L’agence de l’innovation de Défense cherche des solutions innovantes contre l’épidémie de Covid-19

Dans la « guerre » contre l’épidémie de Covid-19, la mise au point d’une « arme » pouvant éliminer le SARS-CoV-2 chez les personnes malades est évidemment essentielle. Directeur de l’Institut hospitalo-universitaire [IHU] Méditerranée Infection de Marseille et membre du conseil scientifique dédié au coronavirus, le professeur Didier Raoult a, avec ses équipes, réalisé des tests prometteurs reposant sur l’usage de l’hydroxychloroquine [un anti-paludique] associé à l’azithromycine, un antibiotique prescrit contre la pneumonie bactérienne.

Des essais complémentaires sont en cours pour valider les résultats obtenus par l’équipe du professeur Raoult. Aux États-Unis, le président Trump a indiqué que le même type de traitement avait déjà été approuvé, estimant qu’il pouvait « changer la donne ». Cependant la Food and Drugs Admistration [FDA] a nuancé l’annonce de la Maison Blanche en expliquant qu’elle souhaitait mettre en place un « essai clinique étendu et pragmatique pour recueillir ces informations et répondre à toutes les questions qui se posent. »

Cela étant, l’élaboration d’un remède efficace [voire, à plus long terme, d’un vaccin] contre un virus nouveau est une chose. Mais la lutte contre l’épidémie passe par d’autres mesures et solutions. Comme pour la guerre, des stratégies sont élaborées et mises en oeuvre. Avec, pour le moment, des fortunes diverses selon les pays.

Cependant, et comme l’a d’ailleurs souligné le professeur Raoult, le cas sud-coréen est exemplaire dans la mesure où Séoul a apporté une « réponse technologique » à la progession de l’épidémie. Deuxième pays le plus touché après la Chine, la Corée du Sud connaît désormais un nombre extrêmement limité de nouveaux malades infectés par le SARS-CoV-2, ce qui est loin d’être le cas en Europe.

Pour cela, comme le souligne le quotidien South Morning China Post [SMCP], la Corée du Sud « a été « proactive en fournissant à ses citoyens les informations nécessaires pour assurer leur sécurité, notamment en organisant des points de presse deux fois par jour et en envoyant des alertes d’urgence par téléphone portable aux personnes vivant ou travaillant dans les districts où de nouveaux cas ont été confirmés. »

Si la nécessité de maintenir une bonne hygiène a fait évidemment partie des recommandations données à la population, Séoul a mis en place des solutions innovantes ayant permis de généraliser les tests Covid-19 [plus un patient est détecté tôt, moins il peut contaminer les autres] et déployé des applications informatiques ainsi que, relève le SMCP, des « caméras de surveillance omniprésentes pour suivre les sources d’infection, en identifiant les mouvements des cas confirmés sur la base de leurs transactions par carte de crédit et du suivi des téléphones portables, et en divulguant ces informations pour aider à retrouver ceux qui ont pu entrer en contact avec eux. »

Aussi, le cas de la Corée du Sud a de quoi donner matière à réfléchir. D’où l’appel à projets lancé par l’Agence de l’Innovation de Défense [AID] du ministère des Armées, dans le cadre du plan gouvernemental de lutte contre le COVID-19.

L’objectif de cet appel est de trouver des solutions innovantes pouvant être très rapidement mises en oeuvre afin de « protéger la population, soutenir la prise en charge des malades, tester la population, surveiller l’évolution de la maladie au niveau individuel et l’évolution de la pandémie, ou aider à limiter les contraintes pendant la période de crise. »

Ces solutions que souhaite trouver l’AID peuvent être d’ordre « technologique, organisationnel, managérial ou d’adaptation de processus industriels. » En outre, elles devront être « facilement et rapidement reproductibles et s’appliquer à l’échelle de l’ensemble du territoire national dans l’enveloppe budgétaire définie », qui est de 10 millions d’euros.

« Pour permettre le soutien d’un maximum de projets prometteurs, sauf exceptions dûment justifiées, les projets retenus par cet appel à projets ne seront pas cumulables avec les financements flash mis en place par l’UE [Union européenne] ou l’ANR [Agence nationale de la recherche], précise l’AID.

Au moins 14 domaines ont été identifiés dans cet appel à projets, dont : les « protections individuelles ou collectives », la « gestion à distance de sécurité entre individus, l’automatisation de tâches pour le prélèvement, le nettoyage du matériel ou des salles, la facilitation du déploiement d’hôpitaux de campagne, la gestion de crise, la production de nouvelles solutions de décontamination, la capacité de production en masse de solutions de décontamination, le soutien à la prise en charge médicale, la détection du virus dans l’environnement, le dépistage massif [et participatif], la gestion de l’impact psychologique, les facteurs de limitation des déplacements, et, enfin l’amélioration du travail à distance et de la vie en isolement.

Par ailleurs, l’AID indique qu’elle n’est pas seulement intéressée par des technologies forcément nouvelles. « Le caractère innovant des propositions pourra consister à réorienter des technologies ou des processus industriels existants [par exemple détourner une usine de production de parfum pour en faire du gel hydroalcoolique] », explique-t-elle.

Et toutes les solutions, pour peu qu’elles ne soient pas en cours de maturation, sont susceptibles d’intéresser l’AID. Et cela, d’où qu’elles viennent [universités, PME, ETI, grands groupes, etc]. Et les propositions internes des personnels civils et militaires du ministère des Armées sont également les « bienvenues ».

Les propositions, « attendues et évaluées au fil de l’eau jusqu’au 12 avril 2020 » seront examinées par un comité d’évaluation impliquant différents experts du ministère des Armées selon trois critères [impact, crédibilité et calendrier de mise en oeuvre]. « Le choix de financer une proposition est fondé sur les résultats d’évaluation, sur le coût de chaque proposition vis-à-vis du budget disponible et sur des considérations d’ordre stratégique pour la personne publique », explique l’AID.

Plus : Appel à projets de solutions innovantes pour lutter contre le COVID-19, lancé par l’Agence de l’Innovation de Défense. En outre, les propositions émises par les opérateurs économiques (personnes morales) doivent être déposées ici et celles émises par le personnel du ministère des Armées ici.

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