La marine chinoise veut un avion d’entraînement embarqué pour former plus efficacement ses pilotes
Avec désormais deux porte-avions en service [les CNS Liaoning et CNS Shandong] et un troisième en cours de construction, dont la configuration sera différentes des premiers, la composante navale de l’Armée populaire de libération [APL] doit faire un effort particulier pour recruter des pilotes de chasse embarqués… puis ensuite les former.
Or, pour cela, elle dispose notamment d’avions d’entraînement JL-9 « Shanying », lesquels n’ont pas été conçus pour opérer depuis le pont d’un porte-avions. Mais cela pourrait changer, à en croire le quotidien « Global Times », qui suit la ligne du Parti communiste chinois.
En effet, le journal a récemment évoqué des « documents promotionnels » qui, diffusés par Guizhou Aviation Industry Corporation [GAIC] sur les réseaux sociaux, ont suggéré qu’une version navale du JL-9 était en cours de développement.
Et, dans le même temps, l’industriel a assuré de sa détermination à « remporter une nouvelle victoire dans le développement et la production d’une version navale du [JL-9] ‘Shanying' ».
Le Global Times a fait valoir que, en raison des ambitions aéronavales de Pékin, la marine chinoise a besoin de former davantage de pilotes de la façon la plus efficace possible. Ce qui passerait donc par l’acquisition d’un avion d’entraînement embarqué. Ce qui ferait gagner du temps… et de l’expérience, toujours précieuse.
Actuellement, la formation des futurs pilotes de la chasse embarquée chinoise se fait sur des tremplins et des maquettes de pont à l’échelle 1:1. En clair, les conditions dans lesquelles ils s’entraînent n’ont rien à voir avec celles qu’ils rencontreront en mer. Outre les difficultés liées à la météorologie, ce genre d’exercice doit prendre plusieurs paramètres liées aux mouvement du porte-avions, comme le pilonnement, le tangage ou encore le roulis.
Propulsé par un réacteur Guizhou Liyang WP-13F, le JL-9 « Shanying » peut voler à la vitesse maximale de 1.100 km/h, à une altitude de 16.000 mètres. Pour supporter des facteurs de charges de +8/-3 G, il a besoin de 400 à 500 mètres pour décoller et de 700 mètres pour atterrir, le tout avec une vitesse de décrochage de 125 km/h.
Aussi, il ne suffira pas de lui ajouter une crosse d’appontage pour qu’il soit en mesure d’opérer depuis un porte-avions. Il faudra renforcer ses structures et revoir sans doute sa motorisation. Et la co-existence à venir de deux types de porte-avions différents [les deux premiers sont en configuration STOBAR, c’est à dire dotés d’un plan incliné, quand le troisième sera en configuration CATOBAR, avec des catapultes et des brins d’arrêt] pourrait compliquer la donne.
Ce qui n’est pas impossible : cela avait été fait en France avec le Fouga CM-175 Zéphyr, qui a permis la formation des pilotes de la Marine nationale pendant près de 40 ans. Cet appareil était en réalité un Fouga CM-170 Magister, auquel il avait été ajouté un crosse d’appontage ainsi que deux crocs de catapultage et dont la structure et le train d’atterrissage avaient été renforcés [avec un surgonflage de l’amortisseur avant].
Cela étant, rien ne dit qu’une version navale du JL-9 sera retenu par la marine chinoise. Le Global Times rappelle en effet qu’un autre avion d’entraînement, le Hondgu JL-10, pourrait être un concurrent. Bimoteur, cet appareil dispose en effet d’une avionique plus moderne affiche de meilleures performances.