La police allemande suspecte un acte de sabotage sur une ligne de chemin de fer; La piste terroriste évoquée

L’Allemagne n’est pas passée loin d’une catastrophe ferroviaire majeure. En effet, le 20 mars, le conducteur d’un train ICE [InterCityExpress] de la Deutsche Bahn [DB], l’entreprise allemande de chemin de fer, a signalé une anomalie lors du passage de son train à grande vitesse sur le pont à poutres de 484 mètres de long [et 50 mètres de haut à son point le plus élevé] qui emjambe la vallée de Theißtal, près de Niedernhausen, entre Cologne et Francfort.

Envoyés sur place, les employés de la DB ont constaté que les boulons permettant de réunir les rails avaient été desserrés sur 80 mètres. De quoi provoquer, à la longue, le déraillement d’un train, puis sa chute du pont. Le trafic a été immédiatement interrompu.

Des sources sécuritaires ont parlé d’un « incident grave », rapporte l’hebdomadaire allemand Der Spiegel. « Ce n’était pas une farce stupide », ont affirmé les enquêteurs de la police criminelle de Hesse à la presse. En outre, la longueur de la ligne affectée par cet acte de sabotage suggère que plusieurs individus ont été à l’oeuvre pour desserrer les boulons.

« Il y a eu des dommages sur la ligne de chemin de fer. […] Puisque les recherches sont actuellement menées dans toutes les directions, une éventuelle tentative d’attentat ne peut être exclue, a expliqué une porte-parole de la police locale.

Pour le moment, le parquet fédéral de Karlsruhe, compétent pour les affaires de terrorisme, ne s’est pas saisi de cette affaire.

Reste que, pour desserrer les boulons d’une ligne de chemin de fer, il faut un outil spécifique que l’on ne trouve pas dans la première quincaillerie venue.

En 2017, dans sa revue en ligne Inspire, al-Qaïda dans la péninsule arabique [AQPA] avait appelé ses sympathisant à s’en prendre au transport ferroviaire en Europe et aux États-Unis. Et l’organisation détailla trois modes opératoires possibles : l’attaque à l’intérieur d’un train [comme celle, avortée, dans le Thalys, en 2015], l’assaut d’une gare [comme à Madrid en 2004] et… le sabotage des rails.

Pour AQPA, le troisième mode était surtout à privilégier car il n’exigeait pas le « martyr » et qu’il pouvait donc être reproduit. En outre, il paraissait plus facile, étant donné qu’il est impossible de surveiller l’ensemble d’un réseau ferré. Enfin, des telles actions ne pouvaient qu’avoir des conséquences économiques pour le pays visé, à l’image de ce qu’il s’était passé pour le transport aérien après le 11 septembre 2001.

Pour cela, le groupe terroriste avait donné aux lecteurs d’Inspire des instructions pour construire un dispositif similaire à « l’outil industriel » qu’utilise le personnel technique chargé de l’entretien des voies de chemins de fer.

Par ailleurs, le rail allemand a déjà été la cible de tentatives d’attaque. En octobre 2018, rappelle Der Spiegel, des câbles en acier tendus sur une voie ferrée avaient failli faire dérailler un train entre Nuremberg et Munich. Même chose, quelques semaines, plus tard, à Berlin. En mars 2019, un ressortissant irakien, Qaeser A., accusé dde sympathies à l’égard de l’État islamique [EI], avait été arrêté en Autriche dans le cadre de cette affaire.

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