L’Inde aurait confirmé la commande d’une flotte logistique de cinq navires auprès de la Turquie

En juin 2019, parce qu’il avait soumis la proposition la moins coûteuse, le consortium turc TAIS [Turkish Associated International Shipyards], spécialiste de la construction navale, annonça avoir été retenu par l’Inde pour construire, en association avec Hindustan Shipyard Limited [HSL], cinq navires logistiques de 45.000 tonnes destinés à l’Indian Navy, pour un montant de 2,3 milliards de dollars.

« Nous avons remporté cet appel d’offres sur l’un des marchés les plus difficiles du monde face aux plus grands concurrents mondiaux grâce à nos capacités de conception, nos compétences techniques, notre détermination et notre courage. Nous avons prouvé au monde entier ce que le secteur privé turc peut faire », avait alors commenté Süalp Ürkmez, vice-président du conseil d’administration de TAIS et Pdg du chantier naval ADiK [Anadolu Shipyard].

Seulement, il restait encore à signer le contrat… Or, les commentaires du président turc, Recep Tayyip Erdogan, au sujet de la situation de l’État indien du Jammu-et-Cachemire, région qui, revendiquée par le Pakistan, a vu son autonomie être remise en cause par la révocation de l’article 370 de la Constitution indienne, ont été très mal perçus à New Delhi. Ce qui a fait traîner le dossier des navires logistiques, le processus d’acquisition ayant été interrompu en octobre.

Cela étant, selon le quotidien indien « The Economic Times« , le contrat a fini par être signé, sans tambour ni trompette, en février dernier… Alors même que le président turc venait de dénoncer les « massacres de musulmans » en Inde par les « hindous », en réaction à des violences intercommunautaires ayant fait une trentaine de morts à New Delhi. « Comment ces gens peuvent-ils contribuer à la paix mondiale? C’est impossible. Quand il s’agit de discours, ils disent ‘nous sommes forts’, car ils ont une forte population. Mais ce n’est pas ça, la force », avait insisté M. Erdogan.

A priori, explique The Economic Times, le chantier naval indien HSL a fait pression pour que ce contrat soit signé.

« Le ministère de la Défense avait ordonné à HSL de suspendre temporairement le projet compte tenu des récents développements diplomatiques avec la Turquie », rappelle ainsi le journal. Et ce dernier d’expliquer que les conséquences « juridiques et financières en cas d’annulation » pour le chantier naval indien l’ont conduit à changer son fusil d’épaule.

« Le contrat a été signé par HSL le mois dernier après l’approbation du ministère de la Défense. Celui des Affaires extérieures a également été consulté avant que la décision ne soit prise », ont en effet indiqué des sources proches du dossier au journal économique.

Reste que le choix d’un chantier naval turc pour ce programme, appelé FSV [pour Fleet Support Vessels] n’est pas forcément du goût de tout le monde à New Delhi… Tout simplement parce que la Turquie est aussi un fournisseur important de la marine pakistanaise [moderisation des sous-marins Agosta, livraison de quatre nouvelles corvettes, etc].

Aussi, le fait que les ingénieurs et les techniciens de TAIS puissent avoir accès aux installations d’Hindustan Shipyard Limited « pourrait entraîner de graves problèmes de sécurité », d’autant plus que la construction des navires logistiques devrait se faire non loin des installations réservées pour celle des sous-marins nucléaires de l’Indian Navy.

Qui plus est, le président Erdogan a régulièrement soulevé la question du Jammu-et-Cachemire au cours de ces derniers mois… Et il n’a jamais caché que la Turquie était du côté du Pakistan ans cette affaire.

Photo : TAIS

Conformément à l'article 38 de la Loi 78-17 du 6 janvier 1978 modifiée, vous disposez d'un droit d'accès, de modification, de rectification et de suppression des données vous concernant. [Voir les règles de confidentialité]