Le Tchad affirme que ses forces armées ont tué 1.000 jihadistes lors de l’opération « Colère de Bohoma »

Le 24 mars, alors qu’il se trouvait sur la presqu’île de Bohoma, dans la région du Lac Tchad, président tchadien, Idriss Déby Itno, était apparu très affecté. Et pour cause : la veille, 98 soldats avaient perdu la vie lors de l’attaque de leur garnison par des jihadistes, appartenant à Boko Haram ou à la Province de l’État islamique en Afrique de l’Ouest [ISWAP].

Mais l’abattement causé par ce cuisant revers pour une armée tchadienne passant pour être la plus aguerrie en Afrique a vite cédé la place à la détermination. « Je refuse cette défaite et la réplique doit être foudroyante », affirma M. Déby. D’où le lancement de l’offensive « Colère de Bohoma », laquelle vient de se terminer. Et c’est un président tchadien souriant qui est revenu à N’Djamena, le 9 avril, après avoir dirigé personnellement les opérations sur le terrain.

Le 4 avril, Idriss Déby avait déjà assuré que départements de Fouli et de Kaya, situés dans la province du Lac Tchad, frontalière avec le Niger et le Nigéria, avait été « nettoyés » de la présence de ceux qu’il appelle les « illuminés de Boko Haram ».

« Il n’y a pas un seul Boko Haram aujourd’hui au Tchad. Deux postes de commandement essentiels dans le lac Tchad ont donc été repris par nos forces et elles ont détruit sérieusement Boko Haram. Le peu qui reste sont soit rentrés au Niger, soit au Nigéria, soit au Cameroun. C’est fini pour ce qui concerne notre pays et il n’y a donc plus de terroristes maintenant », avait assuré M. Déby.

Pour autant, N’Djamena n’avait pas encore donné le bilan de l’opération « Colère de Bohoma ». « Nous sommes en train de recouper les informations de différents sites d’opération avant de [le] donner », avait expliqué Oumar Yaya Hissein, porte-parole du gouvernement tchadien, le 6 avril. C’est désormais chose faite.

Évidemment, il n’est pas possible de vérifier de manière indépendante des chiffres qui ont été annoncés par les autorités tchadiennes. Cependant, et même si ces dernières ont sans doute amplifié les pertes infligées à l’adversaire, le bilan qu’elles ont donné est éloquent.

Ainsi, le porte-parole de l’armée tchadienne, le colonel Azem Bermendoa Agouna, a annoncé que « 1.000 terroristes ont été tués » et que « 50 pirogues motorisés ont été détruites ». Et il n’a pas été fait état de prisonniers, ni des saisies d’armes effectuées [a priori importante, si l’on se fie au seules images diffusées sur les réseaux sociaux].

Visiblement, N’Djamena n’a pas fait de quartier, comme le suggère le récit d’une intervention de ses soldats au Niger, pour y « attaquer et déloger la nébuleuse Boko Haram de sa base nigérienne de Kindi-Midom », sous la direction du président Déby.

« Le chef suprême des armées, Idriss Déby Itno, a choisi de répondre par une mode opératoire qu’affectionnait la bande à Shekau [le chef de Boko Haram] en la surprenant vers 4h du matin. Cette fois-ci, les intrépides forces armées tchadiennes ont mobilisé des hommes par air et par voie fluviale pour porter l’estocade aux éléments de la secte terroriste », raconte un article plublié sur le site de la président tchadienne.

« C’est l’armée de l’air tchadienne qui a attaqué la première, la position de l’ennemi en brisant plusieurs hors-bords. La stratégie a été payante puisqu’elle a réduit de facto la chance aux ouailles de Shekau de s’enfuir à l’aide de leurs pirogues motorisées. Ensuite, […] les soldats de l’armée nationale tchadienne prennent les relais et font parler la poudre. Le combat a duré quelques heures et s’est étendu sur 2 km à la ronde. Tous les éléments de la secte Boko Haram se trouvant dans le secteur sont tués. Personne n’a pu s’échapper. Les cadavres sont visibles et éparpillés tout au long des théâtres des opérations ainsi que de nombreuses armes récupérées », poursuit le texte, accompagné d’une photographie montrant les dépouilles de deux jihadistes.

Cependant, le colonel Azem Bermendoa Agouna a indiqué que l’armée tchadienne avait perdu 52 soldats durant cette opération. Le nombre de blessés n’a pas été précisé.

Photo : Présidence tchadienne

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