Le Bundestag donne son feu vert à l’étude d’architecture du futur char de combat franco-allemand

Avec une actualité dominée par le Covid-19, le feu vert de la commission du Budget de la chambre basse du Parlement allemand [Bundestag] au financement d’une étude de définition de l’architecture du MGCS [Main Ground Combat System], c’est à dire le futur char de combat franco-allemand a failli passer inaperçu sans la vigilance du quotidien Les Échos.

Ainsi, signale ce dernier, le 11 mars, les députés allemands ont donc débloqué les fonds nécessaires pour financer cette étude, tout en y mettant des conditions, comme d’ailleurs ils l’ont aussi fait pour le Système de combat aérien du futur [SCAF], un programme mené par la France, dans le cadre d’une coopération avec l’Allemagne et l’Espagne.

Pour rappel, outre-Rhin, le Bundestag a un droit de regard dès lors qu’un investissement envisagé par le gouvernement fédéral dépasse les 25 millions d’euros. Ce qui lui donne la possibilité de bloquer ou d’influencer un programme d’armement coûteux comme peuvent l’être le SCAF et le MGCS, le développement de ce dernier étant estimé à 750 millions d’euros d’ici 2027.

Tant pour le SCAF que pour le MGCS, les députés allemands estiment qu’une part trop belle serait faite à l’industrie française, aux dépens de celle d’outre-Rhin. D’où les conditions qu’ils imposent pour continuer leur soutien à ces programmes majeurs.

Dans le cas du MGCS, explique le journal Les Échos, les membres de la commission du Budget au Bundestag ont exigé la remise d’un rapport du gouvernement « sur la consolidation de l’industrie de l’armement terrestre allemand » d’ici le 17 juin prochain. En outre, certains d’entre-eux, membres de la CDU/CSU [le parti chrétien-démocrate dont est issue la chancelière Angela Merkel, ndlr] craignent que la direction de ce programme finisse par revenir à la France [alors qu’il est conduit par le Baimww, c’est à dire la DGA allemande, ndlr] étant donné le manque de mobilisation du gouvernement fédéral en faveur de ce char de combat du futur.

En attendant, l’enveloppe qui a été débloquée permettra de financer les études de concept pendant deux ans. À l’issue de cette phase, il s’agira de mettre au point des démonstrateurs. Quant au partage industriel, la tentative de Rheinmetall de faire main basse sur Krauss-Maffei Wegmann [KMW], engagé dans la co-entreprise KNDS avec le français Nexter Systems, a compliqué les choses.

En effet, une prise de contrôle de KMW par Rheinmetall aurait déséquilibré KNDS aux dépens de Nexter Systems et remis en cause, par conséquent, la règle des « 50-50 » définie initialement par Paris et Berlin.

En octobre, une solution pour contenter tout le monde a été trouvée. Ainsi, pour qu’il y ait un partage équitable de la charge de travail, l’étude d’architecture a été divisée en neuf lots qui seront attribués à parts égales entre les industriels concernés.

Quoi qu’il en soit, l’objectif du programme MGCS est de mettre au point un « système de systèmes », dans lequel cohabiteront des plateformes habitées et inhabitées. D’où l’importance de l’étude d’architecture pour mettre tout cela en musique.

En outre, souligne le ministère allemand de la Défense, l’actuel char Leopard 2, « qui contribue de manière significative à la défense du pays et de l’Otan » ne pourra pas être modernisé indéfiniment. Tout comme, d’ailleurs, le Leclerc en France. Aussi, le MGCS est crucial pour la Bundeswehr et surtout l’industrie allemande, dans la mesure où il « a le potentiel de devenir le plus grand projet européen de défense terrestre » et que de nombreux pays du Vieux Continent auront à remplacer leurs chars de combat d’ici 2035/2040. Ainsi, le marché européen est estimé à 100 milliards d’euros.

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