Barkhane : L’épidémie de Covid-19 risque de retarder la relève des troupes récemment déployées au Sahel

Le 4 avril dernier, la ministre des Armées, Florence Parly, avait indiqué que les armées comptaient 600 cas déclarés de Covid-19 dans leurs rangs. Un chiffre supérieur de 50% par rapport à celui qui avait été donné une semaine plus tôt. Depuis, l’épidémie a encore progressé parmi les militaires.

Lors d’une audition en visioconférence réalisée par la commission sénatoriale des Affaires étrangères et des Forces armées, Mme Parly a communiqué des chiffres plus précis. Ainsi, au 10 avril, il y avait 369 cas de Covid-19 confirmés au sein des Armées, 867 cas « déclarés » et 3.800 cas « probables et possibles ».

Évidemment, et comme c’était à prévoir, l’épidémie de Covid-19 a des conséquences sur les opérations en cours. Bien qu’elle ne soit pas la seule en cause, elle a précipité le retour en France de la Task Force Monsabert, c’était à dire le pilier « formation » de la force Chammal déployé en Irak dans le cadre de la coalition anti-jihadiste dirigée par les États-Unis.

L’opération Corymbe, conduite dans le golfe de Guinée pour soutenir les pays de la région dans la sécurisation de leurs approches maritimes, a été suspendue. Une première depuis son lancement, en 1990. Ainsi, le patrouilleur de haut mer [PHM] « Lieutenant de Vasseau Le Hénaff », qui venait d’y être en engagé, a en effet mis le cas vers Brest.

La mission Foch a été écourtée de deux semaines, en raison de la présence de cinquante cas confirmés de Covid-19 à bord du porte-avions Charles de Gaulle. Quant à la mission Jeanne d’Arc, mobilisant le porte-hélicoptère amphibie [PHA] Mistral et la frégate Guépratte, son profil a été bouleversé par le lancement de l’opération Résilience, qui l’a détournée vers La Réunion et Mayotte. Même chose pour le PHA Dixmude, qui devant être déployé en Méditerranée orientale, se dirige actuellement vers la zone Antilles-Guyane.

En outre, les mesures prises par des pays où sont déployés des forces françaises compliquent les relèves, comme celle de la discrète « Task Force » Jaguar, qui met en oeuvre un radar Giraffe de l’armée de l’Air dans l’est de l’Arabie Saoudite. Cependant, au Liban, le transfert d’autorité de la Force Commander Reserve [FCR] au sein de la Force Intérimaire des Nations-Unies au Liban [FINUL], armée par la France, a pu avoir lieu le 12 mars dernier,.

En revanche, les choses s’annoncent compliquées pour la force Barkhane, où la relève d’une grande partie des troupes a été effectuée en février.

Ainsi, devant les sénateurs, Mme Parly a indiqué que le mandat des troupes actuellement engagées au Sahel « pourrait être prolongé d’un ou deux mois », alors que le rythme opérationnel de Barkhane ne faiblit pas, qui plus est dans des conditions éprouvantes. Le président de la commission sénatoriale des Affaires étrangères et des Forces armées, Christian Cambon, a expliqué qu’il s’agirait ainsi de « préparer en quarantaine le départ du prochain contingent » et d' »éviter à ceux qui sont en opération actuellement de se contaminer, car ils peuvent à ce stade vraisemblablement échapper à l’épidémie. »

Pour rappel, l’État-major des armées a fait état, la semaine passée, de 4 cas de Covid-19 au sein de Barkhane. « Tous les cas ‘contact’ ont été identifiés et placés en quatorzaine en zone dédiée », a précisé le colonel Barbry, sont porte-parole. Et d’assurer que « ces cas de contamination, de même que les dispositions prises pour préserver le personnel de la force n’ont pas d’impact sur les opérations, qui se poursuivent à un rythme soutenu. »

Au Sahel, le Burkina Faso est, pour le moment, le pays le plus touché par l’épidémie de Covid-19, avec 448 cas et 26 décès. Vient ensuite le Niger, avec 438 cas et 11 décès. Le Mali [87 cas] et le Tchad [11 cas] sont les moins affectés.

Quant aux autres pays africains où la France a une présence militaire, la Côte d’Ivoire compte 480 cas [et 1 décès au 5 avril]. En outre, 265 cas ont été détectés au Sénégal [avec 2 décès au 10 avril], 150 à Djibouti, 44 au Gabon et 8 en République centrafricaine.

Photo : Le GTD LOG « Chambure », dont les effectifs sont arrivés au Sahel en février (c) EMA

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