Airbus veut débuter la phase de certification du système de ravitaillement en vol automatique de l’A330 MRTT en 2021

En mars 2017, Airbus fit savoir que des premiers essais de son système de ravitaillement en vol automatisé [A3R, pour Air-to-air refuelling] venaient d’être réalisés avec succès. Installée à bord d’un A310 MRTT, cette capacité avait en permis d’établir six contacts automatiques « à sec » [c’est à dire sans transfert de caburant] avec une F-16 de la force aérienne portugaise en un peu moins d’une heure.

Avec ce système, rien ne change pour l’avion qui doit recevoir le carburant. Et il n’a besoin d’aucun dispositif supplémentaire pour effectuer une telle manoeuvre. « Des techniques passives novatrices telles que le traitement d’image sont ensuite utilisées pour déterminer la position du réceptacle de ravitaillement du récepteur et lorsque le système automatisé est activé, un système de commande de vol entièrement automatisé dirige le boom vers le réceptacle » du receveur, avait expliqué Airbus à l’époque.

Plus d’un an plus tard, le même système automatisé fut testé avec un A310 MRTT et un KC-30A de la Royal Australian Air Force [RAAF], c’est à dire un A330 MRTT ayant tenu le rôle de l’avion récepteur. Là, sept contacts furent établis au large de l’Espagne en deux heures.

« Il était extrêmement impressionnant de voir avec quelle précision le système A3R suit le récepteur. Il peut être très utile de pouvoir faire le plein d’un autre ravitailleur ou ou d’un autre avion de transport, par exemple pour étendre son autonomie […] Mais c’est aussi une opération difficile et ce système a le potentiel de réduire la charge de travail et les risques qu’elle suppose », fit valoir Airbus.

Depuis, les travaux pour intégrer ce système automatisé se sont poursuivis. L’objectif étant d’en doter l’A330 MRTT, une campagne d’essais a eu lieu il y a quelques semaines, avec le concours de F-16 portugais. Et les résultats ont été à la hauteur des attentes d’Airbus

« La campagne a totalisé 45 heures d’essais en vol et 120 contacts secs avec le système A3R », a précisé l’industriel, dans un communiqué publié le 17 avril.

Concrètement, avec l’A3R, la perche de ravitaillement manoeuvre et tient alignée son extrémité de la perche avec le réceptacle de l’avion ravitaillé avec une précision de l’ordre de quelques centimètres. L’alignement et la stabilité du récepteur sont vérifiés en temps réel pour maintenir une distance de sécurité et définir le moment opportun pour effectuer la connexion.

Une fois que le contact établi entre la flêche et le réceptacle, le transfert du carburant peut commencer. Puis, le plein fait, la flêche se rétracte. Le rôle de l’opérateur de ravitaillement en vol [ORV] se limite à surveiller l’opération.

« Le système A3R ne nécessite aucun équipement supplémentaire sur l’avion récepteur et est destiné à réduire la charge de travail des opérateurs de ravitaillement en vol, à améliorer la sécurité et à optimiser le taux de transfert de ravitaillement en vol dans les conditions opérationnelles […]. L’objectif du système A3R est de développer des technologies qui atteindront des capacités entièrement autonomes », explique Airbus.

Et, histoire de lancer une pierre dans le jardin de Boeing, qui connaît quelques difficultés avec son K-46A « Pegasus » [l’US Air Force estime qu’il n’est pas encore prêt pour être engagé en opération…], Airbus n’a pas manqué de souligner que cette « étape clé » confirme « une fois de plus » que l’A330 MRTT est la « référence mondiale » pour les opérations de ravitaillement actuelles et futures.

Pour que ce système ARO soit opérationnel, il lui faut obtenir une certification. Aussi, Airbus a précisé que la procédure en vue de l’obtenir débutera en 2021.

Automatiser la procédure de ravitaillement en vol est une capacité que devra mettre au point Boeing dans le cadre du drone ravitailleur MQ-25A Stingray, destiné à l’US Navy. Cette dernière s’attend à disposer d’une capacité opérationnelle initiale à partir de 2024.

Par ailleurs, si Airbus a réussi à automatiser le transfert de carburant depuis un avion ravitailleur, l’américain Northrop Grumman a fait l’inverse, avec le démonstrateur de drone de combat X-47, ce dernier étant parvenu, en toute autonomie, à insérer sa perche de ravitaillement dans le panier « entonnoir » situé à l’extrémité du tuyau souple d’un KC-707 « Omega ».

Photo : Airbus 

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