Un plot logistique détruit, plusieurs dizaines de jihadistes « neutralisés » : Barkhane ne lève pas le pied au Sahel

En raison de l’épidémie de Covid-19 et de la situation sécuritaire en Irak, les missions de formation jusqu’alors assurées par la Task Force Monsabert ont été suspendues. D’où la conduite de l’opération « Alphabet » qui a permis le rapatriement de 142 militaires français et de 300 m3 de fret depuis Bagdad lors de cinq rotations assurées par un A400M « Atlas ». La conséquence est que l’activité de la Force Chammal [nom de la participation française à la coalition anti-jihadiste dirigée par les États-Unis] a depuis été considérablement réduite. Y compris pour le volet aérien puisque, au cours de la semaine écoulée, seulement 11 sorties aériennes ont été effectuées par les Rafale et l’E-3F Awacs déployés au Levant.

En revanche, et dans le même temps, au Sahel, la force Barkhane a maintenu un rythme opérationnel soutenu, en particulier contre l’État islamique au Grand Sahara [EIGS], actif dans le Liptako-Gourma, c’est à dire la région dite des « trois frontières » car situées aux confins du Mali, du Burkina Faso et du Niger.

Lors de son « point de situation » du 2 avril dernier, l’État-major des armées [EMA] avait indiqué qu’une opération héliportée, menée le 29 mars par les commandos de Barkhane dans le Liptako malien, avait permis de détruire un « campement » terroriste, de mettre hors de combat « plusieurs terroristes » et de mettre la main sur de « nombreuses ressources », dont des armes et des munitions.

Quatre jours plus tard, les hélicoptères du groupement tactique désert aérocombat [GTD-A] et les commandos de Barkhane ont remis ça, dans le cadre d’une « opération d’ampleur » lancée à titre préventif, des terroristes « susceptibles d’agir » contre une garnison de la Force conjointe du F5 Sahel [FC-G5S] ayant été repérés dans la zone de Boulikessi [Gourma malien]. Et ces derniers auront été « neutralisés » avant de lancer l’attaque qu’ils projetaient probablement.

En effet, raconte l’EMA dans son dernier compte-rendu des opérations, « après avoir conduit une succession de manœuvres de harcèlement, les commandos du GTD-A ont découvert un plot logistique sur lequel ont été mis hors de combat plusieurs terroristes. Des motos et du matériel ont été saisis. D’autres membres de groupes armés terroristes ont également été interceptés » au cours de cette action.

Cela étant, l’activité aérienne aura été très intense au cours de ces derniers jours, avec pas moins de 6 frappes aériennes effecutées contre les groupes armés terroristes [GAT] présents dans la région des trois frontières. L’EMA évoque ainsi la « neutralisation de nombreux terroristes ».

Dans le Gourma malien, deux frappes ont été conduites, respectivement les 1er et 7 avril. Et à chaque fois, un drone MALE [Moyenne Altitude Longue Endurance] MQ-9 Reaper a été dans le coup.

La première frappe a été effectuée par une patrouille de Mirage 2000D, avec l’appui d’un MQ-9 Reaper. Elle « a permis la neutralisation de nombreux terroristes et la destruction de plusieurs motos, affaiblissant ainsi les capacités d’action de l’EIGS dans le nord du Gourma. » La seconde a été réalisée par un Reaper, près de Gossi. L’EMA n’en a pas donné le bilan.

Au Burkina Faso, un drone MALE a également été impliqué dans les deux frappes effectués lors de ces derniers jours. Dans le nord du pays, le 4 avril, un MQ-9 a en effet « permis la caractérisation de groupes armés terroristes puis la réalisation de frappes aériennes permettant la neutralisation de plusieurs terroristes », explique l’EMA. Trois jours plus tard, un nouvelle frappe a été assurée par une patrouille de Mirage 2000D, en coordination, une fois encore, avec le Reaper.

Enfin, deux autres frappes aériennes ont été conduites en coopération avec les Forces armées nigériennes [FAN]. Ainsi, le 5 avril, à la demande de ces dernières, et alors qu’une de leurs positions était attaquée à Banibangou, près de la frontière avec le Mali, Barkhane a engagé une patrouille de Mirage 2000D ainsi que deux hélicoptères d’attaque et de reconnaissance, dont un Tigre et une Gazelle. « L’intervention a permis la neutralisation d’une dizaine de terroristes et la destruction d’un pickup et de quatre motos », indique l’EMA.

Le lendemain, une seconde frappe a « neutralisé plusieurs membres » d’un GAT repéré le long de la frontière séparant le Mali du Niger par les forces nigériennes, dans le cadre de l’opération Almahaou.

« La très bonne coordination existant entre la force Barkhane et les forces armées nigériennes, qui avait notamment permis d’obtenir des résultats très significatifs durant l’opération MONCLAR, a ainsi rendu possible cette action qui s’inscrit dans la dynamique plus large de synchronisation des plans et de partage de l’information souhaitée entre la force Barkhane, la force conjointe du G5 Sahel ainsi que les armées nationales des pays du G5 Sahel », souligne l’EMA.

La semaine passée, les avions de Barkhane ont effectué 90 sorties, dont 30 missions « chasse », 26 « ISR » [renseignement et surveillance] et 34  » transport/ravitaillement ».

Cependant, pendant que Barkhane, les forces armées locales et la FC-G5S accentuent leurs efforts contre l’EIGS dans la région des trois frontières, le Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans [GSIM], lié à al-Qaïda, a visiblement les coudées plus franches dans d’autres régions du Mali, notamment dans celle de Gao.

En effet, le 6 avril, les Forces armées maliennes [FAMa] y ont été une nouvelle attaquées par des jihadistes, lesquels ont lancé l’assaut contre le camp militaire de Bamba. L’état-major malien a fait état de 25 soldats tués et de 6 blessés. « Côté ennemi, 8 corps ont été certifiés », a-t-il assuré. Trois semaines plus tôt, une attaque similaire et aussi meutrière, lancée contre la base de Tarkint, avait été revendiquée par le GSIM.

Photos : EMA

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