Mission Foch : Sur 1.767 marins du groupe aéronaval testés au Covid-19, 668 se sont révélés positifs

Lors de son audition par la commission sénatoriale des Affaires étrangères et de la Défense, la ministre des Armées, Florence Parly, avait indiqué, au sein des force, il y avait au 10 avril « 369 cas confirmés, 867 cas déclarés […] et 3.800 cas probables et possibles. »

À cette date, on savait déjà qu’il y avait une cinquantaine de cas de Covid-19 à bord du porte-avions Charles de Gaulle, sur 66 tests réalisés par l’équipe du Service de Santé des Armées [SSA] dépechée sur le navire. Et que trois marins avaient été évacués vers l’hôpital d’instruction des Armées [HIA] Sainte-Anne, à Toulon.

Depuis, les navires du groupe aéronaval constitué autour du Charles de Gaulle ont regagné leurs bases respectives, la mission Foch, dans laquelle ils étaient engagés, ayant été écourtée d’une dizaine de jours.

À Toulon, les marins du porte-avions et de la frégate de défense aérienne [FDA] Chevalier Paul ont été mis à l’isolement pour deux semaines dans des enceintes militaires varoises. Et tous doivent être subir des tests.

Les premiers résultats ont fait l’objet d’une communication de la part du ministère des Armées le 15 avril. Et visiblement, l’épidémie de Covid-19 a été galopante, comme pour le porte-avions américain USS Theodore Roosevelt, qui comptait, au 12 avril, plus de 10% de marins contaminés [sur un équipage de près de 5.000].

Ainsi, selon les chiffres dévoilés par le ministère des Armées, « en date du 14 avril au soir, 1.767 marins du groupe aéronaval ont été testés. La grande majorité de ces tests concerne à ce stade des marins du porte-avions. 30% de ces tests n’ont pas encore livré leurs résultats. 668 se sont révélés positifs. » Soit un tiers des marins testés.

Parmi ces derniers, 31 ont été admis à l’hôpital Saint-Anne, dont un en réanimation.

À Brest, l’enquête épidémiologie menée bord de la frégate anti-sous-marine [FASM] La Motte-Picquet n’a pas montré de cas positifs. Les marins ont donc été « autorisés à respecter une période de confinement à domicile », indique le ministère des Armées.

La situation est différente pour l’équipage du Bâtiment de commandement et de ravitaillement [BCR] Somme. L’enquête conduite à son bord a permis d’autoriser une centaine de marin à rejoindre leur domicile pour y passer une période de confinement. En revanche, environ 60 marins ont été placés en « confinement strict » au Centre d’Instruction Naval [CIN] de Brest par « précaution ».

« Nous ne savons pas comment les marins du Charles-de-Gaulle ont été contaminés », avait dit Mme Parly aux sénateurs, lors de son audition. « Beaucoup de porteurs du virus ne présentent pas de symptômes, surtout quand ils sont jeunes, ce qui est le cas de la majorité des marins… Mais nous avons besoin de certitudes, et l’étude épidémiologique sera menée jusqu’à son terme », avait-elle expliqué.

L’hypothèse apparemment la plus plausible est que l’épidémie de Covid-19 s’est invitée à bord du porte-avions lors de son escale à Brest, le 13 mars dernier. Pour réduire le risque d’une contamination, les familles ne furent pas autorisées à monter à bord. Mais il avait été permis à certains marins avaient de mettre pied à terre pendant que les mesures de nettoyage étaient renforcées sur le navire.

Selon ce que l’on sait pour le moment au sujet du SARS-Cov2, le coronavirus responsable de la maladie Covid-19, la période d’incubation est en moyenne de 5 jours, avec des extrêmes de 2 à 12 jours. À la différence de la grippe, les symptômes se déclarent progressivement.

Cela étant, d’après les propos tenus par un marin [anonyme] testé positif au Covid-19 auprès de France Inter [journal de 7 heures, ce 16 avril], des membres de l’équipage auraient présenté des symptômes avant l’escale brestoise…

« L’armée a joué avec notre santé, notre vie », a-t-il dit. Selon lui, le « pacha » du porte-avions « aurait proposé d’interrompre la mission dès la mis mars, quand le Charles de Gaulle était en escale à Brest », rapporte France Inter. Et d’ajouter : « À ce moment-là, plusieurs marins présentaient déjà les symptômes du coronavirus et le pacha aurait souhaité confiner immédiatement l’équipage. Cette proposition aurait été refusée par le ministère des Armés. »

Pour rappel, après son déploiement en Méditerranée et son escale à Brest, le groupe aéronaval devait entamer la deuxième partie de la mission Foch, avec un déploiement en mer du Nord et en Manche.

Avant d’arriver de franchir le détroit de Gibraltar, le Charles de Gaulle avait eu une « interaction », le 3 mars, avec le porte-avions américain USS Dwight D. Eisenhower, lequel n’a pas déclaré de cas de Covid-19 à son bord depuis.

Quoi qu’il en soit, une enquête de commandement a été ordonnée par l’amiral Christophe Prazuck, le chef d’état-major de la Marine nationale, afin de « tirer tous les enseignements de la gestion de l’épidémie au sein du groupe aéronaval. »

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