cas et 6 décès dus à cette maladie infectueuse.

Cependant, la situation risque d’évoluer défavorablement après la découverte, le 18 avril, de trois cas de Covid-19 parmi l’équipage du ROCS Pan Shi, un navire de soutien logistique, récemment engagé dans une mission entamée au début du mois de mars, aux côtés de la frégate légère furtive ROCS Kang Ding et la frégate de type Oliver Hazard Perry ROCS Yueh Fei.

Depuis, la marine taïwanaise a détecté 21 cas supplémentaires parmi les marins du ROCS Pan Shi. Cela a motivé la mise en quarantaine de l’ensemble des équipages ayant pris part à cette mission. Ce qui concerne plus de 700 personnes au total.

Seulement, cette contamination à bord du navire logistique taïwanais interroge. Le 13 mars, les trois bâtiments ont accosté sur l’archipel des Palaos, qui, encore aujoud’hui, ne compte aucun cas de Covid-19. Puis, après cette visite de courtoisie, qui aura duré trois jours, la formation taïwanaise est restée en mer jusqu’au 9 avril.

Là, et au bout de 45 jours de mission, le ROCS Pan Shi a regagné son port d’attache, à Kaohsiung. Pour autant, ses marins n’ont pas été autorisés à débarquer tout de suite : tous ont été confinés à bord durant six jours. Ce n’est que le 15 avril qu’ils ont pu mettre le pied à terre. Et les trois cas de Covid-19 ont été détectés trois jours plus tard.

D’où les interrogations : comment et quand ces trois marins ont-ils pu être contaminés? Et, comme pour les porte-avions Charles de Gaulle et USS Theodore Roosevelt, le virus s’est rapidement propagé puis le nombre de cas positifs a été multiplié par sept en moins de 48 heures. Pour rappel, l’incubation du SARS Cov-2 [le virus responsable du Covid-19] est de 6 jours en moyenne. Mais la durée peut aller jusqu’à 12 jours.

En attendant de connaître les causes de cette contamination, les autorités taïwanaises ont contacté, par SMS, plus de 200.000 personnes ayant pu avoir été en contact avec les 700 marins mis en quarantaine.

Durant la mission du ROCS Pan Shi, plusieurs marins ont consulté les médecins du bord : cinq pour la fièvre et dix autres pour des problèmes respiratoires. Mais le ministère taïwanais de la Défense, qui a apporté ces précisions, n’a pas dit qu’il s’agissait de cas de Covid-19…

Cependant, jusqu’à ce qu’il communique sur ce sujet, le contre-amiral Chen Tao-hui, le commandant de la flotte, était soupçonné d’avoir caché ces cas de marins malades durant la mission. « Je jure sur ma vie que je n’ai caché absolument aucune infection », s’est-il défendu. « En tant que soldats, nous préférerions mourir en mer, mourir sur notre bateau. Je ne laisserais pas le virus mettre en danger nos concitoyens que nous devons protéger », a-t-il ajouté.

Rappelant la chronologie de la mission à laquelle a participé le ROCS Pan Shi, un député taïwanais s’est demandé pourquoi les navires ont mis 19 jours pour revenir à leur port d’attache après leur départ de l’archipel des Palaos. « À ma connaissance, les jours supplémentaires passés pendant le voyage de retour étaient destinés à effectuer une mission confidentielle… Ils [les marins] n’étaient pas en vacances, et les gens ne devraient pas être trop durs avec la mission et la Marine », a ainsi affirmé Wang Ting-yu, via sa page Facebook.

Quoi qu’il en soit, la contamination d’un navire de la marine taïwanaise est devenue une affaire politque. Le ministre de la Défense, Yen Teh-fa, s’est excusé auprès des Taïwanais, des marins affectés et de leurs familles, pour avoir approuvé la mission qu’ils ont effectuée. Et il a mis sa démission sur la table. « Ceux qui doivent être punis seront punis » et des responsables au sein de la marine seront sanctionnés, a-t-il aussi assuré.

« Je suis la commandante en chef, les affaires militaires sont mes affaires et ma responsabilité », a déclaré la présidente taïwanaise, Tsai Ing-wen, lors d’un discours télévisé. « Il y a eu des carences graves dans les mesures de prévention de la pandémie de la marine durant cette mission, ce qui a mis la population en danger. Je veux présenter mes excuses », a-t-elle ajouté.

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