L’Inde va commander de nouveaux lots de missiles Harpoon et de torpilles Mk54 pour ses P-8I Neptune

Fin février, un avion de patrouille maritime P-8I Neptune de l’Indian Navy a été déployé pendant plusieurs jours à La Réunion, comme cela avait été annoncé par le président Macron quelques mois plus tôt. « Nous partageons ensemble l’analyse d’une sécurité maritime conjointe dans le sud de l’Océan Indien et nous travaillons à la mise en place de missions de surveillance commune », avait-il en effet déclaré, en octobre 2019.

Dans le même temps, signe de l’importance stratégique de l’océan Indien, la marine chinoise y a récupéré 12 « gliders », c’est à dire des planeurs sous-marins conçus pour collecter des données sur le milieu marin [turbidité, salinité, température, courants, etc] qu’elle avait lancées en décembre. Une telle opération avait déjà été menée en mer de Chine méridionale en 2017. Le but est de pouvoir améliorer la connaissance d’une zone maritime donnée pour les sous-marins.

Cet intérêt de la Chine pour l’océan Indien préoccupe l’Inde, qui redoute d’être « encerclée », d’autant plus que l’Armée populaire de libération [APL] dispose de facilités dans plusieurs pays de la région. Aussi, New Delhi s’attache à renforcer ses moyens de patrouille maritime, lesquels reposent en partie sur 8 avions P-8I Neptune, acquis auprès de Boeing en 2010. Cette flotte sera prochainement renforcée, après la livraison de quatre exemplaires supplémentaires [contrat signé en 2016] et le commande de 6 autres unités, décidée en novembre 2019.

Pour rappel, le P-8I Neptune est une variante du P-8A Poseidon développée spécialement pour l’Inde. Il est doté d’un radar APS-143 OceanEye et de technologies anti-sous-marine [ASW] les plus modernes. Côté armement, il peut emporter des missiles anti-navires AGM-84L Harpoon Block II ainsi que des torpilles légères MK 54 LWT.

Étant donné que le nombre de P-8I Neptune en service va prochainement augmenter [le premier des quatre exemplaires commandés en 2016 doit être livré incessamment sous peu], l’Inde envisage naturellement d’acquérir des munitions supplémentaires. D’où l’avis que vient de publier la Defense Security Cooperation Agency [DSCA], l’agence chargée des exportations américaines d’équipements militiaires.

Ainsi, cette dernière recommande au Congrès d’accepter la vente à l’Inde de 10 missiles AGM-84L Harpoon Block II pour 92 millions de dollars et de 16 torpilles Mk 54 pour 63 millions.

« Cette vente proposée soutiendra la politique étrangère et la sécurité nationale des États-Unis en aidant à renforcer la relation stratégique américano-indienne et à améliorer la sécurité d’un partenaire défensif majeur, qui continue d’être une force importante pour la stabilité politique, la paix et progrès économique dans la région Indo-Pacifique et Asie du Sud », a fait valoir la DSCA.

En outre, poursuit-elle, cette vente « améliorera la capacité de l’Inde à faire face aux menaces actuelles et futures des systèmes d’armes ennemis », soulignant qu’elle permettra également de « mener des missions de guerre antisurface en défense des voies maritimes critiques tout en améliorant l’interopérabilité avec les États-Unis et d’autres forces alliée. »

Étant donné que New Delhi a commandé des systèmes de défense aérienne S-400 auprès de la Russie, l’administration américaine aurait fort bien pu refuser une telle vente étant donné en vertu de la loi dite CAATSA [Countering America’s Adversaries Through Sanctions Act], laquelle prévoit en effet des sanctions contre tout pays qui achète des équipements militaires russes. Mais Washington entend compter sur l’Inde face à la Chine.

Par ailleurs, les P-8I Neptune indiens n’assurent pas que des missions de patrouille maritime… Ces appareils, mis en oeuvre par l’Indian Naval Air Squadron 312A, ont en effet été sollicités lors du face-à-face tendu ayant duré 73 jours entre les forces indiennes et chinoises sur le plateau stratégique de Doklam, en 2017.

« Le P-8I était la plateforme la plus puissante pour effectuer des missions de surveillance, que ce soit en mer ou en montagne. Cet avion diffusait des données en direct pour soutenir les prises de décisions lors de la confrontation à Doklam », a récemment confié un officier indien au quotidien Times of India.

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