Méditerranée : L’US Navy dénonce une seconde interception russe « dangereuse » de l’un de ses avions

Le 15 avril, l’US Navy a dénoncé les manoeuvres dangereuses effectuées par un chasseur Su-35 « Flanker E » russe près de l’un des avions de patrouille maritime P-8A Poseidon, qui était alors en mission dans l’espace aérien international, au-dessus de la Méditerranée. Un tel incident n’était pas inédit puisqu’une telle « rencontre » avait déjà eu lieu en juin 2019.

Mais, a priori, l’activité de la marine russe dans le secteur doit actuellement être importante. Car, le 19 avril, la marine américaine a publié un nouveau communiqué pour dénoncer, une fois encore, le comportement d’un Su-35 russe près d’un P-8 Poseidon lors d’une mission identique à celle réalisée quelques jours plus tôt.

Lors de l’incident évoqué le 15 avril, l’US Navy avait accusé le Su-35 d’avoir effectué une « manoeuvre inversée à grande vitesse » à « 25 pieds [7,62 mètres] du P-8A Poseidon, ce qui avait généré des turbulences ayant mis en danger son équipage.

Celui qu’elle a signalé le cinq jours plus tard est du même ordre. Le P-8A Poseidon évoluait dans l’espace aérien international quand, selon l’US Navy, il a été intercepté à deux reprises par un Su-35 russe. L’appareil américaine devait se trouver au large de la Syrie, où les forces russes disposent de facilités, comme à Tartous [base navale] et à Hmeimim [base aérienne].

La première interception a été jugée « sûre et professionnelle ». Ce qui n’a pas été le cas pour le seconde, le Su-35 ayant effectué une manoeuvre « dangereuse et non professionnelle » étant donné qu’il s’est approché, là encore, à moins de 25 pieds de l’avion de patrouille américain, exposant ce dernier à des turbulences.

Selon l’US Navy, qui a diffusé une vidéo à l’appui de ses affirmation, le P-8A, qui « volait à altitude et vitesse constantes » a manoeuvré pour prendre du champ et assurer ainsi la « sécurité des deux appareils ».

« Les actions inutiles du pilote russe SU-35 étaient incompatibles avec une bonne maîtrise de l’aviation et des règles de vol internationales, compromettant gravement la sécurité de vol des deux appareils », a fait valoir la marine américaine qui, comme il est d’usage désormais, a demandé aux forces russes de respecter l’accord INCSEA qui, négocié en 1972 par les États-Unis et l’Union soviétique, définit un code de bonne conduite dans pareilles situations.

Comme pour l’incident du 15 avril, l’US Navy a assuré que le P-8 Poseidon volait « conformément au droit international » et qu’il « n’a pas provoqué » cette réaction russe.

S’il n’avait pas réagi aux accusations américaines formulées après « l’interaction » du 15 avril, le ministère russe de la Défense a démenti, cette fois, tout comportement dangereux de la part de ses forces.

« Le 19 avril, les systèmes de contrôle russes de l’espace aérien au-dessus des eaux neutres de la mer Méditerranée ont détecté une cible aérienne qui maintenait le cap vers des installations militaires en Syrie. Afin de l’identifier, un avion de chasse de la défense antiaérienne de la base de Hmeimin a décollé », a répondu le minitère russe de la Défense.

Le Su-35 est « rentré à son point de départ après que l’appareil américain a changé sa trajectoire », a-t-il ajouté, avant de faire valoir que les « vols des forces aériennes russes s’effectuent en conformité avec les règles internationales d’utilisation de l’espace aérien au-dessus des eaux neutres. »

Pour rappel, appareil à long rayon d’action, le P-8 Poseidon est un appareil dédié principalement à la lutte anti-sous-marine, grâce à ses capteurs [radar de surveillance maritime AN/APY-10, suite de guerre électronique; bouées acoustiques, etc…] Il est armé de torpilles et de missiles anti-navires.

D’ailleurs, au regard de l’activité des sous-marins russes en Europe, l’Inspection générale du Pentagone a fait savoir qu’elle allait ouvrir une enquête pour vérifier « si l’état de préparation de la flotte d’avions P-8 Poseidon » de l’US Navy « répondait » aux exigences de la guerre anti-sous-marine.

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