Rostec a finalisé la modernisation du puissant canon automoteur russe 2S7M Malka de 203 mm
Actuellement, les canons de calibre de 155 mm sont les plus répandus au sein des unités d’artillerie. D’une portée de plusieurs dizaines de kilomètres, ils affichent une cadence de tir de 6 à 8 coups par minute. Et la tendance est de pouvoir assurer des tirs les plus précis possibles afin d’éviter les dommages collatéraux, en particulier en zone urbaine, et réduire l’empreinte logistique.
Cela étant, en Russie, une autre tendance ce dessine, avec le retour en grâce des systèmes d’artillerie de gros calibre. Par rapport aux canons de 155 mm, ces derniers affichent une cadence de tir relativement faible [de l’ordre d’un coup à la minute]. Mais cela est compensé par leur pouvoir destructeur.
Durant la Guerre Froide, l’Union sovétique avait développé 2S4 Tulpan, un engin de 30 tonnes armé d’un mortier de 240 mm [et d’une mitrailleuse de 7,62 mm en armement secondaire], pouvant tirer un projectile de 130 kg. Sa portée, en fonction de la munition utilisée, allait de 9 à 20 km.
Or, en novembre 2017, le ministère russe de la Défense a indiqué qu’il venait de recevoir ses premiers mortiers automoteurs 2S4 Turpan modernisés. Et de rappeler que ce système avait été conçu pour « éliminer les fortifications, les concentrations de soldats adverses et les blindés ».
« Les véhicules modernisés ont été équipés de systèmes de communication et de contrôle modernes », avait indiqué le minitère russe, sans donner plus de détails.
En revanche, la société Uraltransmash, filiale du conglomérat Rostec, a été moins avare en précisions, s’agissant de la modernisation du canon automoteur 2S7M « Malka », qui est le plus puissant au monde actuellement.
D’un calibre de 203 mm, ce système d’artillerie avait été mis en point dans les années 1970 sous l’appellation « 2S7 Pion ». Il prit le nom de « 2S7M « Malka » après avoir été modernisé durant les années 1980. Après l’effondrement de l’Union soviétique, ces engins furent mis en réserve. Du moins, pour la plupart d’entre-eux. Dans le même temps, les États-Unis retirèrent du service un engin similaire, à savoir le M110, également doté d’un canon de 203 mm, pour le remplacer par le le lance-roquettes multiples M270.
Selon Uraltransmash, la modernisation de ces 2S7M « Malka » a consisté à remplacer leurs composants jusqu’alors « importés » par d’autres fabriqués en Russie. Ainsi, ils ont reçu de nouvelles boîtes de vitesses tandis que leurs mécanismes de distribution et leurs blocs d’alimentation ont été changés. Des « appareils d’observation, des équipements d’interphone et une station de radio ont été mis à jour », affirme encore l’industriel.
En outre, la maniabilité, la mobilité et le contrôle des commandes ont été améliorés. Pour rappel, le canon de 203 mm est monté sur un châssis de char T-80. Et, jusqu’alors, il était doté d’un moteur V-84B développant 840 ch et lui permettant de rouler à 70 km/h. Quant à ses performances, il est en mesure de tirer plus de 2 coups à la minute, pour une portée efficace de 37 km.
« Lors des essais de roulage, les caractéristiques de mobilité, la fiabilité du châssis, la centrale et la transmission ont été vérifiées » et les « tests de tir » ont montré la « fiabilité des mécanismes de chargement, la résistance du canon 2A44 et la capacité de contrôler des feux », a avancé Uraltransmash, selon qui le premier 2S7M « Malka » ainsi modernisé attend d’être livré aux forces terrestres russes.
« Uraltransmash est prêt pour la modernisation en série du reste de l’inventaire des canons automoteurs Malka 2S7M », a fait valoir la filiale de Rostec.
Par ailleurs, un nouvel canon automoteur est en cours de développement. En effet, basé sur le châssis du char T-90, le 2S35 Koalitsiya-SV, serait en mesure de tirer jusqu’à 16 obus de 152 mm par minute, avec une portée de 80 km. Sa mise en service est prévue en 2022.
Photo : Uraltransmash