Pour le secrétaire général de l’Otan, les Alliés doivent éviter d’être dépendants vis-à-vis de l’extérieur

Lors de sa dernière adresse aux Français, le 13 avril, le président Macron a déclaré que, « à l’évidence » et « comme partout ailleurs », la France n’était pas « assez préparée » pour faire face à la crise liée à l’épidémie de Covid-19.

« Nous avons donc dû parer à l’urgence, prendre des décisions difficiles à partir d’informations partielles, souvent changeantes, nous adapter sans cesse, car ce virus était inconnu et il porte encore aujourd’hui beaucoup de mystères », a dit M. Macron. « Le moment, soyons honnêtes, a révélé des failles, des insuffisances. Comme tous les pays du monde, nous avons manqué de blouses, de gants, de gels hydro-alcooliques. Nous n’avons pas pu distribuer autant de masques que nous l’aurions voulu pour nos soignants, pour les personnels s’occupant de nos aînés, pour les infirmières et les aides à domicile », a-t-il admis.

Aussi, a poursuivi Emmanuel Macron, il « faudra rebâtir une indépendance agricole, sanitaire, industrielle et technologique française et plus d’autonomie stratégique pour notre Europe. » En attendant, des entreprises se sont mobilisées pour parer à l’urgence. en réorientant leurs chaînes de production pour livrer des masques et des respirateurs.

Pourtant, le risque biologique, quelle que soit son origine, avait été cité par la Revue stratégique de 2017, comme le firent également les Livres Blancs sur la Défense et la sécurité nationale [LBDSN] de 2008 et de 2013, ces documents privilégiant toutefois la menace terroriste, voire étatique, plusieurs pays ayant été « suspectés
de mener des programmes de recherche et de développement offensifs. »

Aux États-Unis, des simulations portant sur le risque épidémiologique ont été réalisées au cours de ces dernières années, la dernière ayant même eu lieu au Naval War College de septembre 2019. Nom de code d’une simulation d’attaque bioterroriste conduite en juin 2001, l’opération Dark Winter avait mis en exergue les insuffisances américaines en la matière.

Cela étant, le risque biologique n’était pas qu’une hypothèse ou objet de simulation étant donné qu’il est connu depuis longtemps. Au-delà la grippe espagnole de 1919, les virus A/H2N2 [grippe asiatique] et H3N2 [grippe de Hong Kong] furent particulièrement virulents dans les années 1950 et 1960 . En France, le premier provoqua entre 15.000 et 20.000 décès quand le second fit plus de 30.000 morts en 1968/69. Des épisodes apparemment oubliés… Ce qui a fait perdre de vue quelques évidences.

« Nous devons tirer les enseignements de cette crise et mieux préparer la prochaine », a ainsi commenté Jens Stoltenberg, le secrétaire général de l’Otan, à la veille d’une réunion des ministres de la Défense des pays membres, ce 14 avril.

Selon M. Stoltenberg, désormais, la priorité pour les alliés de l’Otan est de « constituer des stocks » nationaux de produits et de matériel médical. Et surtout, a-t-il ajouté, il s’agira dorénavant d’en relocaliser « la production dans nos pays » pour éviter d’être « trop dépendants » vis-à-vis de l’extérieur [comprendre, de la Chine].

Par ailleurs, a poursuivi M. Stoltenberg, « cette crise va avoir des conséquences économiques » étant donné que la « croissance est touchée et les dépenses publiques également ».

Effectivement, les mesures de confinement décidées afin de ralentir la progression du Covid-19, mettent à mal l’économie des pays concernées. S’agissant de la France, par exemple, la chute du PIB est maintenant estimée à -8% [contre -6% il y a à peine une semaine].

Aussi, les budgets militaires risquent d’en pâtir. Et, avec, l’engagement des Alliés à porter leur dépenses de défense à 2% de leur PIB d’ici 2024.

« Il est trop tôt » pour dire si la crise aura un impact sur cet engagement, a dit M. Stoltenberg. « Les Alliés n’ont pas fourni de données mises à jour et pour l’instant ils mettent l’accent sur les défis immédiats, les moyens pour sauver des vies », a-t-il observé, avant de souligner que les « capacités militaires jouent un rôle important pour aider les efforts civils. »

En attendant, l’Otan cherche « à coordonner le soutien que les Alliés peuvent s’accorder les uns les autres », a précisé M. Stoltenberg. Ce sera d’ailleurs l’enjeu de la réunion des ministres de la Défense, laquelle s’attachera à « examiner moyens d’accélérer et de renforcer ces soutiens. »

« L’Otan cherche à identifier les capacités excédentaires disponibles ainsi que les capacités de transport afin d’aider à un rapprochement », a expliqué M. Stoltenberg. « Mais les menaces et les défis existent toujours », a-t-il fait valoir. « La Russie maintient une présence militaire aux frontières de pays de l’Otan et en Mer Noire. Elle soutient les séparatistes en Ukraine et a renforcé sa présence en Crimée […]. Nous devons donc préserver notre posture de dissuasion et de défense », a-t-il conclu.

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