Mme Parly fait valoir que le budget des armées aura un « rôle particulier » à jouer pour relancer l’économie

En raison des mesures prises pour limiter la progression de l’épidémie de Covid-19, les indicateurs économiques ne cessent de se dégrader. Alors qu’il était question d’un recul de 6% du PIB la semaine passée, on parle désormais d’une chute de -8%. Et le gouvernement a déjà présenté deux projets de loi de finances rectificative [PLFR] pour l’année 2020 en l’espace d’un mois.

Évidemment, l’économie française étant en panne, avec une baisse estimée des recettes fiscales de 42,7 milliards d’euros, et même si l’Union européenne [UE] a annoncé la la suspension de ses règles de discipline budgétaire [dont celle des 3% de déficit], il y a de quoi s’interroger sur le niveau du budget de la mission « Défense ». Et sur le respect de la trajectoire financière définie par la Loi de programmation militaire [LPM] 2019-25, qui, contrairement à ce qu’a récemment affirmé François Dumas, la président de la commission de la Défense à l’Assemblée nationale, n’est pas exprimée en pourcentage de PIB [heureusement d’ailleurs…].

Pour le moment, les deux PLFR présentés par le gouvernement n’ont pas touché aux crédits militaires. Ces derniers devront prendre en charge le coût de l’opération Résilience qui, lancée par le président Macron le 25 mars dernier, a mobilisé des moyens aériens ainsi que les trois porte-hélicoptères amphibie [PHA].

« Il est un peu tôt pour parler du coût de l’opération Résilience, d’autant qu’il faudra apprécier l’impact de cette crise sur le budget global des armées : certaines activités ont été moins importantes que prévu, aussi », a relevé Florence Parly, la ministre des Armées, lors d’une audition devant la commission sénatoriale des Affaires étrangères et des Forces armées, la semaine passée [le compte-rendu vient d’être rendu public, ndlr].

En outre, a fait observer Mme Parly, le Covid-19 « change parfois nos plans, mais ne nous fait pas dévier de nos missions, et ne met pas à mal nos combats » car le « virus ne fait pas disparaître les menaces contre la France, et la lutte contre le terrorisme reste une priorité, tant à l’intérieur qu’à l’extérieur de notre territoire. »

Cela étant, le ministère des Armées s’attache à faire en sorte que ses fournisseurs ainsi que les entreprises de l’armement puissent garder la tête hors de l’eau durant cette crise. « J’ai demandé au délégué général pour l’armement de porter une attention spéciale à la trésorerie des PME, et de réduire les délais de paiement », a précisé Mme Parly.

« Nous avons dressé une cartographie précise de la situation des entreprises de la BITD [Base industrielle et technologique de défense, ndlr]. J’ai rendu visite récemment aux équipes de Nexter, sur le plateau de Satory, et cette entreprise pourra payer ses sous-traitants en moins de cinq jours », a expliqué la ministre.

« Outre la BITD, nous avons de nombreux fournisseurs. J’ai demandé à ce que toutes les factures de moins de 5.000 euros soient traitées selon une procédure accélérée. Depuis le 20 mars, nous en avons payé 22.000, pour un montant de 23 millions d’euros », a continué Mme Parly.

Quoi qu’il en soit, quand la crise sera passée, il faudra bien relancer la machine économique. Et, à ce niveau, le ministère des Armées sera incontournable, grâce au programme 146 « Équipement des Forces », qui représente 27,3% des crédits de la mission Défense.

« Mon ministère, premier investisseur de l’État, aura un rôle particulier à jouer lorsqu’il s’agira de relancer l’économie française. Il dispose, dans ce programme [146], de moyens importants pour faire travailler aussi bien nos grandes industries de défense que le tissu de PME qui les entourent », a en effet souligné Mme Parly.

« Lorsque nous examinerons le prochain budget, je ne doute pas que certains de nos crédits de paiements auront augmenté, afin d’amplifier la relance », a insisté la ministre.

Par ailleurs, Mme Parly a également l’avenir du Service de Santé des Armées [SSA], lequel a été « essoré » au cours de ces dernières années, au point de se trouver en sous-effectif, malgré l’arrêt des déflation décidé en 2017. Or, actuellement, il se trouve en première ligne face à l’épidémie.

« Les effectifs du service de santé des armées ont atteint leur point bas au début de l’année 2017, avec 14.487 équivalents temps plein [ETP]. Nous avons mis fin à leur décroissance, qui a été très importante – 10 % en cinq ans – avant de les porter à 14 775 ETP en 2019 », a rappelé Mme Parly aux Sénateurs. Aussi, quand viendra le moment de tirer les leçons de cette crise, « nous veillerons à ce que les réflexions sur le système de santé publique prennent en compte le service de santé des armées », a-t-elle assuré.

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