Mission Foch : Quand un sous-marin désigne une cible aux Rafale Marine du porte-avions Charles de Gaulle
Un sous-marin nucléaire d’attaque [SNA] fait obligatoirement partie de l’escorte accompagnant le porte-avions Charles de Gaulle quand ce dernier est en mission. Ce type de navire est en effet nécessaire à un groupe aéronaval [GAN] pour contrer les éventuelles menaces sous-marines, voire, comme l’a montré l’opération Trident, menée lors de l’intervention de l’Otan au Kosovo en 1999, pour dissuader une force navale adverse de sortir de sa base navale.
Une autre mission qui revient à un SNA est de surveiller les approches maritimes quand le GAN fait relâche dans un port. Comme cela s’est produit quand le porte-avions Charles de Gaulle et son escorte [Task Force 473] ont fait une escale de deux jours à Brest, la semaine passée.
Cependant, avec les capteurs qu’il met en oeuvre, un SNA peut aussi avoir un rôle plus « offensif », comme en témoigne l’exercice de type « linkex » auquel s’est livré le GAN, le 17 mars dernier. En quelque sorte, il s’est agi de mettre en pratique ce que l’on appelle la « veille coopérative navale », qui, schématiquement, consiste à mettre en réseau tous les moyens d’une force navale afin d’accroître le partage d’informations en vue de démultiplier ses effets.
Par exemple, si un navire détecte une menace ou une cible à « traiter », il enverra les renseignements nécessaires au bâtiment le mieux placé pour la neutraliser. C’est ce qu’a donc fait le SNA affecté à la protection du porte-avions Charles de Gaulle mais… avec des Rafale Marine. Mais indirectement.
Ainsi, relate l’État-major des armées [EMA] dans son dernier compte-rendu des opérations, grâce à ses capteurs, le SNA a d’abord repéré et identifié une « menace fictive ». Puis, il est revenu à l’immersion périscopique pour transmettre les informations nécessaires à l’avion de guet aérien E-2C Hawkeye alors en mission à 150 nautiques du sous-marin, via la liaison de données tactiques L-11.
Cette dernière permet en effet des échanges automatiques de données entre des unités de surface, aériennes et sous-marines en temps réel, généralement en gamme HF, qui a cependant le défaut d’avoir un faible débit.
« Capable de suivre plus de 1.500 pistes et de transmettre cette information à une portée de près de 200 nautiques, le Hawkeye a joué pleinement son rôle de contrôleur en relayant les informations recueillies aux Rafale Marine qui se sont ensuite rendus, depuis le porte-avions Charles de Gaulle, sur l’objectif identifié par le sous-marin », explique l’EMA. Et ce dernier de souligner que « cette formidable agrégation de moyens fait du GAN un outil puissant et efficace, démultiplicateur de capacités, disposant d’une appréciation autonome de situation et d’intervention rapide, proportionnée et graduée. »
Cela étant, l’idéal serait de permettre à un sous-marin en plongée de communiquer directement avec un avion, l’immersion périscopique pouvant trahir sa présence. Sur ce point, le Massachusetts Institute of Technology [MIT] a sans doute trouvé une solution avec le « Translational Acoustic-RF communication » [TARF], lequel consiste à faire envoyer à sous-marin un signal codé en langage binaire [0 ou 1] par un sonar. Les vibrations ainsi envoyées seraient captées à la surface par un radar très sensible.